Interview

Meurtres, Guerres, Sang… des images toujours plus brutales dans les médias mais nous incitent-t-elles à la violence ?

Il est communément admis que certaines émissions ne  correspondent pas aux enfants, notamment celles comportant des scènes de violences. Aussi, on entend souvent que c’est la banalisation de la violence à la télévision qui incite les jeunes à la délinquance. Ces dernières années plusieurs faits divers sordides  se sont inspirés de films ou séries, on compte entre-autres un adolescent tuant une de ses amies selon le rite de scream ou encore un américain qui s’inspire d’un épisode des Experts Miami pour camoufler son double meurtre. Ces faits, interrogent sur l’influence de la banalisation de la violence dans les médias, nous incite-t-elle à passer à l’acte ?

En premier lieu, il est important de noter que la violence est présente chez la plupart des êtres vivants, chez les hommes comme chez les animaux. Mais là où l’homme se distingue de l’animal réside dans le fait que les bêtes s’en servent pour atteindre leurs fins et celles-ci se stoppent naturellement dès les premiers signes de soumission du dominé. Ils ont donc un instinct moral qui freine leur brutalité. L’homme a perdu cet instinct inné en évoluant, c’est désormais la culture qui met une barrière à notre violence. La morale s’acquiert donc par la culture, elle se transmet par l’éducation ainsi que par la religion, avec entre-autre le précepte : « tu ne tueras point. »

La culture nous informe donc comment gérer notre relation à la violence. La culture étant jadis transmise essentiellement par l’éducation et la religion mais cela a changé depuis l’invention de la télévision. En effet, selon George Gerbner, la télévision s’empare de la culture, la propage et l’entretient pour en faire une norme. Mais pour qu’une information soit propagée par ce média, il faut d’abord qu’elle existe. Bien évidemment, la violence existait avant la naissance de la télévision mais cette dernière a décidé de la mettre en avant, en montrant des images brutales en abondance, la banalisant ainsi. Comme semble le suggérer George Gerbner, la violence a été normalisé par la télévision mais nous incite-t-elle pour autant à être plus brutaux ? Depuis les années 20, la question se pose mais jusqu’à présent aucune réponse claire n’a été rapportée. On peut néanmoins distinguer deux mécanismes qui expliquent la relation entre voir et faire, le « mimesis » (on imite ce que l’on voit) et le «catharsis » (la contemplation de la violence purge l’envie même de violence). La plupart des études portent sur l’imitation de la violence, et que très peu de chercheurs se sont penché sur son effet purgatoire.

Une des théories appuyée sur le mimésis met en avant que dans les médias, les hommes sont surreprésentés et souvent, les films ou séries diffusés tournent autour d’eux et la violence est utilisée à plusieurs reprises pour arriver à leurs fins, les bons comme les mauvais en usent. Les garçons qui regardent, s’identifient plus facilement au personnage masculin que les filles et sont plus tentés de reproduire les actes vus. On remarque que les  jeunes hommes sont plus beaucoup plus violents que les femmes. La société y est pour beaucoup, je m’explique : il attend d’une femme qu’elle soit douce et sensible. A l’opposé  la société demande au garçon d’être fort, courageux et qu’il ne soit pas trop émotif. Les garçons sont donc plus enclins à reproduire des actes violents.  Néanmoins, cela ne signifie pas que les hommes sont plus touché par la violence à la télévision que les femmes, cela révèle seulement que l’on est plus enclin à imiter une personne qui a les mêmes caractéristiques physiologiques que nous et de suivre les règles de la société.

 

Finalement, je voudrais ajouter que malgré toutes les études sur le sujet aucun consensus n’existe encore et que la réponse est à apporter. Il est pourtant clair qu’il existe une corrélation entre les images choquantes et les comportements agressifs mais il y a trop de facteurs qui entrent en jeu pour affirmer que la banalisation de la violence encourage les passages à l’acte. Néanmoins, chacun réagit différemment face à une démonstration de violence, on peut être tenté d’imité ou au contraire voir un acte brutal nous purge de l’envie de violence. Je voudrais ajouter que depuis la nuit des temps, l’homme est fasciné par la mort  et la brutalité et par le biais des films et des séries, avec une certaine distance, il peut gouter à la mort sans mourir.
A.Ha

Sources : http://www.eleves.ens.fr/pollens/seminaire/seances/television/revuepressetelevision.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Media_violence_research
http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_la_poup%C3%A9e_Bobo
http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Gerbner

Analyse

Arrivera-t-il un jour où la violence gratuite dans les guerres sera une histoire du passé ?

Les images de la guerre ne sont jamais faciles à regarder. Après la guerre du Vietnam qui fut documentée en films et photographies atroces, le public fut par la suite protégé de toute image négative de la guerre. Les journalistes furent très encadrés et les images qu’ils montraient au monde furent contrôlées par les armées en guerre. Mais aujourd’hui ce fonctionnement semble être devenu inefficace face aux nouveaux moyens technologiques. En effet, ces derniers permettent aujourd’hui à n’importe qui de filmer ou photographier la guerre telle qu’elle est vraiment.

Cependant, au vu des images et films qui proviennent des soldats, il semble que les batailles ne soient pas les seuls éléments capturés dans leurs objectifs. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus d’images montrant des soldats, pour la plupart américains, acteurs de scènes inhumaines. Celles-ci, filmées ou photographiées, les présentent en train de commettre des actes de torture ou d’humiliation envers des prisonniers, des civils et des ennemis morts.

Les premières images obscènes médiatisées furent celles des soldats américains stationnés à Abu Ghraib en 2004. On y voyait une soldate tenant en laisse  un prisonnier nu à terre, ainsi qu’un soldat assis sur le corps d’un prisonnier. D’autres photos montraient les soldats souriants, que ce soit devant les corps de prisonniers nus et entassés, d’autres forcés à se masturber ou encore devant des cadavres. Ces images firent le tour du monde et créèrent un sentiment de révolte chez quiconque les visionnant. Ce n’était plus les images de la guerre comme nous avions l’habitude de  voir. Nous ne voyions pas les soldats en bataille ou dans leurs campements faisant des activités ludiques pour se détendre. Cette fois-ci, les soldats se divertissaient en commettant des crimes.

Il était jusque-là inimaginable que ses actes puissent être commis. Mais ces clichés ont montrés une autre image de la guerre. Nous avons alors pu voir que les soldats pouvaient perdre tout sentiment d’empathie et violer, séquestrer, torturer et tuer un individu sans défense. Il est normal qu’un soldat tue des ennemis, puisque c’est entre autres pour cela qu’il est engagé lors d’une guerre.  Mais se prendre à des innocents, les torturer et les humilier dans des situations dégradantes va à l’encontre de la Convention de Genève.

Au début de l’année 2012, un nouveau scandale a été médiatisé. Cette fois-ci, des marines américains se filmaient urinant sur des cadavres d’insurgés en Afghanistan. C’est à se demander si les Etats Unis n’avaient rien entrepris pour lutter contre ces scènes inhumaines et abjectes depuis le scandale d’Abu Ghraib. Les images sont choquantes et montrent à quel point leurs actes sont sans limites. Ces soldats n’ont aucune honte puisque, comme en 2004, ils sourient et sont fiers de leurs crimes. Dire qu’ils n’ont pas de conscience serait une façon de les rendre irresponsable de leurs actions. Or, ils ont toute leur capacité de discernement.

Ces actes gratuits ne sont pas dignes de l’armée d’un pays civilisé. Ils sont néfastes et contreproductifs pour un pays comme les Etats-Unis qui vient combattre sur le territoire étranger.  En réalisant ces actes, ils se mettent à dos les peuples et alliés qu’ils viennent aider. De plus, la légitimité de leur guerre est sérieusement mise en question au vu des actes commis par les soldats.

La guerre n’épargne psychologiquement personne et ces agissements illustrent bien à quel point l’être humain peut être insensible face à la violence gratuite. L’Armée américaine doit responsabiliser ses troupes et veiller à ce que ce genre de comportement cesse. Les emprisonnements de soldats et la destitution de grades militaires qui eurent lieu après les incidents d’Abu Ghraib ont l’air de ne pas avoir eu leur effet dissuasif.  D’autres mesures doivent donc être appliqués et cela, dès l’entrée dans l’armée. Les soldats doivent comprendre qu’ils ne sont pas au-dessus de la loi et que des atrocités pareilles sont inacceptables. Pour montrer l’exemple, l’armée américaine devrait aussi cesser les tortures humiliantes qu’elle exerce au nom de la guerre contre le terrorisme. Il faudrait aussi une condamnation plus forte de la part de l’ONU et des tribunaux internationaux afin que cela ne devienne pas monnaie courante et que le public ne soit pas désensibilisé.
A.C.