L’engagement politique au féminin

C’est officiel. Depuis les élections fédérales du 18 octobre dernier, le Parlement suisse n’a jamais été aussi féminin. Pour autant, la parité est loin d’être atteinte. Par rapport à leurs collègues masculins, les femmes sont encore minoritaires. Pourquoi sont-elles sous-représentées en politique ? Comment faire pour les encourager à s’engager ? Deux politiciennes nous ont répondu.

Photo: KEYSTONE

Désormais, Le Conseil national est composé à 32% de femmes. C’est la plus forte représentation depuis l’introduction du suffrage féminin, en 1971. Cette hausse est cependant à relativiser. Dans d’autres cercles politiques, la représentation féminine diminue. L’exemple le plus flagrant : le Conseil des États. En 2003, il était composé à 24 % de femmes. Aujourd’hui, elles constituent à peine 15% de la chambre haute du Parlement. À Neuchâtel, le constat est sans appel. Les 6 sièges dont dispose le canton au total sont tous occupés par des hommes.

Face à ces résultats contradictoires, nous sommes allés interroger deux politiciennes. La première, Sonia Barbosa, était candidate cette année au Conseil national sur la liste des jeunes libéraux-radicaux de Neuchâtel (JLRN). La deuxième, Katia Babey, est membre du Conseil général de la Chaux-de-Fonds. Candidate du parti socialiste (PS) à trois élections fédérales consécutives, elle a décidé de ne pas se représenter cette année.

Une question de génération

La raison de cette disparité hommes-femmes ? Elles s’accordent à dire que c’est une question de génération. « Le rôle trop encastré de la femme au ménage avec les enfants était encore d’actualité par le passé. Une fois cette ancienne génération mise en dehors de notre paysage politique, la représentation féminine devrait augmenter », selon Sonia Barbosa. Tout n’est pas gagné pour autant. Pour Katia Babey, il reste difficile de nos jours pour une femme de cumuler implication politique, vie professionnelle, et vie familiale. Autre barrière : « Les femmes, ainsi que les jeunes, votent moins que la vieille génération » ajoute-t-elle.

Le clivage gauche-droite vaut également pour la représentation féminine. Ainsi, le PS et les Verts ont les délégations les plus féminines. Le PBD et l’UDC, au contraire, se retrouvent en queue de peloton. Interrogée sur la raison de cette disparité, la PLR Sonia Barbosa répond : «Les partis de gauche imposent la parité dans leurs listes électorales. Personnellement, je préfère avoir mérité ma place au même titre que les hommes. » La PS Katia Babey rétorque qu’il s’agit plus d’une volonté de parti : promouvoir l’égalité. « Il n’y a aucune obligation, ni aucun nombre fixe d’élues à atteindre. Les femmes inscrites sur les listes le sont grâce à leurs compétences et leur envie d’y figurer. »

Donner leur chance aux jeunes

Comment encourager les femmes à s’engager? A cette question, la PLR et la PS tombent d’accord. Tout d’abord, il faut intégrer les jeunes autant que les femmes à cette nouvelle génération politique. Ensuite, commencer à l’échelle locale, conseillent les deux politiciennes. « Les communes manquent cruellement de personnes », rappelle Sonia Barbosa. Pour la jeune PLR, il s’agit surtout d’améliorer l’image de la politique en montrant qu’elle est ouverte à tous. Elle entend trop souvent dire de la politique : « c’est un monde de loups, d’hommes, de vieux ».

Inciter les femmes à persévérer en politique est aussi important. Selon Katia Babey, c’est aux personnes plus expérimentées du parti de coacher les jeunes politiciennes. « Il faut leur donner confiance, leur attribuer des dossiers importants. D’un autre côté, leurs occupations professionnelles et familiales prennent souvent le pas à un certain moment de leur vie. Donc, leur laisser la liberté de refuser certaines fonctions. Mais ne pas les oublier par la suite, quand elles ont plus de temps à consacrer à la politique ». Un outil concret qui existe dans son parti : une formation à l’expression orale. Celle-ci est également ouverte aux hommes, mais vise en priorité les femmes, pour les préparer à faire des apparitions dans les médias. Autre disposition : le remboursement des frais de garde durant les séances au Conseil général. Cela profite aux mères, autant qu’aux pères. L’instigatrice de ce coup de pouce : la Ville de la Chaux-de-Fonds. En bref, la représentation des femmes en politique s’améliore, quoique lentement. C’est à la fois aux individus, aux partis politiques, et aux collectivités publiques, de démontrer leur volonté de changement, pour que celui-ci ait lieu
D.E.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *