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Hooligans suisses: la répression a montré ses limites, quelles mesures doit-on désormais adopter?

Chaque week-end, les journaux nous informent de nouveaux actes de violence en marge des matchs de football ou de hockey. De la casse matérielle aux bagarres entre groupe, les incidents sont nombreux. En Suisse, seules des mesures répressives ont été mises en place pour lutter contre ce problème. Mais aujourd’hui, la preuve que la répression n’est pas suffisante est là. Utilisée seule, il se pourrait même qu’elle aggrave la situation. Néanmoins, la lutte contre la violence dans les stades n’est pas une cause perdue, l’Angleterre l’a démontré. Jamais un pays n’a eu d’aussi graves problèmes de hooliganisme. A l’aide d’une loi anti-hooliganisme spécialement dure, elle a réussi à se débarrasser de ce fléau. De quelle manière? Ne serait-il pas possible pour la Suisse de suivre cet exemple? Petit tour d’horizon.

Il s’agit premièrement de repérer les perturbateurs à l’aide de caméra de surveillance. En Angleterre, l’image est de suite mise en ligne afin de rechercher leur identité. Cependant, ce mode de fonctionnement n’est pas envisageable dans notre pays, les lois sur la protection de la personnalité étant trop strictes.

Ensuite, les «interdit de stade». Souvent les leaders des groupes, ils sont empêchés de recommencer leurs activités. Outre-Manche, ils doivent se présenter à la police les jours de match afin de contrôler qu’ils ne s’y rendent pas. En Suisse, on dénombre environ 1000 interdits de stade mais seul quelques-uns sont convoqués au poste. La raison? Les postes de police sont fermés le week-end.

L’interdiction de drapeaux,  banderoles et fumigènes dans les stades est une autre manière de lutter. Les fumigènes sont déjà interdits partout mais drapeaux et banderoles, eux, ne sont pas bannis bien qu’ils puissent servir à cacher des objets illicites.

Finalement, tripler le prix des billets. Si, en Angleterre, cela a été possible grâce à une culture du football très forte, Edmond Isoz, directeur de la Swiss Football League, doute que ce soit possible en Suisse. Les stades seraient pratiquement vides.

Si la méthode anglaise n’est pas applicable telle quelle pour la Suisse, qu’ont décidé les autorités pour lutter contre ce phénomène? Une convention type, éditée par la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police, l’Association Suisse de Football et la Swiss Football League, a été proposée aux clubs et aux cantons afin de garantir ensemble la sécurité. Cette convention n’est pas obligatoire mais très recommandée. Ainsi, chaque club doit mettre en place un concept de sécurité en partenariat avec l’autorité. Ce concept peut être modifié selon les évènements. Mais la priorité est mise sur l’identification des fauteurs de troubles. En ce qui concerne l’alcool, seule la bière légère est tolérée à l’intérieur des stades.

Un dernier élément est également de lutter contre les idées reçues. Les supporters violents ne correspondent pas souvent à leur caricature: musclé, alcoolisé et crétin. D’après Raffaele Poli, maître-assistant des sciences du sport de l’Université de Lausanne et chercheur au Centre international d’Etude du Sport (CIES) à Neuchâtel, les fauteurs de troubles seraient principalement des jeunes Suisses ou migrants de deuxième génération, âgés de 15 à 25 ans, souhaitant s’amuser et être en groupe. Ils ont envie de « se sentir vivre, faire des expériences et tester leurs limites». Ils ne sont pas spécialement enclins à la violence dans la vie quotidienne. L’alcool et le contexte compétitif  jouent donc un rôle non-négligeable dans leur transformation. Tous les membres d’un groupe de supporters sont hypothétiquement violents, car il s’agit de défendre le nom du groupe. De plus, il existe une certaine confusion entre les «hooligans» et les «ultras». Toujours selon Raffaele Poli, le hooliganisme est «moins structuré mais beaucoup mieux codifié au niveau de la violence. Les protagonistes s’appellent et se retrouvent dans des endroits déterminés pour se bagarrer. La violence est planifiée et est un but en soi.». La violence des «ultras» est liée principalement au contexte. Leur but premier est de soutenir leur équipe, mais les oppositions entre les groupes et l’alcool peuvent amener les supporters à se comporter de manière violente.

Même si le modèle anglais n’est pas applicable entièrement en Suisse, cette dernière pourrait tout de même s’en inspirer pour tenter d’améliorer la situation.
L.O.

Eclairage

Réseaux sociaux : amplificateur de violence ?


Les réseaux sociaux, tels que Facebook, Twitter ou encore MSN, font partie intégrante de notre nouvel environnement social. Ils sont devenus de véritables plateformes d’échange, permettant de garder le contact ou de le créer avec de nouvelles personnes. En effet, l’activité principale sur Internet a un lien avec le relationnel, comme un prolongement de l’environnement extérieur. Chacun a le loisir de commenter la vie d’autrui ou simplement de l’espionner. Les jeunes trouvent alors sur les réseaux une scène sociale où il est possible d’exprimer leurs sentiments avec bien plus d’intensité que dans la réalité. Mais ce qui pourrait être considéré comme un avantage peut rapidement se transformer en inconvénient majeur lorsque l’on réalise que les sentiments ne riment pas toujours avec « amour » ! La violence en fait partie et les conséquences de celle-ci ne doivent pas être sous-estimées, car elles peuvent s’avérer dévastatrices.

Les violences sur Internet prennent la  forme de commentaires insultants ou humiliants, de photos peu avantageuses ou encore de cyber harcèlement. Il y a également des menaces et une forme d’incitation au suicide avec des commentaires du style ‘’suicide-toi’’ ou ‘’jette- toi d’un pont, c’est tout ce qui te reste à faire’’. Ces interventions peuvent engendrer de vrais drames, avec comme exemple, le suicide d’une jeune Américaine suite à un harcèlement récurrent  en ligne. Ce n’est pas un cas isolé, la preuve en chiffre, l’association e-Enfance reçoit plus d’un appel par jour pour des cas de cyber harcèlement. 

La violence psychique a trouvé une nouvelle dimension grâce à Internet. Les phénomènes d’exclusion, de harcèlement et autres violences existent depuis bien avant sa création. Il n’a pas fallu attendre la création de Facebook pour voir apparaître des boucs émissaires. Mais là où réside le problème, c’est que si Internet ne crée pas la violence, il l’amplifie, et dans des proportions parfois dramatiques. 

Sur la toile, chacun bénéficie d’un sentiment de liberté désinhibiteur. Il n’y a pas de hiérarchie sur Internet, pas de professeurs, pas de parents, pas de direction, tout semble alors possible. Un sentiment d’impunité peut pousser les jeunes à s’avérer bien plus violents sur le net. On peut jouir de l’anonymat, ce qui est impossible dans la réalité,  il est aussi bien plus facile de s’exprimer caché derrière un pseudonyme ou tout simplement par son écran. A l’adolescence, on ressent l’envie d’appartenance à un groupe, chacun peut se permettre d’être violent en étant noyé par le nombre. Sur facebook, par un simple clic, on peut faire partie d’un groupe extrêmement violent, jouir d’un certain pouvoir sur la victime, sans exercer soi-même cette violence, du moins c’est ce que l’on ressent. Il existe par exemple des groupes comme ‘’pour virer cette sale truie de l’école’’ ou encore ‘’pour tous ceux qui détestent Laure’’.

Internet malmène les boucs émissaires. Les exclusions et autres moqueries fréquentes dans les cadres scolaires ont trouvé un terrain bien plus vaste, les rumeurs dénigrantes sont diffusées à un nombre de personnes bien plus conséquent et cela pour beaucoup plus longtemps. Des traces concrètes vont rester pendant des années. Internet joue alors le rôle de caisse de résonance aux violences scolaires.

La violence prend également une nouvelle dimension car elle n’est plus limitée ni par le temps, ni par l’espace. Il n’y a aucun répit sur Internet. Toute la planète peut nous attaquer. L’expression de la violence n’a plus de frontières ! De plus, avec la prolifération des Smartphones, l’accès à Facebook est permanent.
Selon les experts, le phénomène est relativement récent, c’est un univers nouveau que la société ne gère pas encore totalement. Certains considèrent que la génération Facebook a été sacrifiée sur l’autel des nouvelles technologies. Il est de notre droit alors de se demander si les relations entre individus vont évoluer. 
Sur facebook, il est possible et presque indispensable d’avoir des centaines d’ « amis ». Peut-être que d’ici quelques années, le statut d’amis aura changé et qu’un nouveau terme sera utilisé pour définir notre sphère affective proche.
BiAx