Pérou

Ausangate Trek

1er jour

Nous sommes trois marcheurs à vouloir relever le défi. Nous arrivons dès lors à Tinki, avec notre guide Aquino, où nous attendent le cuisinier, l’arriero (porteur) et les mules. Ce village de province est ainsi le point de départ des cinq jours de marche. Nous commençons sur la place du marché à 3’760 mètres d’altitude. Quelques locaux prennent l’almuerzo (dîner de midi) alors qu’au loin l’Ausangate nous fait signe de ses neiges éternelles.

Dès que nous sortons du village, la “Llanura del Ausangate” (Plaine de l’Ausangate) offre déjà un paysage merveilleux. Cette plaine s’étend à perte de vue. Nous croisons un pic-roche pendant qu’un orage se forme à l’Est. Un père de famille nous accoste en nous demandant si nous n’aurions pas des médicaments contre le mal de dent de sa fille. Malheureusement, nous ne pouvons pas l’aider. Des enfants courent sans arrêt vers nous pour nous demander des bonbons. Néanmoins, selon notre guide, il est plus malin d’emporter des affaires scolaires avec soi. Parce que les sucreries peuvent créer des tensions familiales.

Après ces rencontres, la pluie et la grêle marquent le premier jour de l’humidité et du froid. Les mains se gèlent sous l’orage. Heureusement, le ciel s’éclaircit après un peu moins de deux heures quand nous arrivons dans un marécage. Ici, les gouilles reflètent un merveilleux ciel bleu et par endroits même le massif encore couvert de gris par les nuages. Après cinq heures de marche nous arrivons enfin à Upis à 4350 mètres où nous camperons pour la nuit.

2ème jour

Nous déjeunons au soleil en face de l’Ausangate. Il est si dégagé et proche que nous pourrions presque lui donner un bout de pain. Avant de partir, notre guide nous annonce que nous marcherons dans la neige. En effet, après un peu plus d’une heure de marche, les pas crissent sur une fine couche blanche encore gelée. Tout au long du chemin vers le col Arapapas, s’élevant à 4’760 mètres, nous pouvons observer assez facilement des chinchillas sauter d’une pierre à l’autre dans cet environnement morainique. Dès l’arrivée au sommet, le paysage est presque désertique au point que nous nous croyons entourer d’un désert tellement la rocaille est fine et beige.

La descente se fait alors à flanc de montagne et dans une vallée dont les contrastes rocheux ne peuvent être qu’andins. Au loin, la cime d’une colline rouge contraste avec des rochers noirs, verts ou gris. Et tout cela se marie à merveille avec les ombres des nuages qui dessinent diverses formes sur les pentes andines. Plus loin, nous mangeons dans une vallée près d’une rivière reposante. L’eau provient des trois lacs plus haut. Partout, des immenses rochers sont plantés dans ce petit plat vert. Après avoir marché au long d’un lac glacier resplendissant, nous entrons dans un canyon dans lequel nous continuons après sept heures de marche exigeantes par son dénivelé important. Tout au long de la journée nous sommes remontés et redescendus sans trop de parties plates. Nous dormons sans trop de peine.

3ème jour

Nous nous réveillons auprès d’un lac situé au pied du glacier. Nous nous trouvons dans une plaine où le vent semble souffler sans arrêt comme le montre nos tentes complètement givrées par la nuit. Nous rencontrons également le premier groupe de marcheurs depuis le début du trek. Aujourd’hui, nous avons plutôt intérêt de bien manger puisque les deux premières heures nous réservent 400 mètres de dénivelé en direction du col Palomani se situant à 5’020 mètres. Cette montée exigeante se fait toutefois à un rythme plutôt calme.

 

Elle offre aussi des vues vertigineuses sur le glacier. Heureusement qu’après la pente la plus raide, des lamas sortent de nulle part en nous accueillant dans leur univers. Cette rencontre redonne le sourire même si l’essoufflement reste perceptible. Elle rend enfin les derniers cent mètres plus agréables.

Au sommet, la vue est éblouissante ! D’un côté la fraîcheur du glacier se ressent et de l’autre les collines vertes et immenses témoignent de la fertilité des terres péruviennes. À tel point qu’une fois arrivé dans la prochaine grande vallée nous tombons sur un élevage d’alpagas. Tout autour, des chutes d’eau se jettent dans la vallée dont quelques-unes sont spectaculaires. Nous remontons ensuite vers Huchuy Painayo au son de ces échos aquatiques. Ici, des rochers sont éparpillés partout comme s’ils avaient sauté de la montagne. Ils doivent probablement dater de la dernière aire glacière. Finalement, nous plantons le campement à Huono Huano à 4’720 mètres.

4ème jour

Dix personnes, dont un policier, à cheval s’il vous plaît, discutent avec notre guide alors que nous sortons un peu surpris de nos tentes. Néanmoins, nos yeux se tournent rapidement vers la rivière longeant le campement pour y voir apparaître un ciel azur et l’Ausangate dans un reflet unique. Après de longues discussions, nous prenons enfin le chemin vers le plus haut col du trek : le Jhampa à 5’100 mètres. Pendant l’ascension, à un rythme modéré et calme, notre guide nous explique que la communauté lui réclamait de l’argent pour l’entrée des mules sur leurs terres. Cette montée est aussi plus agréable que celle du Palomani puisqu’elle s’étend sur la longueur. Peut-être que l’idée qu’il ne restera que de la descente pour la fin du trek nous motive plus.

Par la suite, le sommet nous offre un tête-à-tête inoubliable avec l’Ausangate. Il est presque tangible. Alors que nous débutons la descente, les paysages rappellent ceux du Seigneur des Anneaux. Au point que les orques crient même depuis la lagune émeraude. Celle qui nous tient compagnie pendant presque deux heures. Après ce détour dans les terres du milieu, nous entrons dans un paradis terrestre où les systèmes d’irrigation naturels cohabitent avec des troupeaux d’alpagas élevés pour leur laine extrêmement fine. C’est un paysage vert pétant ! En toile de fond, l’Ausangate surplombe tout l’élevage et cette vallée si fertile et irréelle. Les cours d’eau brillent sous le soleil et quelques maisons de terre occupent les flancs des montagnes. C’est ainsi que nous nous dirigeons le cœur rempli de nature et au travers de roches énormes, vers le dernier campement du trek. Dès notre arrivée à Pacchonta, la baignade dans les eaux thermales du coin s’impose naturellement avec un grand plaisir. Elle permet en plus d’apprécier le coucher de soleil caressant l’Ausangate.

5ème jour

Cette dernière journée ne demande aucun grand effort puisque le chemin est une longue descente vers Tinki. Cependant, les points de vue impressionnants ne manquent pas. C’est ainsi que nous longeons un canal artificiel. Celui-ci nous offre un panorama presque infini sur une plaine énorme où les rivières et les systèmes d’irrigation tirent des traits d’une merveilleuse peinture naturelle.

Par conséquent, notre « promenade » permet de repenser aux jours précédents et de tenter d’organiser les images dans le souvenir d’une expérience unique. Cinq jours de marche variant entre cinq et huit heures pendant lesquelles le corps et l’esprit se sont plus que ressourcés. Tout cela grâce à des panoramas à couper le souffle et une belle équipe.

Pour terminer, les mots du veuf et ses alpagas rencontrés au retour près de sa maison dans la “Llanura del Ausangate” semblent le plus appropriés. « Revenez et venez manger chez moi la prochaine fois » !

AW

Photos : Alexandre Wälti © Copyright

Commentaire

Le bonheur au fil du temps…

 

Difficile de se remémorer ses rêves d’enfant ou encore ce que le mot bonheur nous inspirait. Enfant, le monde adulte nous semble formidable et nous souhaitons pouvoir être comme nos parents et les adultes qui nous entourent. Nous avons souvent la volonté de faire comme eux : jouer au cuisinier, à la maman, au pompier… Tout cela nous donne l’impression d’être grand et d’être important.

A cet âge, nous connaissons le bonheur dans divers éléments de la vie : anniversaire ou noël avec notamment tous les cadeaux que nous recevons ; les jeux en tous genre avec nos copains ; les activités extra-scolaires telle que la musique ou le sport. Si nous demandons à des enfants ce que représente le bonheur pour eux il y a différentes sortes de réponses : plusieurs d’entre-eux souhaitent voir un monde où règne la paix. Certains rêvent de pouvoir vivre comme le prince ou la princesse de leur livre ou film préféré, d’être ce super héros qui sauve le monde ou encore d’être un personnage qui vit dans un monde féerique. D’autres voudraient simplement ne pas devoir ranger leur chambre et ne pas avoir d’adultes qui leurs disent ce qu’ils doivent faire pour pouvoir faire tout ce qu’ils veulent quand ils le veulent.

Il est cependant certain que leurs aspirations divergent selon leur éducation et sont influencées par leurs parents et leur entourage. Mais tout le monde s’accorde à dire que leur innocence leur permet souvent de se satisfaire avec peu de choses.

À l’adolescence le bonheur rime souvent avec s’amuser avec ses amis et se sentir bien dans sa peau. Dans une période où il faut faire face à la réalité du monde qui est parfois difficile, il est compliqué pour certains de se représenter ce qu’inspire le mot bonheur . De plus, tous les changements psychiques et physiques que cette période de vie implique ne facilitent pas toujours la tâche.

Néanmoins cette période n’engendre pas forcément de broyer du noir, au contraire, à l’adolescence un éventail de choses nouvelles s’offre à nous pour nous rendre heureux. Cette période de vie rime avec les premières fois en tous genre : premières sorties tard le soir, premières vacances sans nos parents, premières rencontres amoureuses…

Une fois l’adolescence passée, nous nous engageons dans la vie active ou nous continuons nos études.

Nos plaisirs sont variés. Par exemple, le bonheur peut résider dans le fait de mieux comprendre qui l’on est, d’affirmer sa personnalité. Une grande partie du bonheur réside dans le fait de trouver ce que nous souhaitons faire de notre vie ou quelle ligne directrice nous décidons d’adopter. À ce propos, la reconnaissance de notre entourage face à nos choix de vie est un élément important pour contribuer à notre bonheur.

De plus, gagner en autonomie, grâce aux petits jobs ou aux premiers travails qui nous permettent de pouvoir cotiser pour notre premier appartement, première voiture, premier long voyage…

Il est certain que dans cette tranche de vie à un moment, le bonheur réside dans l’aménagement de son appartement, l’obtention de son diplôme et/ou par ses exploits sportifs ou artistiques.

Lorsque nous avons terminé nos études et acquéri un travail qui nous permet d’avoir une situation de vie stable, le bonheur se trouve souvent dans la vie de couple ainsi que dans la fondation d’une famille. Nous aspirons aussi à trouver un travail fixe qui nous plaît. Mais également qui nous amène de quoi avoir une vie confortable. Pour d’autres, il y a de nouveaux projets qui se profilent, créer une entreprise, ouvrir un restaurant, faire un voyage avec son compagnon dans un endroit insolite…

La santé joue un rôle important dans le bonheur, surtout lorsqu’il ne s’agit plus seulement de la notre mais aussi celles de nos enfants. Plus tard, quand ces derniers commencent leur propre vie, puis que nous prenons notre retraite, il y a de nouveaux éléments qui constituent notre bonheur. Comme d’avoir des activités routinières qui nous amènent une certaine sécurité physique et psychique.

Être en bonne santé devient souvent aussi quelque chose qui prime. Les premiers signes de vieillesses apparaissent avec parfois quelques complications de santé. Pour beaucoup, pouvoir se soigner de façon effective afin de recouvrir la santé et profiter de tout ce que nous aimons est important.

C’est aussi le moment où nous pouvons enfin profiter de toutes ces choses que nous avions toujours voulues faire et que nous n’avions encore jamais faites : découvrir des choses que nous n’avions par exemple pas étudiées, apprendre les langues que nous n’avions jamais eu le temps d’apprendre, aller faire du volontariat dans une association qui nous tient à cœur, profiter des vacances hors des hautes saisons. Nous renouons parfois des liens avec des amis perdus de vue depuis longtemps, nous profitons de pouvoir se reposer sans contraintes d’horaires.

N’oublions pas que même si notre vision du bonheur change beaucoup au fil du temps, il est certain que le fait d’avoir une vie sociale, des amis, est un élément vital peu importe notre âge.

Finalement, à tout moment de la vie, le bonheur est une chose sur laquelle nous pouvons travailler. Car le bonheur c’est avant tout un état d’esprit !

A.Det.