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On naît seul, on vit seul, mais on mourra tous ensemble

La mort… Certains y ont déjà pensé, d’autres pas encore. Pourtant il est temps! La date fatidique est connue, nous la savons; pas d’ouverture de 22ème portes de calendrier de Noël cette année. Cette fameuse apocalypse maya du 21 décembre, mais vous, que ferez-vous?

La fin du monde est annoncée pour le 21 décembre 2012. Vos choix ne sont pas nombreux! Vous avez la possibilité de continuer à vivre entassé avec 19 autres personnes dans un bunker ultra sécurisé et protégé pour une durée indéterminée avec comme seule nourriture des raviolis en boîte et comme loisir la discographie complète de Patricia Kaas. D’un autre côté, vous pouvez vous mettre sur une terrasse et regarder la mort en face, en sirotant ou fumant le produit nocif de votre choix. Le troisième choix qui s’offre à vous, c’est de rejoindre les communes françaises de Bugarach et de Lemud et d’y suivre le plus rapidement possible des stages de spiritualisme à 2’999 euros la semaine (pierre rose magique non comprise). Réfléchissez bien, vous avez peu de temps, mais revenons à ce qui nous attend.

L’histoire de notre fin commence par l’intérêt que porte la civilisation maya à l’astronomie. Grâce à l’étude des astres, ils ont mis en place deux calendriers cycliques. Le premier, le «Tzolkin» qui représente l’année religieuse possède 20 mois qui ont chacun 13 jours (260 jours). Le calendrier civil «Haab» est composé lui de 18 mois de 20 jours chacun, plus un mois de 5 jours ce qui fait 365 jours, comme l’année solaire.

Ces deux calendriers ne se combinent (même date entre les calendriers) que tous les 18’980 jours (52 ans). Il y a ensuite le «compte long». C’est un système de datation linéaire qui permet de faire un lien entre les calendriers et de placer les événements dans le temps. C’est ce système qui est à la base de la prophétie apocalyptique.

Ce compte long «monde» comme l’appel les Mayas vient du «Popol Vuh» qui est un texte fondamental de la civilisation maya. Selon cette bible, les divinités ont créé 3 mondes avec des hommes qui à chaque fois ont échoué, car trop frivoles, vaniteux ou paresseux, les dieux firent donc disparaître ces «hommes» par un déluge. Ce 4ème compte long où l’humanité fut placée se terminera à la fin du 13ème baktuns 1.

Selon les adeptes «New Age 2» et des sciences dites «Fringe 3», l’apocalypse que nous allons subir peut se présenter sous plusieurs formes. Il y a d’abord la collision. La terre pourrait être percutée par un trou noir, un astéroïde ou encore par la planète X, aussi appelée «Nibiru». Cette planète hypothétique se trouverait plus loin que Neptune et a été pensée par les scientifiques pour comprendre les irrégularités dans la masse de l’orbite de Neptune.

Il y a aussi l’alignement des planètes qui pourrait, selon certains, nous amener à une nouvelle vision spirituelle, ou alors simplement que cet alignement créera un effet gravitationnel combiné entre le soleil est le «trou noir super massif 4» qui dévastera la terre.

Il y a les partisans du «basculement des pôles» qui est une inversion du champ magnétique terrestre à cause d’énormes éruptions solaires. Il y a aussi la précession des équinoxes qui est un changement du sens de rotation de la Terre, par la force du soleil, des marées et de la lune. Ce phénomène fait que l’équinoxe de printemps se déplace de la constellation des Poissons vers la constellation du Verseau, et revêt une importance capitale pour tous les spiritualistes adeptes de l’ouvrage «les Enfants Du Verseau» de Marylin Ferguson publié en 1981. Il y a bien sûre un bon nombre d’autres théories cataclysmiques et d’hypothèses extraterrestres qui viennent compléter ce tableau.

Il existe une littérature importante sur cette future apocalypse, du côté de ceux qui y croient, comme du côté de ceux qui n’y croient pas. Les scientifiques et les spécialistes modernes des sociétés précolombiennes s’attachent tous à dire que les textes ont été mal interprétés, pourtant un doute subsiste et chacun fait son choix. Alors! Vous êtes plutôt raviolis et Patricia Kaas, spectateur fataliste, ou amoureux de coins reculés de la France et acheteurs de petits cailloux magiques? Ne dites rien! Rendez-vous le 21 décembre…

MiRo

1 Le 11 août 3114 av J.-C représente en date Maya 0.0.0.0.0 ce qui veut dire 0 «kin» (jour); 0 «uinal» (20 jours); 0 «tun» (18 uinal ? 360 jours); 0 «katun» (20 tun ? 20 ans) et 0 baktun (20 katun ? 394 ans). Le 21 décembre 2012 se représente 13.0.0.0.0 ce qui explique que nous sommes à la fin du 13ème baktun.

2 Courant de pensée qui cherche à transformer l’individu par l’éveil spirituel et psychique et ainsi changer la société dans laquelle on se trouve.

3 La Fringe science est une science qui est à la limite des frontières admises par l’académie (théorie insolite et non orthodoxe).

4 le trou noir super massif est un trou noir dont la masse représente 1 milliard de fois la masse du soleil. On sait aujourd’hui que la plupart des galaxies possèdent un trou noir super massif à leur centre.

Eclairage

« Il est impossible de ne pas manipuler » : un pas unique entre communication et manipulation ?

L’être humain est loin d’être stupide et lorsqu’il éprouve un quelconque désir, peu de temps lui faut pour l’assouvir. Pour cela, il est en possession de toutes les armes nécessaires et plus précisément de celle de la communication.

Les mots, au premier abord, semblent inoffensifs  en comparaison au couteau, mais bien agencés, ils deviennent si puissants que des adolescents en arrivent à se donner la mort. Une entrée en matière peut-être trop frappante ? Non, juste une réalité. Le monde de la technologie avance à grands pas et tout semble si fantastique : Iphones, Ipods, Smartphones, Facebook, etc. Et à ce qu’il paraît « il faut vivre avec son temps »…

« Vivre avec son temps »…mais Yves Winkin écrit dans l’Encyclopédie Universalis : la fascination contemporaine pour les « nouveaux médias » amène à négliger les plus vieux médias du monde : le corps, le geste, la parole. Il existe d’une part cette négligence mais d’autre part une utilisation de la communication à des fins trop personnelles ou même égoïstes, individualistes. Il faut entendre par là un usage de la communication sans aucun recul, quitte à en arriver à manipuler l’autre ou à influencer son agir. Le Larousse définit la manipulation en tant qu’action qui oriente la conduite de quelqu’un, d’un groupe dans le sens qu’on désire et sans qu’ils s’en rendent compte. Manipulation : acte volontaire ou non ?

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il est possible d’apprendre à manipuler mais, bien heureusement, aussi à ne pas être manipulé. Cela tout le monde le sait et certainement beaucoup en ont déjà fait l’expérience, qu’importe le rôle qu’ils endossent : victime ou manipulateur. Reconnaître le fait d’avoir été manipulé ou l’acte de manipulation est une autre histoire : pour le premier, c’est là un problème de fierté, pour le second, un problème d’honneur. Mais est-ce que la manipulation doit-elle obligatoirement être connotée de manière négative ?

A quoi bon parler ?

Selon Denis Benoît citant P. Breton, la manipulation est à lier à l’art oratoire et à définir en tant que « communication persuasive » dans laquelle la notion d’éthique, de norme importe peu mais où l’efficacité des moyens utilisés seule compte. Il prévient par ailleurs que ce monde n’est pas purement constitué de manipulation mais insiste sur le fait, lui tout comme d’autres auteurs tels que Tzvetan Todorov, Pual Watzlawick, François Roustang ou encore Bernard Cathelat, qu’il n’y a pas de relation humaine qui ne soit soumise à l’influence […] il n’y a pas […] de relation sans manipulation réciproque. Il faut comprendre dans cela que « l’on ne peut pas ne pas manipuler » donc « on ne peut pas ne pas communiquer ». En effet, lorsqu’il y a communication, il est impossible de parler de neutralité car chaque information reçue par un individu est forcément connotée donc subjectivée. C’est pourquoi il ne faut pas restreindre le terme de manipulation au simple fait de vouloir modifier la manière de penser ou de se comporter chez autrui mais plutôt, en quelques mots, d’en « faire bon usage ». Ce qui n’est pas nécessairement le cas de tous.

En effet, dans l’histoire de l’humanité, les exemples ne manquent pas : depuis Rome et ses grands orateurs, en passant par le Reich et son Führer au président des Etats-Unis Barack Obama, l’art oratoire est et a toujours été une arme puissante. Movere, placere et docere, trois points qui rendent un discours beau, riche en émotions et instructif ; tout ce qui est nécessaire dans l’art de persuader. Même si la distinction entre communication et manipulation ne peut être réalisée, il est possible de définir l’usage qui est fait de la communication persuasive : à bon escient ou pas. La communication permet la transmission du savoir mais aussi bien d’arriver à ses fins. Par un discours bien construit, Adolf Hitler a rassemblée toute une nation à ses pieds, une nation motivée par la croyance d’agir pour son bien. Les mots ont fait lever des révolutions et des guerres ; ils ont manipulé et tué. Du temps de Rome, il était nécessaire de posséder une certaine culture générale et d’occuper un bon statut social afin d’avoir la possibilité de s’exprimer face à un auditoire ; parler était un art, qui s’apprenait. Aujourd’hui, chacun peut être orateur quand il le souhaite et ce, grâce à internet, et n’a plus besoin de tenir des discours de haut vol : les détails insignifiants de la vie de X intriguent.

De nos jours, le réseau communicationnel est en plein essor et ne compte pas s’arrêter dans son élan. Il est évident que ces innovations quelles qu’elles soient amènent avec elles des avantages conséquents, mais il ne faut pas oublier le revers de la médaille. Facebook, Twitter, Whatsapp et encore bien d’autres sont les produits de cette évolution technologique ; une grande partie de la communication a aujourd’hui lieu de manière « électronique » et permanente, d’où l’importance des ces réseaux sociaux et de leurs effets sur la société. Si innovants, sont-ils pour autant blancs comme la neige? Peuvent-ils être accusés de manipulation ? Il s’agit là très clairement du domaine de la communication : des informations d’un individu A sont échangées avec un individu B et vice-versa mais ce qu’il ne faut pas ignorer est que toute innovation technologique influence la société, que ce soit de manière positive ou négative. Avec Denis Benoît, une face moins péjorative de la manipulation a été découverte mais reste la seconde, un peu plus noire que sa moitié.

Manipulation, où te caches-tu ?

Personne ne peut le nier, une « cyber-dépendance » s’est installée au quotidien et comme l’affirme Yves Winkin, tout cela a pour conséquence de négliger les plus anciens médias du monde : tout passe par le virtuel même les causes de dépression. En effet, la « dépression Facebook » touche aujourd’hui les jeunes utilisateurs de ce réseau social : le sentiment de rejet social, c’est le « ignorer » de Facebook (en prenant comme exemple ce réseau social), le besoin de reconnaissance, c’est l’attente du « j’aime » des autres internautes, etc. Au départ, la place d’un individu dans la société était à construire « réellement », aujourd’hui, c’est dans le virtuel. Et cela fait réfléchir…ou pas.

Par un mouvement de masse et de mode, la virtualisation de la vie d’un individu est devenue pour ainsi dire une norme, une sorte de « formatage ». D’autant plus que certains utilisateurs prennent très à cœur tout ce qui se dit et ce qui se passe sur ces réseaux sociaux, la preuve : mardi 30 octobre 2012, le Temps publie un article « Gauthier, nu sur Facebook puis suicidé par pendaison ». La cause ? Le cyber-mobbing. Que penser de cela ?

La manipulation se cache peut-être à la base de l’utilisation des Smartphones, Ipods, Iphones, et de tous ces réseaux sociaux. En effet, ce qu’il manque à certains moments au quotidien, ce sont le geste, la parole et le corps. L’écran virtuel ne laisse paraître aucune émotion et c’est pour cette raison que l’interprétation d’un message peut se révéler problématique et mener quelques fois à une incompréhension car le ton utilisé, la mimique de l’interlocuteur ou encore sa posture sont d’une grande aide dans une interaction « réelle ». Peut-être que le terme « manipulation » est trop fort mais il est nécessaire de le comprendre dans le sens où un tout nouveau système de communication s’est mis en place assez rapidement et n’a pas laissé le temps à son « apprivoisement » ; il est temps en effet de commencer à réfléchir à une bonne utilisation de ce dernier, une utilisation qui serait en harmonie avec tout interaction sociale « réelle ».

Il est alors difficile de délimiter parfaitement la communication de la manipulation, le tout est de faire bon usage de la communication persuasive. La question qui se pose à présent est de savoir ce qui rend l’usage de la communication persuasive bon ou mal.

C.