Analyse

Anonymous ou l’expression politique d’une nouvelle forme de société

 

Le collectif Anonymous apparaît de plus en plus souvent dans les médias et rares sont ceux qui ne le connaissent pas encore. Prétendant être l’expression de la liberté et de la démocratie, le « groupe » Anonymous a commencé par mener des cyber-actions visant à lutter contre les instances de pouvoir qui tentent de manipuler ou contrôler les citoyens. Mais son action se manifeste aussi autrement; on le voit apparaître dans les rues, où le nombre de personnes masquées se multiplie.

Anonymous s’est créé de manière confuse et désorganisée et a vraiment « vu le jour » fin 2006, lors d’une attaque informatique contre l’hôtel virtuel du site Habbo, en inondant le site Internet. S’en est suivi un autre “raid” informatique contre l’Eglise de Scientologie en 2008, bien plus médiatisé cette fois, qui a donné naissance à l’utilisation des masques, leur permettant ainsi de s’exprimer physiquement. Ce masque provient en fait du film V for Vendetta, où il est porté par le héros qui lutte contre la dictature de son pays. L’action du groupe s’est multipliée et il collabore à l’organisation de différentes manifestations luttant contre les lois visant à réduire la liberté d’expression ou d’échange.

L’organisation et la ligne politique du collectif est claire : Pas de hiérarchie, pas de volonté de prise de pouvoir, et lutte contre toute forme de pouvoir aliénant, réduisant, ou contrôlant la liberté des personnes. Bien que le collectif soit parti de « geeks » ou autres experts informatiques, il s’étend maintenant à toute personne soutenant les valeurs citées, et tout individu souhaitant faire partie d’Anonymous n’a qu’à s’en revendiquer ; l’accès au mouvement est libre et autoproclamé.

En dehors du fait que la Time Warner s’enrichisse par la vente de milliers de masques, cette vague d’expression libre, « de conscience collective » pose toutefois quelques problèmes. En effet, Anonymous mène des actions illégales, et pas toujours forcément bienveillantes envers le public. Or, il n’y a pas de responsables officiels, ce qui empêche toute « négociation » politique, seulement un « état de guerre ». De plus, comme chacun peut se prétendre du mouvement, n’importe quel individu peut nuire à « l’image » d’Anonymous en menant des actions désapprouvées par le noyau principal.

Anonymous défend le droit d’accès libre (gratuit) à l’information et au savoir, mais ne fait-il pas que soutenir un autre modèle libéral tout aussi pervers ? Ils ont condamné la fermeture du site megaupload, mais qui défendent-ils ? IIs veulent donner des droits aux consommateurs face aux producteurs qui dirigent le marché, que font-ils de ceux des artistes ? Et que dire de personnage comme le patron de Megaupload, Kim Dotcom, grand gagnant de l’affaire, défendu indirectement par Anonymous, mais qui semble être tout sauf un modèle de vertu…

L’avenir nous dira comment évoluera le collectif, mais en attendant, je crois que l’on peut voir Anonymous comme une manifestation sociale et politique qui se rapproche du mouvement des Indignés : les gens sont écœurés par cette société qui autorisent quelques individus à s’enrichir légalement et sans scrupules sur l’ignorance et l’impuissance du reste du monde. Quoi qu’il en soit, Anonymous n’est qu’une réponse logique et légitime face à un système en crise…

JonS

Evénéments

Quand la communication devient nuisible…

C’est au musée de la communication de Bern que se tient actuellement : Attention, communiquer nuit. En place depuis novembre 2011, cette exposition temporaire restera ouverte au public jusqu’à la mi-juillet. Une occasion de jeter un regard nouveau sur notre rapport aux médias.

Bienvenue à la clinique de la communication

Pour débuter, les visiteurs découvrent la clinique de la communication. Suite à un bref accueil de la directrice de la clinique, une experte en la matière, les patients entrent dans une bibliothèque relativement modeste, où tous les livres sont exposés à l’envers.

En effet, aucun titre n’est lisible sur la tranche puisque seules les pagessont tournées vers le visiteur. Elles sont là, innombrables… presque menaçantes! Au fond de la pièce, sur le mur, des phrases sont écrites : «Chaque minute, 60 heures de vidéos sont téléchargées sur youtube…», « […] le volume des informations communiquées aujourd’hui dans le monde correspond à 72’500 milliards de livres.» ou encore : « si tous les habitants de la terre participaient au traitement de ces données, il faudrait que chacun d’eux lise environ 12’000 livres… par jour!»

Le décor est posé. Les faits sont indéniables! Le flot d’informations auquel nous sommes soumis chaque jour est étourdissant. Comment y faire face? Quelles sont les stratégies permettant de faire le tri? La suite de l’exposition est là pour y répondre. Comme dans toutes cliniques, le patient passe par un rapide “check-up” et rempli donc un questionnaire donnant quelques informations sur son état de santé…

L’IPC : Indice Personnel de Communication

Réalisé en collaboration avec l’Institut de Sociologie de l’Université de Berne, le «check-up» permet de définir, pour chaque patient, un Indice Personnel de Communication. En effet, grâce à des questions ciblées sur le nombre d’heures consacré chaque jour aux différents médias et sur la culpabilité que cela entraîne chez le patient, votre IPC est calculé.

Suite à cela, la directrice de la clinique dresse votre bilan de santé et vous transmet vos résultats. Selon ces derniers, vous serez dirigé vers différentes portes de couleur : rouge, orange, jaune ou verte. Derrière chaque porte, une activité spécifique à vos résultats, qui vous permettra de prendre quelques instants pour faire le point. Pour découvrir ces activités, il faudra donc vous rendre sur place!

Faire face au stress de la communication

Après cette étape plutôt agréable, vous aurez la possibilité de vous prêter à plusieurs exercices et d’écouter les témoignages de professionnelles. Ces dernier vous prodigueront des conseils pour faire face au stress quotidien engendré par la communication. Certains petits gestes simples, qui permettent de limité l’intrusion malsaine de la sur-information, mais aussi des explications scientifiques quant aux effets néfastes du «multi-tasking».

Voilà quelques éléments que vous pourrez approfondir lors de l’exposition.

Finalement, pour les plus atteints, un jeton vous sera distribué afin de vous procurer la «Commucaïne», médicament indispensable à notre société noyée par l’information.

Je conclurai en vous remerciant d’avoir lu mon article jusqu’au bout et en espérant sincèrement qu’il n’aura pas été une trop grosse source de stress pour vous!

AST

Plus d’informations sur : www.mfk.ch