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« Fifty Shades of Grey » : Phénomène de mode ? Quand la servitude fascine…

Déjà vendu à 50 millions d’exemplaires, « Fifty Shades of Grey » connaît un immense succès! Femmes et hommes le dévorent. Étonnant? Moins surprenant lorsque l’on sait que passion, BDSM (Bondage et Discipline, Domination et Soumission, sado-Masochisme) et autres pratiques érotiques font partie du script !

Sorti en français le 17 octobre dernier, soit plus d’une année après sa parution originale, le souhait d’en faire un film trotte déjà dans la tête des plus conquis.

D’abord auto-édité en ligne, cette romance érotique a été écrite par la britannique, E.L. James, jusqu’alors inconnue. Elle met en vedette les pratiques sexuelles engageant servitude, discipline, sadisme et masochisme. Premier volet d’une trilogie, c’est l’histoire passionnée entre une jeune vierge diplômée de 21 ans et un riche et séduisant homme d’affaire de 27 ans dont la rencontre n’était pas prévue. Et pourtant, l’alchimie opère et tous deux vont s’adonner à un jeu de séduction sombre et malveillant dont le sexy mister Grey est adepte. La raison d’un tel penchant ? Une enfance et une adolescence troublée. C’est un homme tourmenté dont la cure exutoire se démasque parmi fouets et cravaches.

Lors de la promotion du livre, les éditeurs avaient souligné la volonté de la romancière de s’adresser à des femmes de moins de cinquante ans, afin de délivrer des leçons sexuelles dans un style à la fois « trash » et « girly ». Le résultat se révèle décevant. Les lecteurs s’attendaient à du porno haut en couleurs, loin du « terriblement gentillet » auquel ils eurent droit. C’est un « porno-soft » en comparaison à d’autres romans d’auteurs plus crédibles comme « Embrasez-moi » d’Eric Holder ou « Petite table, sois mise ! » d’Anne Serre. Selon Isabelle Falconnier, responsable littéraire de l’Hebdo, ce livre est « l’incarnation des fantasmes de son auteure qui ne pratique pas le SM. C’est pour ça que les personnages sont caricaturaux et ne sont pas faits pour être réalistes. »

Les critiques littéraires vont bon train. Que ce soit sur les personnages jugés ectoplasmiques, sur l’écriture dénuée de « souci littéraire » ou sur l’intrigue molle, il se dégage une caricature d’un récit à l’image légère et fumiste. Pourtant le succès dénote un engouement total de plus en plus grandissant. Les ventes montent en flèche et les forums se multiplient. À l’instar de Facebook, qui recense de nombreuses “pages“ consacrées au roman, des émissions sont aussi dédiées au best-seller comme celle d’Infrarouge du 13 novembre dernier.

Le roman arrive « au bon moment pour des raisons à la fois culturelles, sociales, éditoriales et technologiques. C’est une porte d’entrée, une porte de dialogue ». Il ne faudrait mépriser le mouvement que ça a créé, la « fonction posologique » du livre. « Il touche un public de lecteurs qui cherche à avoir le même type de plaisir, qui a les mêmes goûts .»

Catherine Robbe-Grillet, considérée comme l’une des maîtresse SM françaises les plus connues, insiste sur le fait que « la vie érotique n’a rien à voir avec la vie sociale. Une femme peut être une femme de pouvoir dans la vie réelle et avoir envie d’être esclave dans sa vie érotique. »

Le succès du roman s’étend. En effet, un film pourrait se faire. En mars de cette année, Universal a acquis les droits du roman et Bret Easton Ellis se serait même proposé pour écrire le scénario. Selon le Figaro, Emma Watson ou Elisabeth Olsen pourrait y jouer le rôle d’Anastasia, la protagoniste.

Tout autre phénomène en vogue : « Fifty shades of Grey », proclamé déclencheur de baby-boom à venir dans les pays anglo-saxons, aurait au contraire causé la séparation d’un couple britannique, premier d’une longue série. Une femme de 41 ans aurait, selon le Mail on Sunday, demandé le divorce à son mari sous prétexte qu’il ne souhaitait pas s’adonner aux pratiques sexuelles décrites dans le roman. Affaire à suivre !

« Fifty Shades Darker » et « Fifty Shades Freed », déjà publiés en anglais, seront en vente d’ici à l’année prochaine en France et en Suisse. La suite au prochain épisode !

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MAD.I

Photos : Marie Baldi
Théâtre

Le monde, une aventure…

 

Au théâtre du Palace de Bienne, on a voyagé, et qui plus est Nicolas Bouvier nous a fait voguer dans l’Orient d’un temps.

Jeune homme de 23 ans l’auteur, photographe, poète et toujours assoiffé de découverte, décide de partir avec son compère Thierry Vernet dans une Fiat Topolino sur les routes qui mènent aux Indes. Dès son retour en 1963 né son premier ouvrage «L’usage du monde», un livre devenu culte parmi ceux des écrivains voyageurs.

Cette mise en scène signée Dorian Rossel est émouvante et sensuelle. Elle nous replonge dans un monde fascinant avec la force du récit d’un esprit aventurier. Cette œuvre est magnifiquement représentée par la compagnie STT.

Sur les planches, des tables couvertes de tissus. Le tout est dans un équilibre bien programmé. Ce sont comme des étapes de la vie sur lesquelles les acteurs se déplacent avec finesse et harmonie. Elles prennent tous leurs sens au cours de la pièce. Les comédiens les dévoilent au moment précis pour se protéger des caprices du temps. Le périple conclu, le décor prend alors des allures chaotiques par la force de la fatigue et…  «à la descente de la pédanterie».

Sur scène cinq comédiens et musiciens hors pairs. Ils sont empreints d’une concentration rigoureuse et pleine de sentiments à chaque récit. Les dialogues sont réussis. On respire avec émotion la confrontation intérieure des voyageurs dans l’exploration du monde, « Chez nous la vie se forme dans les institutions ». Dans leurs aventures, la musique rentre en scène pour nous enchanter dans un monde oriental plein de douceur. Le récit sonore est  ce qui nous transporte dans les réalités de ces pays exotiques.
Petit à petit les lumières s’éteignent dans la salle et comme par magie deux minuscules phares transportent le public dans la petite Topolino pour continuer le voyage. Un tour de passe-passe inespéré. Soudainement, la réalité touche son comble sur une phrase poignante « Comment peut-on expliquer ce qu’on ne ressent pas? »

Ce voyage ouvre l’imaginaire des spectateurs et les invite à reprendre l’esprit aventurier qui niche en chacun d’eux.

A propos imaginaire, savez-vous, qu’est-ce qu’un château blanc sans porte ?