Eclairage

Le pouvoir des turbosiestes

Le principe des turbosiestes est simple : au travail, dans le bus ou simplement dans son lit, il suffit de 15 minutes au maximum. Surtout pas plus, auquel cas le réveil risquerait d’être difficile et vous ressentiriez un engourdissement certain. C’est un petit investissement en temps, sachant que c’est suffisant pour donner la pêche nécessaire à finir la journée. Des habitués arrivent même à atteindre un sommeil profond en ce court laps de temps. Certaines entreprises, Google et le grand en matière de crèmes glacées Ben & Jerry’s, pour ne citer qu’elles, encouragent même leurs employés à se reposer en cours de journée en mettant à disposition des chambres spéciales pour la sieste. C’est connu, un individu qui se sent reposé et en forme est bien plus efficace.

Nous savons aujourd’hui que pour être bien, nous avons besoin d’en moyenne 7 heures de sommeil quotidiennes. A en croire de récentes études, lorsque nous avons trop de sommeil en retard, le cerveau se met en pause, bien que nous restions éveillés. Ceci expliquerait, entre autre, l’incapacité à faire de grands efforts sous l’emprise de la fatigue et le manque de motivation. Alors que ces études montrent l’importance du sommeil pour le bon fonctionnement du corps, d’autres montrent son influence positive sur la mémoire et l’apprentissage. Il est donc essentiel de s’octroyer des moments de détente et de repos. Commençons par écouter notre corps. Lorsque nous sommes à bout, il est inutile de se forcer car nous risquerions juste d’agir dans le vide, l’efficacité se nourrissant d’énergie !

Heureusement, de nos jours tout est mis en place pour nous faciliter la vie. Il existe ainsi beaucoup d’aides à l’endormissement ou à l’éveil. Différentes sortes de réveils ont été créés.Certains, équipés de détecteurs de mouvements repèrent les cycles de sommeil et, dans une période de 30 minutes désignées, nous réveillent au moment où notre sommeil est le plus léger. D’autres ont pour sonneries divers bruits de la nature afin de nous réveiller en douceur ; chants d’oiseaux, clapotis maritimes et bruissements de forêts tropicales. Finalement, il existe aussi différentes pistes audio constituées de battements binauraux, déjà connus dans la méditation.

Le BPA, Bureau de Prévention des Accidents a récemment lancé toute une campagne publicitaire sur le thème des turbosiestes, afin de sensibiliser les conducteurs aux dangers de la route lorsqu’ils sont fatigués. Attestant que la fatigue est à la base de 10 à 20 % des accidents, il sensibilise les usagers de la route à ces risques et conseillent une turbosieste de 15 minutes avant de reprendre la route, en n’oubliant pas bien sûr d’éteindre le moteur et de sortir la clé, précise-il. Entre spots TV et panneaux publicitaires, cette organisation a tout misé sur la sieste. Des images qui… nous font bâiller !

S.H.

Enquête

Power Balance : bracelet magique ou arnaque?

 

Et si un bracelet avait le pouvoir de nous rendre plus énergique et d’améliorer notre équilibre, force et souplesse ? C’est ce que prétendait l’entreprise Power Balance : « C’est une nouvelle technologie qui agit principalement avec le champ énergétique naturel du corps humain. Le bien-être d’un individu est directement lié à une circulation naturelle de l’énergie dans son organisme. Ces produits recèlent des hologrammes, imprimés sur un film en Mylar, qui ont pour objectif d’entrer en harmonie avec les énergies issues du corps humain. ». A la lecture de cette explication fournie par la marque, on n’y croit pas plus qu’à la potion magique de Panoramix. Pourtant l’entreprise a réussi à en vendre des milliers à travers le monde.

Recette pour une arnaque bien montée


Si vous aussi, vous aimeriez vous faire de l’argent sur la crédulité des gens, suivez la méthode Power Balance ! Premièrement, trouvez un point qui touche tout le monde et que chacun aimerait améliorer. Le bien-être et les énergies humaines en sont des bons exemples. Créez ensuite un concept qui ait l’air scientifique et expliquez-le avec des termes du jargon tels que « fréquences », « ondes » ou « hologrammes ». Pour finir, intégrez cette pseudo-technologie à un objet à la mode qui se voit et se porte facilement, en l’occurrence un bracelet.

Comme cela ne permet pas encore à les commercialiser en masse, publiez alors des vidéos sur internet prouvant leur efficacité à travers de tests trompeurs mais convaincants. Celles-ci ne doivent pas avoir l’air trop professionnelles ni publicitaires, préférez des tests amateurs afin que tout le monde puisse les reproduire chez eux. Faites en sorte que des sportifs de haut niveau en portent régulièrement, de préférence lors de grands rendez-vous tels que la Coupe du Monde de football ou le Tour de France. Tout cela créera le buzz et légitimera le produit aux yeux des consommateurs.

Avec tous ces ingrédients, le client est prêt à y croire. Vous n’avez alors plus qu’à parier sur l’effet placebo ! Certaines personnes ressentiront une véritable différence, non pas grâce à la technologie de votre produit mais bien grâce aux étonnantes capacités de leur cerveau. Maintenant la touche finale, faites les construire pour 1 dollar en Chine et vous pourrez désormais vendre un produit 60 fois plus cher que son coût de fabrication !

Cependant, ne faites pas la même erreur que l’entreprise Power Balance : fuyez et changez d’identité avant que l’arnaque se fasse remarquer !

Débat puis… faillite.

Effectivement, tout ne s’est pas passé comme prévu pour l’entreprise. Les vidéos ont vite été démenties par quelques études universitaires et par les médias. Dans les vidéos de Power Balance, les expériences sont toujours dans un ordre précis : sans le bracelet d’abord, puis avec. Dans une vidéo postée par le magasine français « Sciences et Avenirs », l’expérience est reproduite à l’envers afin de réfuter sa pertinence. L’essai est concluant : la personne perd l’équilibre la première fois avec le bracelet, et résiste la deuxième fois sans. Le journaliste Victor Rodgère explique : « La première fois qu’on fait le test à la personne, elle est surprise par la pression qu’on a exercée sur son bras, elle ne sait pas comment ça va se passer, donc elle perd assez rapidement l’équilibre. Par contre le deuxième coup, elle est préparée à l’expérience et elle résiste donc beaucoup mieux. » Le bracelet ne change donc rien à l’expérience.

En Australie, l’émission « Today Tonight » a aussi réalisé un test, mais cette fois-ci à l’aveugle. Une personne adepte du bracelet devait reproduire les tests de Power Balance sur 6 personnes dont une seule avait le vrai bracelet. Ni le cobaye ni le testeur ne savaient qui le portait. A chaque fois, le testeur s’est trompé au moment de désigner la personne ayant le vrai bracelet. Selon Richard Saunders, celui qui fait passer le test applique inconsciemment une force différente afin de prouver l’efficacité du produit.

En janvier 2011, les services de la concurrence et de la répression des fraudes ont obligé la marque à reconnaître la publicité mensongère et de rembourser les clients lésés. Neuf mois après, l’entreprise a fait faillite après avoir perdu des millions de dollars.

3 questions à un ancien utilisateur…

L’article.ch : Tu portais un bracelet Power Balance l’année passée, le portes-tu toujours ?

Julien : Non, plus depuis que le fabricant a avoué que la technologie n’avait rien de scientifique… J’étais déçu et je me suis senti manipulé. En plus, ces bracelets étaient très chers !

L.ch : Qu’est ce qui t’avait convaincu de l’essayer ?

J. : J’avais vu des vidéos sur internet prouvant son efficacité sur la force, la souplesse et l’équilibre. Il y avait aussi des footballeurs célèbres qui en portaient. Un ami m’a ensuite fait essayer le bracelet en reproduisant les tests des vidéos, ça m’a vraiment convaincu.

L.ch : Tu es champion junior de Football Américain en France, as-tu eu l’impression que le bracelet t’apportait quelque chose durant tes matchs ?

J. : Non, pas du tout. Les personnes qui ont dit ressentir un changement, c’était dans leur tête. Alors que moi, c’est plus l’effet de mode que l’effet placebo qui m’a fait porter le bracelet !

Propos recueillis par Steve Riesen