Commentaire

« Gaspard Proust tapine »… et il le fait bien!

 

Ce trentenaire débute son one-man-show et on découvre un personnage désinvolte et froid. Il n’a même pas l’air de vouloir être sur scène. Il rappelle d’ailleurs au public qu’il a eu la politesse de se déplacer alors qu’il avait touché son salaire.  Il n’y a pour ainsi dire aucun décor, aucun effet théâtral, il est là, seul. Pas un mot plus haut que l’autre, un style décousu, mais le public découvre, hilare, une écriture d’une grande qualité, des vannes aiguisées comme des rasoirs. Il tient sur scène des propos dérangeants, parfois cyniques, toujours politiquement incorrects. Son humour est féroce, il s’attaque à tout ce qui bouge, aucun sujet n’est épargné, la guerre, la bourgeoisie, les SDF, les handicapés…

Il manie en effet le malaise comme personne. Il ose s’attaquer à tous les sujets que la société balise.  La force de Proust, c’est qu’il nous permet de rire de tout sans gêne. A la sortie du spectacle, on entend « ça fait du bien de pouvoir rire comme ça, de toutes ces choses ». Derrière cet alter ego désabusé et cruel, se cache un homme cultivé, avec un air de fils de bonne famille, plutôt réservé, d’une grande pudeur. Il est difficile de savoir s’il est réellement l’homme qu’il joue sur scène.  Son absence de charisme lui en crée un, encore plus fort peut-être, il dégage un charme très particulier. Gaspard Proust nous séduit car il n’a pas l’air de vouloir le faire. Une certaine classe lui permet de dire les choses les plus terrifiantes sur scène sans que cela paraisse réellement obscène. On se l’imagine très bien en professeur de philosophie séduisant.

Considéré comme le nouveau Desproges, il est devenu très rapidement la nouvelle coqueluche d’un public qui se révèle très hétéroclite. Dans la salle, il y a un panel assez impressionnant de spectateurs d’horizons différents. Il explique alors que « son spectacle s’adresse à tout le monde, mais pas au même moment ».

Son humour assassin nous fait du bien. Il se permet de dire ce que, parfois, nous pensons sans oser le révéler par peur de choquer nos morales de gens bien « comme il faut ». Il dit lui-même « J’incarne la lucidité sans idéal ». Avec lui, impossible de se faire des illusions, il dégaine son humour grinçant pour tirer sur toutes celles-ci.

Gaspard Proust poursuit actuellement sa tournée entre la France, la Suisse et la Belgique où il enchaîne les salles combles et comblées. Il a d’ailleurs mentionné son admiration pour le public qui « assume l’acte humiliant de payer pour rire ».

BiAx

Pour retrouver Gaspard Proust, vous pouvez consulter son site internet http://www.gaspardproust.fr/ et sinon, vous pouvez aller le voir au cinéma, dans le dernier film de Frédéric Beigbeder, « L’amour dure trois ans », où il y tient le premier rôle.

Tennis

Coupe Davis : camouflet helvétique, malgré la présence du Maître

La fête promettait d’être belle à Fribourg. Un adversaire prestigieux (les USA), un public enthousiaste, une halle du forum surchauffée, la présence de Roger Federer, tous les ingrédients étaient réunis pour que cette rencontre de Coupe Davis de tennis fasse vibrer la ville. Si dans les tribunes, le spectacle était au rendez-vous, la Suisse a essuyé un cuisant échec sur les courts.

Samedi peu après 15h, un ultime retour de Stanislas Wawrinka vient mourir dans le filet. « Game set and match ! ». La paire américaine Fish-Bryant terrasse le duo Federer-Wawrinka en double et apporte à leur pays le troisième point décisif après les deux points glanés en simple la veille. « On a pas fait un mauvais double, mais les Américains étaient un peu meilleurs que nous. On a pas su saisir nos chances et on a certainement pas été assez agressifs aux bons moments», regrette «Stan».
3-0 les dés sont jetés, la Suisse ne reviendra plus. C’est un véritable coup de massue qui s’est abattu sur une équipe de Suisse pourtant donnée favorite.

Un faux départ fatal
Vendredi, c’est Stanislas Wawrinka qui ouvrait les feux face à Mardy Fish. Bien que mieux classé à l’ATP, l’Américain n’avait jamais brillé sur terre battue. On s’attendait donc à une lutte acharnée. Le large public présent au Forum de Fribourg a effectivement eu droit à un duel palpitant … et un épilogue malheureux. Aux coudes à coudes dans le 5
e set, les deux joueurs se sont rendus coup pour coup, mais c’est Stan qui finissait par craquer. Vainqueur 9-7 (!) du dernier set, Mardy Fish a mis son équipe sur le bon chemin.
Le deuxième match de la journée coïncidait avec l’entrée en lice de l’idole de tout un peuple. Absent d’un premier tour de Coupe Davis depuis huit ans, Roger Federer devait négocier une rencontre délicate face à « l’As des aces », le géant John Isner (2,06 m.) De manière forte surprenante, le « Federer- Express » n’a pas su remettre son équipe sur les bons rails. Malgré un premier set facilement remporté, le Bâlois s’est petit à petit écroulé sous les coups de butoir (85 coups gagnants !) du longiligne Américain. Le match est plié en quatre sets et permet à Isner de fêter «la plus belle victoire de sa carrière ! »

Et dire que « Rodgeur » n’avait plus perdu un simple de Coupe Davis depuis 15 matches… En l’occurrence, cette défaite tombait particulièrement mal, dans la mesure où le double suisse se retrouvait au pied du mur le lendemain. A cette occasion, les deux battus de la veille se retrouvaient associés en double avec la ferme intention d’effacer leur faux-pas respectif.  Rempli de bonnes intentions, la paire de luxe Federer-Wawrinka a remporté le premier set. Mais sous l’impulsion de Mike Bryant, n°1 mondial en double, l’équipe des USA a progressivement pris le dessus pour cueillir un troisième succès décisif.
Le Forum de Fribourg qui ne demandait qu’à s’enflammer se voyait ainsi privé d’une dernière journée à suspense. Dénuée de tout enjeu, l’après-midi a néanmoins donné l’occasion au public d’acclamer une dernière fois son héros malheureux, Roger Federer, venu encourager ses coéquipiers. Le soutien du Maître n’aura toutefois pas suffi à Michael Lammer et Marco Chiudinelli, tous deux défaits respectivement par Ryan Harrison et John Isner.

Une véritable désillusion
Les Suisses ont bu le calice jusqu’à la lie. 5-0, le score témoigne de l’ampleur de la débâcle. Ce revers est d’autant plus dur à avaler qu’on plaçait cette équipe de Suisse parmi les favoris pour remporter le premier Saladier d’argent

de son histoire. Avec Federer et Wawrinka dans ses rangs, l’équipe helvétique faisait effectivement figure d’épouvantail dans cette compétition que Nadal et Djokovic avaient décidé d’éviter cette année. Les hommes de Séverin Lüthi ont buté sur la première marche. Pays le plus titré en Coupe Davis, les Etats-Unis étaient pourtant loin de leurs années  fastes où ils alignaient une véritable «Dream Team» (Courrier, Sampras, Agassi, McEnroe,…). Mais les protégés du légendaire Jim Courrier, désormais entraîneur, ont montré une plus grande rage de vaincre sur une surface pourtant sensée les désavantager (la terre battue). A l’issue du tournoi, le coach US ne tarissait pas d’éloges envers ses protégés : «Face à Wawrinka, Mardy Fish a su faire preuve d’une force mentale à toute épreuve pour triompher au bout du cinquième set. Quand à John Isner, il a prouve que, lorsque son jeu est bien en place, il peut battre n’importe qui sur le circuit. Je suis également ravi que Ryan Harrison ait pu remporter la victoire pour son premier match de Coupe Davis, c’est un joueur d’avenir.»

Côté helvétique, on faisait grise mine lors de l’ultime conférence de presse. Les joueurs ont toutefois tenu à souligner la fabuleuse ambiance qu’a entretenu le public tout au long de ces trois jours de compétition. «Depuis le court, c’était magnifique de voir tous ces supporters. C’est vraiment dommage qu’on ait pas pu au moins entretenir le rêve jusqu’au dernier jour», a relevé Roger Federer. L’équipe de Suisse devra désormais se battre pour rester dans le groupe mondial lors d’un match de barrage. Ce sera en septembre prochain. Avec ou sans «Rodgeur» ?