Actualité

L’avenir des médias… le journal est-il amené à disparaître ?

Que ce soit le matin en voyageant en transports publiques, au petit café du coin ou de retour chez soi après une longue journée, nous adorons la feuilleter. De la page people à l’internationale en passant par les petits mots croisés et BD comiques. Cependant, depuis quelques années, la presse d’information occupe de moins en moins de place dans la société indiquant une lassitude des individus à vouloir s’informer, considérant cela comme une perte de temps.

 

À ce sujet, Bernard Poulet, journaliste français et auteur d’un essai sur l’avenir de l’information, souligne que « l’intérêt de nos sociétés pour l’information s’érode irrésistiblement » et ceci induit conséquemment un « inévitable et lent effondrement de l’ensemble du marché des mass media », selon Joseph D. Lasica, président de Social Media Group. Même diagnostique du côté de Robert G. Picard et Michael Wolff, respectivement chercheur et journaliste américains qui constatent un déclin de la consommation de news, en passe de disparaître : la télévision et la radio par exemple connaissent une baisse d’audience dans plusieurs pays depuis les années 1980.

Pour reconquérir des lecteurs, beaucoup de médias écrits tentent d’inventer une autre manière de diffuser de l’information : en passant des accords avec de grands portails auxquels ils cèdent leurs articles d’information, en publiant seulement quelques jours par semaine ou en ayant un deuxième support de diffusion via internet. Nous espérons que les « vieux » médias pourront connaître une deuxième jeunesse en bénéficiant de la numérisation, mais la presse connaît toutefois des difficultés à se réinventer en ligne.

L’époque du « pouvoir des médias » se termine. Les rapports entre médias et société n’ont cessé de se modifier mais aujourd’hui le modèle des médias écrits est bouleversé par les nombreuses innovations technologiques et anthropologiques qui influencent leur rôle et leur place dans la société, sans oublier que l’industrialisation et la financiarisation pèsent sur son avenir.

Ainsi les journaux gratuits, grand succès depuis les années 2000, sont toutefois menacés par la baisse tendancielle des tarifs publicitaires. En effet, selon une enquête menée entre septembre 2009 et septembre 2010 par l’entreprise REMP (Recherches et Etudes des Médias Publicitaires), le «20 Minutes», quotidien gratuit le plus lu de Suisse romande enregistre la plus forte baisse avec 23’000 lecteurs en moins. Ceci s’expliquerait par la diminution du nombre de ses tirages. Cependant, même constat auprès des autres quotidiens suisses : seuls quelques-uns comme le « Matin » et « Le Nouvelliste » ne connaissent pas une grande baisse de lecteurs !

Mais grâce à sa gratuité, le « 20 Minutes » possède un grand atout auprès des lecteurs et sa disponibilité quotidienne dans les lieux stratégiques lui permet une grande distribution. Chaque matin après 8h, il est déjà difficile de s’en procurer un !

Même auprès des jeunes, moins habitués à la lecture en général, on le retrouve pourtant facilement ! Cependant, une étude de l’université d’Harvard conclut que 60% des adolescents ne prêtent aucune attention aux actualités quotidiennes, une « désaffection du jeune public pour l’écrit, culture du tout-gratuit» selon Bernard Poulet. Accros aux Smartphones et tablettes tactiles, les jeunes passent leur temps sur Internet et sur leurs téléphones mais les applications telles « Le Matin » et le « 20 Minutes » ne sont pas les plus consultées.

Le lectorat des journaux vieillit : l’âge moyen des utilisateurs des sites des journaux online est passé de 37 à 42 ans entre 2000 et 2005 et les personnes du troisième âge considère le journal comme un compagnon journalier dont elles ne pourraient se priver. Ainsi va la vie, c’est une génération qui s’éteint pendant qu’une autre s’exprime à son tour. Nous sommes donc inévitablement induits à se demander quelle est la place du journal dans la société d’aujourd’hui chez ceux qui vivent pour demain.

Il existera toujours des divergences d’opinion, les amoureux de lecture ou d’écriture face aux inconditionnels de la technologie future. Nous ne pouvons contenter tout le monde mais dans la mesure où une coexistence parallèle entre l’ensemble de ces diffuseurs d’information est possible, nous pourrions tous y trouver notre compte. En outre, sachant que les besoins de l’homme font la demande et que ceux-ci évoluent, comment prédire catégoriquement l’avenir et conclure hâtivement que le journal est destiné seulement aux générations précédentes, qui se sont « construites et identifiées dans leur rapport à l’information » ?

MAD.I



 

3 Questions au rédacteur en chef de “20 Minutes”, Monsieur Philippe Favre :

Larticle.ch : Selon vous, le journal est-il voué à disparaître définitivement, dans un avenir proche ou plus éloigné ?

Philippe Favre : La disparition du papier est une rengaine que l’on ressort à chaque avancée technologique. C’était le cas avec l’apparition de la radio, puis de la télévision, et aujourd’hui avec les tablettes numériques. Ce scénario catastrophe ne s’est jamais produit.

Le lectorat du « 20 Minutes » a progressé malgré le succès spectaculaire de son site internet. Par ailleurs, les neuf dixièmes de notre chiffre d’affaires est constitué par la publicité dans la version print. Si des journaux doivent disparaître ces prochaines années, ce sera davantage lié à la crise économique qu’à l’émergence de nouveaux médias électroniques. »

L.ch : D’après les statistiques publiées sur votre page internet officielle datant de mars 2011, on s’aperçoit que la plupart des journaux ont connu une perte de lecteurs. Pour le « 20 minutes », ceci s’explique par la diminution du nombre de tirages, mais selon vous quelles sont les raisons principales qui expliqueraient cette perte chez les autres journaux ?

Ph.F.: Contrairement à ce que vous affirmez, nous avons reconquis des lecteurs ces derniers mois, malgré la baisse de tirage dictée par des motifs économiques et écologiques (voir la MACH basic 2012-2). Le quotidien  « 24 heures » se porte également bien, tout comme « La Liberté » de Fribourg. Le déclin de la lecture est donc très relatif. Néanmoins, la tendance d’une baisse d’audience des médias payants ne peut pas être occultée.

Le consommateur, habitué à accéder librement à des contenus éditoriaux, que ce soit au travers de la presse gratuite ou d’internet, n’est plus enclin à payer l’information. Les éditeurs doivent donc trouver d’autres sources de financement, d’où leurs efforts sur le web – pas encore couronnés de succès…

L.ch : Pensez-vous, sans référence directe à l’omniprésence des autres médias, que la possibilité que le journal disparaisse serait une conséquence de lassitude chez l’homme, sachant que ses besoins font la demande et que ceux-ci évoluent ?

Ph.F.: Si l’homme est un animal social, il aura toujours la nécessité d’un lien avec sa communauté. Les journaux alimentent  cette attente (tout comme les médias sociaux). La curiosité humaine est inépuisable. La soif de savoir est à mes yeux un besoin élémentaire. Elle se nourrit des nouvelles du monde véhiculées par les canaux, considérés malgré toutes les critiques comme crédibles, que sont les journaux.

Propos recueillis par Marie Baldi

Pour plus d’informations, veuillez vous référez aux ouvrages suivants :

– Bernard Poulet : « La fin des journaux et l’avenir de l’information »

– Dominique Wolton : « Il faut sauver la communication » et

– Michael Wolff : « Is This the End of News ?» (Vanity Fair, oct.2007)

Analyse

La mondialisation aujourd’hui, enjeux et réalités

Petit historique

 

Le monde a commencé à se globaliser lors de la révolution industrielle. En Europe d’abord, puis en Amérique ensuite après la première guerre mondiale, les problèmes du commerce globalisés ont donné lieu au premier crash financier de Wall Street en 1929. S’en est suivi plus ou moins causalement Hitler et les autres nationalismes jusqu’à une nouvelle destruction de l’Europe qui déboucha sur deux visions opposées du monde : le libéralisme à l’Ouest et le communisme à l’Est. L’histoire donna raison au libéralisme et aux Etats-Unis en 1989, lors de la chute du mur de Berlin. Ces dernières années, des nouveaux marchés comme ceux la Chine de l’Inde ou encore du Brésil ont rejoint très rapidement les autres puissances économiques.

Les gagnants

Dans une grande course au marché, certaines entreprises se sont imposées de manière démesurée avec des chiffres d’affaires colossaux ; il s’agit surtout des sociétés du pétrole,  de l’agroalimentaire et de la santé, ainsi que d’autres entreprises comme Apple, Ikea, Google, McDonald’s, ou Facebook plus récemment. Ces entreprises se trouvent maintenant partout sur le globe et prennent la place des entreprises indigènes tout en s’inscrivant dans le paysage social et culturelle comme référence dominante voir totalitaire. Grâce à leur capital adapté au monde globalisé, ils sont plus compétitifs que les commerçants locaux traditonnels. Ainsi a-t-on encore vraiment le choix de ne pas aller acheter ses fringues à H&M ? Avec une idée encore bien renforcée à coup de publicité… Le consommateur n’a jamais eu autant de choix, mais pourtant beaucoup font le même, c’est le danger d’uniformisation de la société. 

Sur un autre point, il se pose le problème de la responsabilité social de ces entreprises. En effet, à travers les immenses chaînes de transformation des produits, il est difficile de contrôler ce que chacun fait vraiment entre l’achat et la vente, alors que le système juridique est inadapté face à  la situation.

Après la spécialisation, la virtualisation

Avant le XXème siècle déjà, la production ainsi que les métiers avaient commencé à se spécialiser. La distribution s’est spécialisée également lors du XXème siècle, et on a vu apparaitre les premiers supermarchés et autres grands magasins. Actuellement, la mondialisation est en train de prendre une autre tournure, celle de la virtualisation. C’est avec internet que l’économie change de forme. Les plus touchés sont l’industrie du disque et du cinéma ou encore la presse (puisque ce sont des œuvres immatérielles…). Viennent ensuite les entreprises de services (agences de voyages, la poste)  et puis certains petits distributeurs et artisans (magasins de musique, librairies). La « réforme » internet est en train de changer le paysage économique, avec une redistribution des enjeux commerciaux, qui rend peut-être plus de pouvoir au consommateur.

Cependant, une autre virtualisation, celle de la finance, a elle-aussi émergé. Des transactions de centaines de millions de francs s’effectuent chaque seconde par un clic de souris. La finance s’est virtualisée au sens où elle ne correspond plus à des données réelles et significatives mais simplement à des chiffres avec lesquels on joue ; c’est l’univers des traders et de la spéculation, dont l’impact sur l’économie est lui bien réel.

Comme concept

La mondialisation est une réalité mais c’est aussi une idéologie ; lorsqu’on achète un produit, on accepte implicitement de transporter de la matière d’Amérique du Sud pour la fabriquer en Chine et la faire revenir en Europe (pour la jeter en Afrique). On accepte de perdre son travail pour que son entreprise délocalise et puisse toujours vendre des téléphones au même prix. On accepte que notre niveau de vie et nos possibilités dépendent d’une consommation incessante, où nous sommes gagnants ou perdants selon la situation économique de notre pays. On accepte aussi que les plus pauvres n’aient guère de choix et achètent les produits les moins chers, fabriqués par les entreprises les moins écologistes et les moins éthiques…

Alternative

Depuis les années 60-70 déjà, des gens s’opposaient à cette vision du monde. Entre anarchistes, philosophes et écologistes, qu’on nomme aujourd’hui  altermondialistes. Ceux qui n’acceptent et ne croient pas en une société industrielle mondialisée. En effet, la logique de la production de masse et son corollaire le gaspillage ainsi que celle du déplacement des hommes et des marchandises serait une pure fuite en avant, mais également le signe d’un non-respect de ce que nous offre la planète et de ce que nous lui rendons ; on épuise les réserves de pétrole et produit des déchets nucléaires. La bataille se situe à un niveau politique mais également personnel et social ; le consommateur est lui aussi responsable du monde qu’il habite et cette sensibilité doit être éduquée à la population. Il reste encore à trouver les responsables de ceux qui profitent de ce système, mais malheureusement, il semblerait que ce soit les mêmes qui le dirige… Depuis la crise financière de 2008, rien n’a vraiment changé, les marchés continuent d’imposer leur volonté aux états. Les multinationales et les banques (à l’instar d’UBS) traitent des volumes si énormes, qu’elles portent avec elles le système lui-même et aucun Etat ne souhaite donc qu’elles périssent (too big to fail). Les géants économiques se sont affranchis des états, qui certes mettent en place un droit international, mais qui s’en dispensent bien lorsqu’il s’agit de profit ; les états semblent avoir perdu leur pouvoir face à l’argent qui est devenu la plus importante matière première… tout est devenu un business.

Quelques faits et chiffres :

  • Un tiers de la nourriture mondiale produite est jetée
  • L’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) ruine les agriculteurs locaux en imposant leur loi (où les agriculteurs n’ont pas le droit d’utiliser leurs propres semences).
  • La plupart des régimes dictatoriaux sont soutenus par les Etats-unis qui tirent leurs revenus sur la dette par les exploitations pétrolières et autres industries. Pendant que les plus pauvres survivent pour payer leurs dettes les plus riches maximisent leurs bénéfices dans des paradis fiscaux.
  • Les Etats-Unis et l’Europe consomment à eux seuls les ressources de la planète « naturellement » disponible.
  • A la bourse, plus de 1’500 milliards de dollars s’échangent chaque jour

Pour approfondir le sujet :

http://www.youtube.com/watch?v=w-aB6-hzhcM

JonS