Depuis quelques années, de petites caissettes multicolores s’installent peu à peu dans les coins des rues des grandes villes dont celle Neuchâtel. Il s’agit des fameuses boites à troc constituant des boites d’échanges de biens de toutes formes entre voisins.
Photo: Aliou Tambadiang
Le troc fait référence au début à une opération économique par laquelle chaque participant cède la propriété d’un bien pour recevoir un autre bien. Ceci avant l’usage de l’argent. C’est tout le sens maintenant des boîtes à troc disséminées dans des quartiers de certaines villes. Souvent portant la mention : ne jetez plus…donnez ; les boîtes à troc sont des lieux d’échanges constant de biens de natures différentes entre les riverains. Chacun y est autorisé de déposer tout objet dont -il n’utilise plus et pouvant aider autrui à s’en servir. Tout est gratuit et les échanges se font dans la plus grande discrétion. On y passe soit pour déposer ou prendre quelque chose qui peut nous être utile. Ces caisses d’échanges sont économiquement utiles, car elles peuvent aider les gens à faire parfois des économies d’argent au lieu d’aller d’acheter un objet.
Les boîtes à troc sont des domaines autogérés. Elles sont installées par des associations ou même par des Communes comme celle de Neuchâtel, pour créer une forme de solidarité et d’échanges entre les citadins. C’est aussi un moyen de réduire les déchets sinon de prolonger le cycle d’usage de certains produits, ce qui ne cache pas un moyen quelconque de lutte contre la pauvreté.
Pour le cas spécifique de la ville de Neuchâtel, il faut dire que la première expérimentation publique des boîtes à troc est venue de l’Association des jeunes socialistes (JSN), s’inspirant de l’Association Tako de Genève. Avec le succès de leur boite installée dans le « Jardin anglais », juste à quelques encablures du Casino, la ville de Neuchâtel s’est elle aussi emparée de cette initiative en mettant en place un réseau de boites en plusieurs endroits de la ville. Il y’a eu également la contribution du Parlement des jeunes et des associations de quartier. Tout le monde apprécie l’importance de ces boites dans la cité. C’est aussi une forme de développement un lien social et culturel entre les habitants.
Les contenus des boîtes à troc que nous avons visité sont souvent composés de livres, Cds, DVDs, jouets, magazines, de matériel de cuisine et aussi d’habits et de chaussures. Ce sont tous des produits en bon état pouvant encore servir à leurs propriétaires pour quelques années. Les boîtes à troc ne font aucune mesure spécifique de gestion et de contrôle par ceux qui les ont installées. Il revient donc à chaque habitant de reconnaître leur utilité à la collectivité et donc de ne pas faire d’abus sur les lieux. C’est pourquoi, il est presque rare d’y trouver des produits pourrissables ou d’autres produits alimentaires qui peuvent nuire à la qualité des lieux.
En décembre 2014, la ville de Neuchâtel a inauguré cinq nouvelles boîtes à troc signées par les élèves de l’Académie de Meuron et par des artistes de la région, comme les frères Rabus et Mandril. Venant s’ajouter aux six autres boîtes déjà présentes dans la ville, ces nouvelles caissettes de dépôt constituent « un exemple jouissif de durabilité », avait déclaré la présidente du Conseil communal Christine Gaillard.
En été dernier, les boîtes à troc ont pris une autre envergure avec des associations dont l’Alternative étudiante durable (A.E.D), gérant un local dans le sous-sol de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université de Neuchâtel. Les étudiants ont eu l’idée d’ouvrir un magasin gratuit temporaire dans une maison inoccupée sur la rue de la Maladière baptisée « Narvale ». Après la destruction du bâtiment par son propriétaire pour le transformer en garage, le magasin a été déplacé dans un autre lieu à la Rue de la Matile 67, afin de poursuivre cette action de solidarité et de partage entre les siens. Cette association estudiantine ouvrant dans la solidarité, a elle aussi inauguré une nouvelle boîte à troc en été dernier dans la zone de l’Université, sur la rue Abram Louis Breguet. Pour sa présidente, Mademoiselle Louise Wehrli, les boîtes à troc servent « d’intermédiaires » entre les habitants. Il s’agit, selon elle, « d’une série de dons dispersés dans le temps ».
Pour les quelques adresses utiles, des boîtes à troc sont installées au Jardin anglais, sur la rue de la Maladière 25, sur la Rue des Charmettes 26, sur la rue Clos de Serrières et à l’Hôtel de ville de Neuchâtel.
Tdiang