Pérou

Quand le blanc épouse le rouge

 

Après Sucre, la route continue vers San Pedro de Atacama au Chili. Ce voyage de trois jours recèle de merveilles offertes par la nature. Des paysages qui aspirent jusqu’a l’âme perdue au beau milieu d’une irréalité naturelle. Entre désert de sel et lagunes, les yeux sont débordés et ne peuvent qu’admirer.

Adieu Sucre! Adieu ta blancheur, ta générosité qui résonne dans les vallées andines alors que le bus avance vers Uyuni. Je ne t’oublierai pas. Tu me manques déjà. Tout autour les paysages offrent des contrastes saisissants. Ici, les alpagas boivent de l’eau, là, le soleil brûle le gazon. Est-ce l’altitude qui les rend si éblouissants? Est-ce le manque d’eau et l’aridité qui les rendent tellement éclatants? Peu importe les raisons, ces semis-déserts que je traverse tout comme le trajet de 11 heures m’évoquent l’immensité de la Bolivie qui s’en va gentiment.

Le bus arrive enfin a Uyuni. Cette ville sans charme est pourtant l’ouverture sur l’irréalité naturelle du Salar, ce désert de sel de plus 12’000 kilomètres carrés tout comme d’autres merveillles que mes yeux n’ont pas encore digérées. C’est ainsi qu’au lendemain de l’arrivée dans ce “No Man’s Land”, je pars pour 3 jours de “baffes paysageres” en direction de San Pedro de Atacama au Chili.

D’abord, il y a le Salar dont la blancheur rappelle la neige alors que c’est un plateau de sel où se rencontrent le sol et le ciel. L’horizon y propose seulement l’horizon et son infinité, qui se perdent si loin que les illusions sont légions. Quelques volcans entourent la plaine irréelle laissée là par un immense océan préhistorique asséché. Et puis, il y a l’autre merveille au milieu de la merveille blanche: la Isla del Pescado. Cette île s’érige hors du sel sur un sol de corail laissé là après l’assèchement de l’océan. On y trouve simplement une forêt de cactus variant entre 2 et 4 mètres de hauteur. Rien que ça! Rien d’exceptionnel naturellement! Surtout que tout autour de l’île, je n’aperçois qu’une mer de sel et quelques volcans.

Après une nuit dans un hôtel de sel, oui, un hôtel tout de sel jusqu’au lit, l’heure est venue de faire la tournée des lagunes du Sud Lipez. Chacune se caractérise par une couleur différente et héberge un nombre impressionnant de flamants. Les richesses minérales de la region permettent ces explosions de couleurs au milieu de volcans et autres sommets de plus de 5000 mètres d’altitude. L’Altiplano, cette plaine aride, forme le sol sur lequel nous roulons. C’est alors qu’en début d’apres-midi un miracle, et le plus beau paysage vu dans ma vie, se dévoile devant mes yeux: la Laguna Colorado.

Une lagune plantée a plus de 4500 metres d’altitude dont le rouge sang entoure un bleu roi ou les flamants s’épanouissent. Un endroit ou le vent réveille déja les plus beaux souvenirs. Des rochers noirs, des plantes jaunes et les sommets blancs forment ici le paysage. Même la lagune semble accueillir un peu de glace ou du sel? Le mystère reste entier. L’impression de n’être qu’un point noir au bord de cette explosion de couleurs foncées. L’humilité de quelques pas impressionnés, presque bloqués par le paysage plus que merveilleux. Même le froid disparait devant une telle majestuosité. Ne reste que cet air un peu stupide s’inclinant devant la magie de la Nature. Je tente d’écouter les sifflements du vent qui dessinent des vaguelettes sur l’eau hautement minéralisée. J’ai l’impression de voir un peintre dessiner son plus beau tableau juste sous mes yeux presque choqués par tant de beauté.


Après une nuit au bord de ce paradis terrestre, où les étoiles brillent comme nul part ailleurs, tangibles comme la terre du sol, la fin du voyage semble sans importance. Une étrange sensation puisque la dernière partie est également riche en “baffes paysagere”. Elle comprend un lever de soleil enfumé par les geysers, un arbre de pierre, un désert ressemblant aux peintures de Dali et la Laguna Verde reflétant le cône parfait du volcan Licancabur, culminant a 5’930 mètres. Tout ceci compose ainsi le dernier jour de ce voyage dans l’irréalité naturelle.

Très vite, la descente presque vertigineuse vers San Pedro au Chili termine ces trois jours époustouflants. En toile de fond, la ville est a portée de vue dans son oasis au milieu du désert d’Atacama. Dès l’arrivée dans son centre, l’impression d’entrer au Far West se manifeste. Les bâtiments tout comme les routes sont de terre rougeâtre. La nuit s’annonce par conséquent reposante.

A.W.

Photo : Alexandre Wälti ©

Mode de vie

Santa Susanna créé des activités pour apporter de la richesse à sa nouvelle histoire

 

Dans un des plus petits villages côtiers au sud de la « Costa Brava » en Espagne, la commune déploie tous  ses efforts pour maintenir les personnes âgés bien actives.

Dans cette commune, au début du mois d’août, pendant les célébrations  de « La Fête majeur » à Santa Susanna, les villageois dansent, chantent, font des compétitions, donnent des concerts, organisent des jeux… Toute la population se retrouve, durant 4 jours, sur la place centrale pour fêter ses origines au XIIème siècle et sa constitution en tant que mairie moderne en 1835.

Entre toutes les manifestations auxquelles  nous avons assisté, c’est avec grand étonnement  que nous avons remarqué le défilé de mode des « avis » (atelier de couture du troisième âge). Cet atelier est soutenu par la commune et par la contribution de ses participants. L’événement joue un rôle très important ;  il est l’achèvement de 10 mois de travail d’un groupe d’aînés.

La responsable de cet atelier Mercedes Martinez pilote cette activité depuis 10 ans.
Rencontre avec cette dame qui réveille les mains des fées.

  • Mercedes Martinez fait ses premiers pas en Andalousie mais, tout de suite sa famille s’installe à Barcelone. Depuis toute jeune, elle choisit de faire une formation dans le domaine de la couture. C’est ainsi qu’elle parcourt 4 ans à l’école industrielle de Barcelone où elle obtienne son certificat en Dessin professionnel  (dessin de patron à la main) et Moulage : (patron en toile obtenu directement par moulage sur le mannequin), dès lors Mercedes exerce la profession à plein temps. Rien ne destinait son avenir à la tête d’un projet d’avant-garde

Trois questions à Mercedes Martinez

Larticle.ch: Comment est né le projet d’un atelier de couture pour les personnes du troisième âge?

Mercedes Martinez: Ma fille, Mercedes, a proposé ce projet  au “Centre des anciens” lequel a été très bien reçu. D’ailleurs j’ai commencé par donner une leçon par semaine et au bout d’un peu de temps elles ont augmentées à trois et le cours dure 10 mois par an. Désormais notre activité a fêté 10 années.

L.ch : Qu’est-ce que vous enseigné spécifiquement et qui définit les modèles a confectionner ?

M.M. : Le choix du modèle est un sujet, qui parfois devient un peu délicat. Pas tous les corps ne s’adaptent à n’importe quel modèle ou certaines couleurs. Alors c’est là que mon expérience intervient pour conseiller et convaincre la personne de porter son choix sur un habit plus adapté à sa morphologie. En ce qui concerne l’enseignement, j’essaie de transmettre mes connaissances sur la conception du patron. Dans ce cas particulier, il faut dire que ce travail demande une formation technique, pas toutes les participantes sont à la hauteur de le réaliser et donc c’est moi qui finit par l’achever.

L.ch : Qu’est-ce qui vous a motivé à donner ces cours et pourquoi toutes les années il se couronne par un défilé ?

M.M. Vous savez, plus on devient vieux, moins on bouge et ceci se met en évidence par l’arthrose aux mains. La couture c’est un moyen ludique de maintenir l’activité des mains. Mais aussi dans une autre optique les participants se motivent par le fait de créer des habits qu’ils vont porter.
Quant au défilé. il rentre dans  le cadre de la reconnaissance du travail de toute une année de labeur d’une partie de la population du village.

Propos recueillis par Viviana von Allmen