Le 10 décembre dernier est sorti en salle le dernier film de la trilogie du Hobbit. Treize ans après la sortie du premier de la saga, l’aventure se termine pour les héros de Tolkien, et c’est avec tristesse que les fans doivent dire adieu à la Terre du Milieu, même si, pour certains, cette fin marque plutôt un grand soulagement.
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La Bataille des Cinq Armées, titre du dernier volet du Hobbit, porte son nom à merveille. En effet, les deux heures et demi passées devant l’écran ne sont que combats et batailles titanesques opposant les différents peuples de la Terre du Milieu. Il est vrai qu’on ne peut pas trop en vouloir à Peter Jackson, qui a dû s’organiser pour transformer un livre de trois-cent pages en trois films de presque trois heures chacun. La production a sans doute jugé qu’il était préférable d’augmenter les bénéfices plutôt que de privilégier une adaptation réellement fidèle de l’histoire originale. Le réalisateur a donc été obligé de greffer au scénario des personnages pas toujours utiles à l’intrigue. L’histoire d’amour entre l’elfe Tauriel et le nain Kili en est la preuve. Elle dépasse totalement le monde fantaisiste imaginé par Tolkien pour tomber dans le ridicule, une sorte d’idylle à la Twilight. Pour rendre tout cela encore plus absurde, Legolas se voit, quant à lui, transformer en amoureux transi de la belle Tauriel, essayant alors de s’interposer entre les deux amants. Même s’il y avait besoin de prolonger l’aventure du Hobbit, cela ne justifie pas un scénario bancal à certains moments : il aurait été bien plus judicieux de réaliser deux films. Les dernières pages du livre écrites par Tolkien ne suffisent donc pas à créer un scénario plein de péripéties. En conséquent, dans ce dernier volet, les protagonistes ne voyagent presque pas au travers des différents paysages de la Terre du Milieu, alors que c’est précisément ce qui fait le plus rêver le spectateur. Dommage pour un ultime film dans ces contrées imaginaires.
Peter Jackson a tout de même réussi à enrichir la psychologie de certains personnages. On peut assister ainsi au dédoublement progressif de la personnalité du roi des nains, Thorin. Certains fans de la saga perçoivent même dans le titre un double sens : une bataille extérieure comme intérieure. Thorin doit faire face à une puissance maléfique qui le pervertit, ici le parallèle avec le Seigneur des Anneaux est frappant. Le déclin de Frodon causé par l’anneau se reflète dans la dégénérescence du roi des nains due au trésor maudit du dragon et à l’envie dévorante d’obtenir l’Arkenstone. Ce dernier sera aidé par un ami pour revenir à la raison, ici Bilbon à l’instar de Sam pour Frodon. Malheureusement, le personnage de Thorin est si bien travaillé que les scénaristes en oublient presque Bilbon, héros de l’histoire. Il passe au second plan et se contente seulement, la plupart du temps, d’assister aux batailles. Bien sûr, il lui arrive de participer aux différents moments d’action du film, mais ces scènes se font plus rares.
Il est une chose pourtant qu’on ne pourra enlever au réalisateur: ce sont tous les moyens techniques utilisés pour les effets spéciaux. C’est un véritable show en matière de technologie que le spectateur a sous les yeux. On retrouve ici le génie et la passion que Peter Jackson avait déjà insufflés au Seigneur des Anneaux. Les avancées technologiques dans le domaine cinématographique ont sans aucun doute aidé, mais le réalisateur réussit à rendre le spectacle tout à fait captivant, même si parfois il veut trop en faire. Effectivement, il multiplie les scènes de combats alternant duels et grandes batailles, mais le public reste toujours preneur. Le début du film, par exemple, sait immédiatement capter notre attention, offrant un spectacle saisissant avec le dragon Smaug qui enflamme les maisons des habitants de Lac-ville. Ainsi, malgré une intrigue loin d’être toujours sensée, les effets spéciaux surprennent et réussissent souvent à nous faire oublier ces incohérences.
Beaucoup d’avis divergent au sujet de ce dernier volet, tout comme sur l’entier de la trilogie d’ailleurs. Certains considèrent que cette trilogie est digne de la précédente ; d’autres n’y voient qu’une manière d’amasser plus d’argent. Cette trilogie ne relève certainement pas d’un classique, elle ne peut rivaliser avec celle du Seigneur des Anneaux ou les Stars Wars. Pourtant, elle est quand même une conclusion acceptable à ces épopées en Terre du Milieu. Il fallait inévitablement mettre un terme à cette histoire et si le film n’est pas des meilleurs, le dénouement arrive tout de même à arracher une petite larme aux fans déjà nostalgiques de laisser derrière eux la Terre du Milieu.
C.T