Théâtre

Quartier lointain : une seconde enfance où passé et présent ne font qu’un

« Au départ, il y a une erreur, une étourderie : Hiroshi, le personnage principal de Quartier lointain, se trompe de train en gare de Kyoto. »[1] Une simple « erreur d’aiguillage » mais aussi « un malentendu fondamental ». Dorian Rossel, metteur en scène suisse, a adapté au théâtre le manga Quartier lointain de Jirô Taniguchi. Un voyage en train, un voyage dans le temps. Et vous, que changeriez-vous ?Dorian Rossel s’est approprié le manga de Jirô Taniguchi publié en 1998 et récompensé par le prix d’Excellence du Festival des arts médias de l’Agence pour les affaires culturelles au Japon, catégorie manga. Le mangaka est aussi distingué du prix Alph-Art du meilleur scénario pour le premier tome de Quartier lointain au Festival d’Angoulême en 2003.

En effet, le metteur en scène suisse sait jouer avec le temps et l’espace. Aucun repos, ni pour l’œil, ni pour la conscience. Le ton est donné dès la première scène : les comédiens, au nombre de six, accompagnés de deux musiciennes, vont et viennent avec leurs serpillères et laissent derrière eux une scène humide, propre, nouvelle. L’illustration peut-être d’un voyage dans le temps, d’un va-et-vient de l’enfance. Une enfance enfouie mais fidèle, prête à refaire surface dans une vie à tout moment. A chacun son interprétation.

Le temps et l’espace

Le temps est l’élément essentiel de la pièce : Hiroshi, âgé de 48 ans, après s’être trompé de TGV à Kyoto, retrouve le corps de ses 14 ans mais garde les yeux d’un homme de 48 ans. Son père, sa mère, sa petite sœur, sa grand-mère, son chien, tous sont présents à ses côtés. Est-ce une seconde chance ? Une opportunité de changer le passé afin de modifier le présent ? C’est un regard neuf qu’il pose sur son enfance avec la volonté de l’améliorer. Hiroshi tente d’atteindre la perfection dans sa vie alors qu’au fond, une vie sans imperfection n’en est plus une. Il devient alors le sujet d’une prise de conscience qui se termine par une réconciliation, celle-là même avec l’abandon de son père. En effet, il est obsédé par la disparition de ce dernier. Il n’a de cesse de découvrir les raisons de cet événement qui bouleversa sa vie. Les jours passent et le passé d’Hiroshi n’est plus ce qu’il était. Comme si le passé pouvait devenir présent en l’espace d’un souffle, d’une prière, celle d’Hiroshi au cimetière où est enterrée sa mère. Là où débuta sa seconde enfance.

Le temps puis l’espace. Dorian Rossel n’est pas en reste en ce qui concerne le décor : « dans la BD comme dans la Commedia dell’arte l’émotion doit être visible avec le corps. » [2] Chaque détail compte. Les plans se superposent les uns les autres et l’espace scénique est quasi « envahi » par les comédiens. La lumière, essentielle dans cette pièce, est claire mais sans artifice : un substitut de la conscience d’Hiroshi.

Sentiment de « Déjà-vu »

L’auteur fait régulièrement vivre à ses personnages l’expérience de la lucidité. C’est un peu la « pensée de midi » d’Albert Camus où le soleil aveugle mais éclaire à la fois. Cela est subtil, léger, comme diaphane dans la pièce. Au spectateur de se laisser porter dans cette dimension de « l’entre-deux », là où se rencontrent rêve et réalité. Place aussi à la remise en question de toute une vie, celle d’Hiroshi où la mélancolie de l’enfance lui permet de repenser son présent.

Dans cette pièce, le spectateur assiste alors à la douce et bouleversante rencontre d’hier et aujourd’hui. « Quand à la fin, vient le temps de la confession du héros, on sent chacun respirer. Le silence autour des mots est alors aussi beau que l’envol vers une renaissance, celle-là même dont Quartier lointain nous parle. » [3]

C.

[1] D’après Le Passe-plat du théâtre du Passage de Neuchâtel

[2] Propos de Dorian Rossel : http://www.supertroptop.com/quartier/importsquartier/quartierRP/quartier_lointain_2011_10_05_critique_express.pdf

[3] Le Monde – 30 septembre 2011

 

Pour les curieux

Quartier lointain, intégrale, manga de Jirô Taniguchi, éditions Casterman, 2006

Reportage et extrait de Quartier lointain dans l’émission « Dare-Dare » (Espace 2) 15.12.2011 http://www.rts.ch/audio/espace-2/programmes/dare-dare/3617856-quartier-lointain-de-dorian-rossel-au-theatre-vidy-lausanne-15-12-2011.html

Reportage et extrait de Quartier lointain dans l’émission « La commedia della mattina » (France inter) 30.10.2011http://www.supertroptop.com/quartier/importsquartier/quartierRP/quartier_lointain_2011_10_30_la_comedia_della_matina_france_inter.mp3

Images de la pièce au théâtre du Passage http://www.theatredupassage.ch/spectacle-126-540

Eclairage

Mythes et réalités du végétarisme

 

Mythe : Etre végétarien, c’est meilleur pour la santé :

Réalité : Le végétarisme possède la réputation d’être plus sain, car la viande rouge contient beaucoup de graisses saturées et de cholestérol. De multiples études scientifiques ont prouvé que ces derniers contribuent à la hausse des maladies cardiovasculaires dans les pays industrialisés. Le régime végétarien serait donc meilleur pour la santé. Néanmoins, une alimentation végétarienne mal équilibrée peut être tout aussi néfaste qu’une alimentation presque exclusivement carnivore. Nombre de végétariens remplacent la viande par des œufs, du fromage et autres produits laitiers qui contiennent tout autant de matière grasse saturée que la viande ou, pire encore, suppriment simplement la viande de leur repas sans la remplacer. Pour qu’un régime végétarien soit bon pour la santé, il est très important qu’il soit équilibré et surtout varié. D’ailleurs, pour rendre leur alimentation encore plus saine, beaucoup de végétariens optent également pour des aliments pauvres en graisse, en caféine, sucre, alcool et de nature biologique. Ne pas manger de viande tout en continuant de manger deux paquets de bonbons par jour ne va pas améliorer la santé de quiconque.

Mythe : Les végétariens sont tous des fanatiques de la cause animale :

Réalité : il y a une multitude de raisons qui poussent les gens au végétarisme.  En effet certaines personnes sont végétariennes car elles ne veulent pas manger d’animaux qui sont, dans la plupart des cas, élevés dans des conditions inimaginables. Un autre facteur décisif pour certains est le fait que l’on doit utiliser plusieurs millions de tonnes de nourriture pour nourrir des animaux qui servent exclusivement à nous alimenter alors même que des millions de personnes meurent de faim dans le monde. Toute l’énergie et  l’argent dépensés pour élever des animaux  « comestibles » pourraient rendre beaucoup de services dans d’autres domaines. Le bilan écologique de cette production est également négatif.

Bien des végétariens optent pour cette alimentation  en raison de facteurs de santé, car un régime végétarien équilibré peut être plus sain qu’un régime omnivore. D’autres le font car leurs croyances religieuses leur interdit de manger de la viande ou seulement de certaines espèces tel que le porc.

Mythe : Les végétariens mangent tous des œufs et des produits laitiers.

Réalité : Il existe différents types de végétarisme : Une majorité des végétariens sont ce qu’on appelle des « lacto-ovo végétariens » ; ils consomment donc bien des produits laitiers et des œufs. Mais d’autres sont « ovo-végétariens » ou « lacto-végétariens » et mangent soit des œufs ou des produits laitiers mais pas les deux. La forme la plus restrictive du végétarisme est le végétalisme qui consiste à ne manger aucun aliment provenant d’animaux, c’est-à-dire, non seulement pas d’œufs ni de produits laitiers, mais également pas de miel, d’ovomaltine, de bonbons aux graisses animales comme les « Haribo » ou quoi que ce soit qui pourrait en contenir. Certains vont encore plus loin et en font un mode de vie à part entière, n’utilisant même pas de vêtements faits en laine de moutons. Depuis peu on entend beaucoup parler d’un nouveau phénomène de mode, le flexitarisme. Ce sont des personnes demi végétariennes qui mangent occasionnellement du poisson ou du poulet, ou même de la viande rouge  mais qui gardent un régime végétarien la plupart du temps.

Mythe : Les végétariens doivent manger plus de légumes qu’un carnivore:

Réalité : Effectivement les végétariens mangent de manière générale plus de légumes, car ce sont des bonnes sources de différents minéraux et vitamines. Pourtant lorsqu’on compare la pyramide alimentaire omnivore ou classique et la végétarienne, l’on s’aperçoit que toutes deux recommandent exactement le même nombre de portions de légumes par jour. Malheureusement, beaucoup de personnes omnivores ne suivent pas leur pyramide alimentaire, ce qui créé l’impression que les végétariens mangent plus de légumes.

Mythe : Les végétariens ne consomment pas assez de protéines.

Réalité : En effet, si comme certains semblent croire, les végétariens ne consommaient que des légumes, un manque de protéines pourrait se manifester. Il existe toutefois toutes sortes de bonnes sources de protéines végétales telles que des produits à base de soja comme par exemple le tofu, toutes sortes de légumineuses ou encore de graines comme le quinoa, sans compter les protéines provenant de produits laitiers et/ou œufs. Un régime végétarien avec un manque de protéine est très rare.

Mythe : Les végétariens ont plus de carences de fer :

Réalité : Des études ont démontré un taux de carence en fer tout à fait similaire entre les végétariens et les omnivores. En effet, la viande rouge est la meilleure source de fer que l’on connaisse, mais il y a toute une variété d’aliments végétariens qui en contiennent également et qui sont beaucoup plus sains et pauvres en graisses que la viande comme par exemple les graines de soya, les épinards, les lentilles, les raisins et abricots secs. Il faut néanmoins manger  une quantité assez importante de ces aliments  pour arriver à la même quantité de fer qu’en consommant de la viande rouge. Ceci peut être un problème  dans les périodes de la vie où des carences en fer peuvent se manifester rapidement: chez les enfants, chez les femmes réglées et chez les femmes enceintes. Par ailleurs, le fer provenant de plantes est beaucoup moins bien absorbé que le fer de provenance animale. Un bon moyen pour « booster » l’absorption est de consommer des aliments riches en vitamine C en même temps que ceux riches en fer. Le jus d’orange par exemple triple la proportion de fer absorbée. Par contre, les aliments riches en calcium diminuent la quantité de fer absorbée par le corps. Il est recommandé d’éviter de manger des produits laitiers avant, pendant et juste après son « repas fer ».

Mythe : Manger végétarien fait perdre du poids.

Réalité : Ne pas manger de viande ne devrait pas en soi entrainer de perte de poids à moins que l’alimentation ne contienne plus suffisamment de calories. Ceci qui peut vite arriver aux personnes mal préparées et informées et peut être très dangereux pour leur santé.

Finalement, le régime végétarien n’est pas nécessairement beaucoup plus sain qu’un régime omnivore. Sans se préparer correctement, devenir végétarien peut même être plus mauvais pour la santé que de manger de la viande. Mais pourquoi ne pas se laisser tenter quand même et essayer juste quelques jours ? Après tout, si l’on refuse de manger de la viande de chat ou de chien pourquoi mange-t-on celle de veau ou de poule ? Sans compter le nombre de personnes qui meurent chaque jour de faim alors que l’on dépense des millions à engraisser des animaux pour les abattre.

Seka