Eclairage, Economie

Quand l’innovation suisse s’achète au prix fort

Championne des brevets, la Suisse cultive une image d’inventeurs géniaux. Mais dans les coulisses, l’innovation se joue aussi à coups de rachats stratégiques.

Derrière les milliers de brevets déposés chaque année, se cache une question simple et dérangeante : qu’est-ce qu’innover, au fond ?
On vante souvent la Suisse comme un pays d’inventeurs : laboratoires prestigieux, ingénieurs brillants, brevets déposés par milliers. Mais derrière cette image d’Épinal se cache une autre réalité, plus discrète : de nombreux grands groupes helvétiques n’ont pas bâti leur succès uniquement sur la recherche interne. Dès les années 1980 déjà, certains dirigeants expliquaient qu’il coûtait moins cher d’acheter une petite entreprise innovante que de financer un lourd département de développement. Une stratégie qui soulève une question toujours actuelle : l’innovation, est-ce la capacité à inventer soi-même… ou à savoir repérer et acquérir l’invention des autres ?

Une invention peut par exemple consister en un nouveau produit, en une méthode, un procédéde fabrication, etc.
Le critère de nouveauté est absolu ; toute divulgation publique de l’invention, même orale et même par son inventeur, empêche sa brevetabilité ultérieure. Il est donc essentiel de maintenir l’invention absolument confidentielle jusqu’au dépôt de la demande de brevet. L’invention ne doit pas être banale et ne doit pas pouvoir être obtenue par une démarche évidente. Toutefois, l’activité inventive exigée pour l’obtention d’un brevet est modérée ; les grandes inventions sont rares, et la mutation technologique est généralement affaire de petits pas successifs. Lorsqu’une telle avancée, même relativement simple, apporte un avantage concurrentiel à son initiateur, l’entreprise devrait réfléchir à l’opportunité de la monopoliser par un brevet ou par un autre type de protection adéquat. (Source : P&TS SA Neuchâtel et Zurich)
 

Bien des grands hommes se sont penchés sur le mécanisme de l’innovation qui n’est pas réservé à une élite sortant de grandes écoles, par exemple :
« La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse. » – Albert Einstein

« Innover, ce n’est pas avoir une nouvelle idée, mais arrêter d’avoir une vieille idée » – Edwin H. Land (fondateur de Polaroid)

 « L’innovation est l’arme spécifique de l’entrepreneur » – Peter Drucker

« Innover, c’est détruire cej qui existe pour créer ce qui n’existait pas » – Joseph Schumpeter

 « L’innovation distingue le leader du suiveur » – Steve Jobs

« Le plus grand risque est de ne pas en prendre » – Mark Zuckerberg

Le tissu industriel suisse repose avant tout sur les PME pour 90% ; elles qui ne cessent d’innover, par de nouveaux produits ou par des procédés industriels novateurs. Pour ces entreprises il s’agît ici de leur survie. On y trouve des propriétaires inventifs, même s’ils ne sortent pas des grandes écoles. Ils sont à l’écoute de leurs clients et du développement du marché.

Aujourd’hui encore, la Suisse est une championne mondiale des brevets par habitant (près de 10 000 en 2024). Derrière ce chiffre se cache une réalité hybride :
Une forte recherche publique (ETHZ, EPFL, universités, hôpitaux) qui alimente des startups, et une culture d’acquisition où beaucoup de grandes entreprises suisses (pharma, chimie, ingénierie, horlogerie, IT) ont effectivement adopté ce modèle dès les années 1980-1990.

Au lieu de financer de lourds départements R&D internes, elles repèrent des startups ou PME hyper innovantes, puis les rachètent, avec leurs brevets, leurs ingénieurs et parfois leur marché niche. C’est une sorte de R&D externalisée.

C’est une logique implacable, qui correspond à une Économie moins coûteuse que maintenir des équipes de recherche internes à long terme.
Une rapidité avec accès immédiat à des technologies déjà testées.
Une réduction du risque, si une petite boîte échoue, c’est elle qui porte le risque initial, pas le grand groupe.
Un contrôle stratégique, en acquérant les brevets, l’entreprise verrouille le marché et coupe l’herbe sous le pied des concurrents.

Cette stratégie a façonné le paysage industriel helvétique : une recherche publique de haut niveau, un tissu de PME inventives, et des multinationales promptes à racheter ce qui marche.
En Suisse, l’innovation se protège par des brevets… mais se gagne surtout par des choix stratégiques.
C.G.

Eclairage, Société

Chiens, chats & Cie : quand les animaux boostent notre santé

Et s’il suffisait d’un regard tendre, d’un pelage doux et de quatre pattes pour aller mieux ? Les animaux de compagnie ne sont pas seulement des boules de poils attendrissantes : ils sont aussi de véritables alliés pour notre santé physique et mentale. Tour d’horizon des bienfaits scientifiquement prouvés.

Il suffit d’observer un maître et son chien en balade pour comprendre : les animaux nous poussent à sortir, à bouger, à respirer. Ce simple rituel quotidien permet souvent d’atteindre sans effort les 150 minutes d’activité physique hebdomadaire recommandées par l’OMS. À la clé : une réduction du risque cardiovasculaire, un système immunitaire renforcé, et même une meilleure gestion de maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension.

Une étude suédoise a même montré que vivre seul avec un chien diminuait de 33 % le risque de mourir prématurément d’une maladie cardiovasculaire. Et selon une méta-analyse regroupant les données de plusieurs décennies (1950-2019), les propriétaires de chiens présentent un risque global de décès prématuré réduit de 24 %.

Le contact précoce avec les animaux n’est pas en reste. Chez les tout-petits, vivre aux côtés d’un chien ou d’un chat dès la première année contribue à réduire les risques de maladies respiratoires. Mieux encore : la présence animale favorise la diversité du microbiote intestinal, notamment grâce à des bactéries bénéfiques comme Ruminococcus et Oscillospira. Une véritable cure de santé… en peluche vivante.

Au-delà des effets physiques, les animaux jouent aussi un rôle précieux dans notre vie sociale. Les chiens, en particulier, facilitent les rencontres : au parc, chez le vétérinaire, en promenade… Les échanges entre maîtres se font naturellement. Un lien social précieux, notamment pour les personnes isolées ou âgées.

Caresser un animal, sentir sa chaleur, entendre le ronronnement d’un chat… Ces instants de tendresse ont un effet direct sur notre organisme. Fréquence cardiaque qui ralentit, pression artérielle qui diminue, ocytocine en hausse : les symptômes du stress fondent comme neige au soleil. Ces moments de calme et de réconfort agissent comme un rempart contre le burn-out ou l’anxiété chronique.

Pour les personnes âgées, malades ou isolées, un animal peut devenir une véritable raison de vivre. Il faut nourrir, sortir, soigner, même les jours sans énergie. Cette responsabilité redonne du sens, structure le quotidien, rompt la solitude. Et les animaux, dotés d’un instinct parfois troublant, savent venir se blottir au bon moment, en silence, quand les larmes montent ou que les forces manquent.

La relation homme-animal s’invite aussi dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les centres de soins. Des chiens, des poneys, voire des alpagas spécialement formés interviennent auprès d’enfants ou d’adultes en situation de handicap. Résultats : motricité améliorée, concentration accrue, confiance retrouvée.

Dans certains établissements, une simple volière avec des oiseaux suffit à redonner le sourire à des résidents. Une étude menée à l’Université d’Eichstätt-Ingolstadt en Allemagne a démontré que le simple fait d’observer des perruches améliore la satisfaction de vie et stimule les capacités cognitives des personnes âgées dépendantes.

Un animal, ce n’est pas qu’un distributeur de bonheur. C’est aussi un être vivant avec des besoins, des frais, des contraintes. Nourriture, soins vétérinaires, accessoires : tout cela a un coût. Et si les charges deviennent trop lourdes, le bien-être du maître comme celui de l’animal peut en pâtir.

Heureusement, des associations comme les Tiertafeln en Allemagne (banques alimentaires pour animaux) apportent un soutien précieux aux propriétaires en difficulté. Car la relation avec un animal n’a pas de prix ; surtout pour celles et ceux pour qui il représente bien plus qu’un compagnon : un confident, un soutien, une raison d’espérer.
V.vA