Analyse

Vote électronique : les jeunes voteront-ils plus?

 

La chancellerie fédérale constate qu’en Suisse, le taux de participation aux votations des jeunes adultes est bas, ce qui préoccupe le gouvernement. En effet, une partie considérable des questions soulevées par les votations impliquent bien évidemment des conséquences pour le futur de cette même génération et de celles à venir.

Ce manque de participation est d’autant plus inquiétant qu’elle est fondamentale dans le cadre de la démocratie directe qui régit la Suisse. Sans un nombre important de votes, les décisions politiques deviennent en quelque sorte illégitimes, et sans la participation d’une proportion définie de la population, elles le sont encore plus. Les lois se voient finalement acceptées ou refusées par la population des tranches d’âges plus élevées et plus actives au niveau politique, celles-ci dessinant ainsi le visage de la Suisse, un visage pas tout à fait à l’image de sa diversité et de la complexité de son caractère.

La question de la participation politique des suisses, et des jeunes suisses en particulier, semble donc prépondérante pour l’avenir du système politique et afin d’y remédier, le gouvernement propose notamment d’adapter les moyens de communication à la jeune génération, de rendre plus compréhensible la documentation accompagnant les textes de lois (qui ne l’est pas toujours) et de promouvoir le vote électronique.

Ce dernier n’est en effet établi que dans quelques cantons malgré la période d’essai concluant qui dure depuis plus de dix ans et reste un sujet à controverse. On évoque un manque de sécurité, les problèmes techniques éventuels, l’irrégularité potentielle des votes, la perte de la symbolique ou de l’importance du geste et bien d’autres motifs. Mais le problème qui nous concerne est moins la valeur du vote  électronique que de savoir si celui-ci serait capable de faire augmenter le taux de participation des jeunes aux votations et élections suisses.

Après avoir interrogé une cinquantaine de jeunes suisses* (ce qui est bien évidemment peu pour pouvoir indiquer une tendance généralisée dans le pays, mais qui toutefois peut éclairer notre question) il semblerait que les facteurs qui les empêche le plus de voter soient le manque d’information sur le sujet des votations et le fait que certains ne se sentent pas toujours concernés par les diverses questions politiques qui s’y présentent. L’incompréhension des textes de lois et de la documentation annexe est également un des trois critères les plus évoqués concernant l’abstention au vote.

Or, les problèmes d’incompréhension et d’engagement cités ici ne peuvent être résolus par l’introduction d’un nouveau moyen de vote systématique. Mais il faudrait améliorer le système par plus d’information sur les thèmes politiques traités qui mènerait à leur compréhension et, par la suite, à l’évaluation de leurs enjeux.

Parmi les jeunes les plus impliqués au niveau politique (déclarant voter entre 8 et 10 fois sur 10) et les moins (ou pas) impliqués (déclarant voter entre 0 et 4 fois sur 10) on constate que la proportion des jeunes qui affirmaient que leurs nombres de votes seraient augmentés par la possibilité de voter grâce à internet est quasiment égale à la proportion affirmant que le vote par internet ne modifierait pas leur comportement électoral. On assiste donc à quatre cas de figures répartis de façon assez équilibrée :

  • les jeunes qui votent beaucoup et que le vote électronique n’intéresse pas
  • les jeunes qui votent beaucoup et qui éviteraient d’oublier de voter quelques fois ou qui le feraient plus simplement grâce au vote électronique
  • les jeunes qui votent peu ou pas et qui penseraient voter plus sans la contrainte du déplacement au  bureau de vote ou à la poste, etc.
  • les jeunes qui votent peu ou pas et ne voteraient pas plus grâce à internet

On en déduit logiquement que le vote électronique est utile aux jeunes qui ont rarement, parfois ou souvent l’intention de voter et qui en sont empêchés par certaines circonstances. Ainsi il n’incitera pas ceux qui ne votent pas par manque d’intérêt ou de compréhension du sujet à voter plus, s’il n’est pas accompagné d’un projet d’information plus clair.

L’augmentation de l’implication des jeunes à la suite de l’introduction systématique du vote électronique semble possible mais non garantie à ce jour, bien qu’elle semblerait logique en rapport à la vie et aux moyens de communications actuels. Malgré les coups de mise en place, on peut tout de même croire qu’investir à plus large échelle dans le vote électronique serait utile pour les nouvelles générations suisses aux vues de la tendance mondiale qui favorise l’utilisation des moyens de communication rapides et efficaces comme internet.

DearL

* 49 jeunes entre 18 et 24 ans, de différents cantons et différentes formations, interrogés par l’intermédiaire de réseaux sociaux, 42 réponses complètes et utilisées.

 

Analyse

Le Club Bilderberg : Quand les esprits les plus influents de la planète se rencontrent… dans le plus profond silence !

Le club de Bilderberg, au nom de l’hôtel qui accueilli la première réunion en 1954, est une organisation qui rassemble environ 130 des personnalités les plus influentes et les plus puissantes du monde occidentale. Cette année, c’est dans les montagnes des Grisons que la réunion a eu lieu. Afin de souligner le pouvoir d’une telle organisation il faut s’intéresser aux participants, qu’on nomme parfois les « Bilderbergers ». Cette année par exemple, les patrons des plus grandes entreprises suisses étaient présents. A l’image d’Eric Schmid (Google), Peter Brabeck (Nestlé), ou encore Daniel Vasella (Novartis). Du coté du monde de la finance ce sont les patrons des plus puissantes banques privées ainsi que les présidents du FMI et de la Banque mondiale qui sont régulièrement invités à la réunion. Le club Bilderberg a aussi compté parmi ses membres des chefs d’État et autres ministres. On peut encore noter la présence de membres des familles royales ; d’Angleterre, des Pays-Bas, d’Espagne et de Belgique.

En réunissant une assemblée si importante,  il est légitime de s’interroger sur les sujets abordés par les participants, ainsi que le but de cette organisation. Le fait est que les sujets au cours de la conférence sont tenu secret, des fuites sont impossibles, et les curieux sont priés, et parfois de force,  de quitter le périmètre où se déroule la réunion. Alors faut-il avoir peur de Bilderberg? Les membres du groupe sont-ils les maîtres du monde? Etablissent-ils le nouvel ordre mondial, en exerçant sur nous un pouvoir invisible?

Si selon le Conseil Fédéral, le club de Bilderberg n’est qu’un « forum d’échange sur les principaux sujets d’actualité dans les domaines les plus divers… au cours duquel, il ne s’agit pas de négociations, mais de discussions qui permettent et favorisent une mise en réseau des idées et des personnes ». Certains groupes d’activistes n’y voient ni plus ni moins qu’un complot universel qui tenterait de prendre le pouvoir sans contrôle démocratique. D’autres accusent les membres du club, d’être les francs-maçons modernes ou les illuminati du 21eme siècle. Il est vrai que par son influence, ce groupe pourrait potentiellement prendre le contrôle.

Cependant, on peut penser qu’il est inutile de s’inquiéter et fabuler sur des scénarii trop extravagants. En revanche, ce qui fait plus peur, pour tous les défenseurs de la transparence des médias, c’est la non-médiatisation d’une telle rencontre. En effet, seulement une cinquantaine d’activistes avaient fait le déplacement cette année pour s’indigner contre le club de Bilderberg. Pourquoi et comment le Club fait-il pour rester si discret ? C’est précisément parce qu’il compte parmi ces membres… des journalistes. Ces professionnelles des médias ne viennent pas pour exercer leur profession. Au contraire, ils doivent taire l’événement. Chose admirablement réussit, puisqu’on ne peut lire quasiment aucun article concernant le club Bilderberg dans les plus grands journaux. Ou du moins, ceux-ci restent discrets.

Bien que la discrétion de l’événement me paraisse scandaleuse, et malgré le fait qu’une minorité puisse par un processus  illégitime dominer la majorité, je ne pense pas que cela constitue une réelle menace. De tout temps, la hiérarchisation sociale c’est exercé parmi les peuples. Pour que 130 individus prennent possession du monde il leur faudrait un intérêt commun ou du moins une croyance commune. Je vois mal 130 personnes discuter communément du monde de demain. Les antis Bilderberg accusent les participants  de dessiner les frontières futures ou encore de décider les guerres à venir. Or, chacun pense avant tout à son propre intérêt. De ce fait, je vois mal de quoi pourraient parler 130 richissimes et influentes personnes si ce n’est de leurs propres intérêts. De plus, il est impossible de diriger un navire sans connaitre son fonctionnement. Il en va de même pour la société. Du fait que la société, de part sa complexité, soit rendu incompréhensible dans son ensemble, on voit mal comment on pourrait la dirigé totalement, jusqu’à se jouer d’elle.

Finalement, même s’il serait absurde de nier le fait que ces puissantes personnes n’ont aucune influence sur nos modes de vies, et de consommations. Il faut savoir relativiser, pour ainsi constater qu’elles aussi ne sont que des âmes emprisonnées dans un système rendu incompréhensible. Le monde est un vaste champ, dans lequel chacun tente de manipuler l’autre. Et même lorsqu’un groupe domine l’autre, celui-ci n’en reste pas moins frustré lorsqu’il constate qu’il n’a pas toutes les cartes en main. Qu’il n’est et ne sera jamais le maître du jeu. Au mieux, (et les cinéphiles me comprendront très bien)  ils ne formeront qu’une « matrice dans la matrice ». Mais jamais l’homme ne pourra totalement contrôler ses semblables. Il restera toujours chez l’homme une part incontrôlable d’intuition et de hasard que seul le véritable maître du jeu peut régir. Même si personnellement, je suis quasiment certain que le véritable maitre du jeu n’est pas un homme… j’attends tout de même une invitation du club pour en avoir le cœur net.

RoSa.