Édito

Quand les énergies font court-circuit : pas de motivation

Ne nous voilons pas la face, motivation rime avec : envie, projection dans le futur, engagement, etc. En ce qui concerne le temps présent, il y a peu de quoi se ressourcer pour enclencher le système qui propulse les rouages de la motivation…

La démotivation augmente dans toutes les couches sociales et à son passage elle, n’épargne aucun âge.
Tenter de théoriser sur une biologie de la motivation est une entreprise risquée. Les théories psychologiques, voire philosophiques de la motivation sont nombreuses et trop vastes pour les mettre en pratique dans nos vies de tous les jours.
Deviendrons-nous des espèces de marionnettes, déconnectées les unes des autres, devant notre avenir ?

François, Antoinette, Jean et bien d’autres avaient leurs têtes pleines des projets et ils voulaient rentrer en action dans le monde des adultes mais, ils ont eu à se confronter aux adversités de plus en plus complexes de notre société.
Entreprendre ou bien continuer une activité, des études, le travail… ce n’est plus donné à tout le monde. Il y a des facteurs contraignants devant lesquels on ne peut rien faire.
La détresse gagne la plupart des jeunes et moins jeunes qui pourtant essaient d’être motivés et poursuivre leur petit bonhomme de chemin.
La cassure de mœurs, des valeurs et de la morale anesthésient le processus chimique qui provoque l’état de motivation, composante essentielle pour s’activer, envers  un projet de longue ou courte durée.
L’individualisme, dont on est fier de l’avoir assimilé, ne nous permet pas de réunir nos énergies et générer une dynamique, la motivation, vers un but donné.
La globalisation ne veut pas des individus motivés, ce système mise en place nous détourne vers un univers chaotique et plein de pièges. Les mots clefs pour survivre dans l’environnement sont : subir les règles et se taire.
Oui, la motivation est devenue un met rare, que seule une élite peut se permettre de gouter.

V.Va

Théâtre

Arsenic et vieilles dentelles : « un verre de vin ? »

Deux petites vieilles, des froufrous, des dentelles, un peu d’arsenic et le tour est joué ! La pièce à succès des années 40 de Joseph Kesselring est remise au goût du jour grâce à la troupe « Les Amis du Boulevard Romand ». Amateurs et amatrices d’humour noir, d’ambiance morbide…le cercueil vous est grand ouvert.

« Les Amis du Boulevard Romand » ont présenté au théâtre du Passage à Neuchâtel « Arsenic et vieilles dentelles » à la sauce helvético-Locloise. Etonnant pour une pièce de Joseph Kesselring tout comme la mise en scène délirante de Jean-Charles Simon qui ne laisse aucun répit au spectateur. Rires et frissons garantis !

Adaptée au cinéma par Frank Capra en 1944, cette parodie des films d’épouvante des années 40 est tout bonnement hilarante. Vincent Kohler est Lydia et Pierre Aucaigne Marthe, deux vieilles sœurs qui louent une de leurs chambres à de vieux hommes de passage. Ces derniers n’ont plus aucune attache familiale. C’est pourquoi elles ont pour honorable but de les « soulager » dans leur existence. Peut-être même un peu trop.

Leur premier visiteur décède sous leurs yeux d’un infarctus, c’est LA petite inspiration qu’il leur fallait. S’enchaînent alors les petits meurtres au doux mélange de vin et d’arsenic jusqu’au jour où leur neveu, Gabriele, découvre deux cadavres, l’un dans la banquette, l’autre dans le frigo : « Thierry n’a pas eu le temps de les descendre à la cave ! ».

Thierry est le second de leurs neveux, un gentil garçon qui n’a plus toute sa tête. Il vit, au sens propre, toutes ses lectures : de Napoléon à Hitler, sans oublier Mussolini et Göring, en passant par Bush et Barack Obama, il est tous ces personnages historiques à la fois. Un défilé surprenant, désopilant qu’interprète à merveille Thierry Meury. L’hilarité et le macabre ne seraient pas au rendez-vous sans le troisième et criminel neveu, Laurent, et son acolyte le Dr. Einstein.

Citoyennes modèles aux yeux de leurs voisins, les deux sœurs Aeschlimman cachent bien leur jeu…mais plus pour longtemps.

Cette pièce fait rire mais réfléchir aussi. Une des problématiques abordées est la criminalité. La question que se pose le metteur en scène et comédien Jean-Charles Simon est la suivante : « existe-t-il un gène de la criminalité ? ». D’après lui, l’œuvre de Joseph Kesselring confirme ce questionnement. En effet, toute la famille Aeschlimman, des grandes tantes au troisième de leurs neveux, ont des pulsions quelque peu meurtrières, dira-t-on. Plus particulièrement Laurent, criminel traqué par la police, qui change de visage comme de chemise.

Autre point d’interrogation : est-ce un acte louable d’ôter la vie à de vieux hommes « misérables » ? Ou un homicide pur et dur ? La réadaptation de la pièce a lieu au Locle, pas très loin d’un EMS : coïncidence ? Non. Là aussi, c’est un des nombreux problèmes sociaux qui est soulevé. L’aide au suicide, cette prise en charge de la mort, est-elle réellement un acte de solidarité ? Ambiguë n’est-ce pas, tout comme ce petit cercueil entrouvert dominant le décor…une subtile touche de macabre parmi ces biscuits et froufrous, un peu comme l’arsenic au milieu du vin.

Quelques images de la pièce ici : http://www.theatredupassage.ch/spectacle-123-514

C.

Photo : Cindy Fournier