Escapade irlandaise

L’Irlande. Son simple nom évoque une ribambelle d’images dans nos têtes. Les espaces verts, les trèfles à quatre feuilles, l’océan, la musique, l’irish coffee, les falaises, les pubs irlandais. Récit d’un voyage au pays du Leprechaun. Photo : Manon Zazzali

Lorsque nous avons décidé de partir pour l’été, le choix le plus important n’a pas été la date, mais la destination. Il y en avait toute une liste pour nous tenter. Pourtant, un de nos plus grands rêves a toujours été de visiter une contrée dont on parle souvent dans les légendes, dans les livres, qu’on voit au travers des films comme quelque chose d’inexploré et pourtant de tellement conté et idolâtré. Le choix s’est presque imposé. Il n’a pas été long à prendre ; il s’est même révélé évident. Nous allions partir en Irlande.

L’avion se pose à Cork. Il fait aussi gris qu’à Genève. Aussi gris qu’à Londres, pour une courte escale. Mais rapidement, nous apprendrons à oublier la météo. La première chose qui nous marque se trouve sur un panneau d’indications, encore à l’intérieur de l’aéroport. photo 1 Naïvement, nous avons cru que l’Irlande avait pour seule et unique langue l’anglais. Erreur. L’anglais sert de sous-titrage à de drôles de mots, dont la plupart posent un soucis de prononciation. Il s’agit du Gaélique Irlandais. Nous apprendrons, au cours de notre escapade, qu’il s’agit là de la première langue officielle d’Irlande qui souhaite la conserver. Pour autant, il s’agit d’une langue peu usitée : seulement moins de 2% de la population la parle quotidiennement. En observant les caractères et les lettres avec tous ces accents, nous comprenons où Tolkien s’est inspiré sa « langue des elfes » ! Et vraisemblablement, ce n’est pas la seule chose qu’il ait pris d’ici. Nous montons dans le bus, et même le soleil sort pour saluer notre arrivée. Le trajet nous semble durer une poignée de secondes, tant nous restons la bouche ouverte, les yeux collés aux fenêtres qui nous renvoient des couleurs éclatantes comme au travers d’un kaléidoscope. Il y a du vert, du bleu, et encore du vert. Surtout du vert.

photo 2      Lorsque nous débarquons à Killarney, premier stop dans le Sud Ouest, la journée s’étire. Premier restaurant, premières déambulations, première Guinness (comme un rite de passage !), premiers contacts, première entrée dans un pub irlandais, premières écoutes des musiques. Elles sont là, à l’intérieur de chaque établissement et même au coin des rues. Il est vingt-deux heures mais il fait jour, les magasins sont encore tous ouverts. Ici, ils sont couche tard – lève tard : les fermetures sont aux alentours des 23h mais le lendemain, n’espérez rien trouver d’ouvert le matin ! L’image que nous garderons de Killarney est originale. Dans un savant mélange entre E.T. et Big Fish : des vélos suspendus dans le ciel. Partout et ce dans toute la ville ; de quoi donner une ambiance un peu mystique. Par contre, soyons d’accord : ils parlent anglais. Mais leur accent est si prononcé que nous pouvons nous poser des questions ! Le maîtrisant pourtant un minimum, il nous est, à l’aube de notre voyage, difficile de nous y faire.photo 3

Au lever, nous sommes courbaturées. Ils ont le sens du logis mais pas de la literie, visiblement. Mais cela n’a pas d’importance. Aujourd’hui, direction l’Ouest. Oui, le plus à l’Ouest du Sud Ouest. Nous allons attaquer ce qu’ils appellent ici le « Ring of Kerry ». Le bus s’enfonce à toute allure sur des routes qui deviennent plus sinueuses, plus étroites. N’oublions pas qu’ils conduisent à gauche, et que notre coeur rate un battement à chaque fois que le bus prend un rond point « à l’envers ». Le paysage devient plus rocailleux, le plat et les lacs de la veille cèdent la place à des vallons qui creusent le paysage. Mais à l’horizon, ce qui nous attire inlassablement est d’un bleu étincelant : l’océan. Le village dans lequel nous nous arrêtons premièrement porte le nom de Cahersiveen (ou Caherciveen, même eux ont du mal à s’arrêter sur une orthographe). Le premier mot qui nous vient à l’esprit est : petit. Petit, mais coloré. Les maisons, accolées les unes aux autres, sont toutes de couleurs différentes. Du cyan au citron criard, en passant par le rose bonbon.

photo 4Nous découvrons une chambre d’hôtes aux touches très british : les fleurs sur la vaisselle, les motifs sur la moquette. Ainsi qu’un petit déjeuner royal. Nous sommes accueillies comme des messies. Première sortie, le soleil est encore là ; à croire qu’on nous a menti sur les tendances météorologiques du pays ! Les chemins, les châteaux, les moutons et les vaches plus nombreux que les habitants, les ruines qui se dressent et qui font front face à la mer. Et cette mer là, croyez bien qu’elle n’a rien à voir avec la Méditerrannée ou notre beau lac de Neuchâtel. L’océan sauvage. Les vagues qui viennent s’échouer sur un sable gris mais fin. Nous y voyons des dizaines de méduses sans vie. Les rochers dominent autour, gardent la plage abandonnée comme un trésor. Un trésor que nous avons plaisir à parcourir, jusqu’à grimper en haut d’une falaise surplombant l’eau. D’ici, nous voyons l’écume dessiner des motifs rêveurs sur le tableau bleu. Le jour suivant se passe à vélo, à faire le tour de la Valentia Island pendant 25km. Des paysages toujours à la hauteur des attentes que nous avons, bien qu’à partir de ce troisième jour en terre gaélique, le ciel a décidé de faire honneur aux prévisions. La pluie ne nous a, alors, plus quitté. Mais autant dire qu’elle fait partie du décor.photo 5

À l’aube du 4ème jour, c’est vers Sneem qu’un autre bus nous amène. Village encore plus petit que le précédent. Pourtant il s’en dégage un charme étrange, avec des bâtisses bariolées et des devantures de cafés aux allures des seventies. Des hôtes plus engagés encore. « Si vous voulez voir de beaux paysages, je peux vous indiquer un itinéraire. » Et nous voilà parties. Seules dans des endroits si vastes où le plus choquant à nos yeux demeure le vide. L’absence de toute trace humaine, l’absence d’habitations, l’absence de tout. Juste les

vallons, les arbres immenses, les étendues émeraudes qui s’étendent à nos pieds. Encore un beau décor de film fantastique – nous n’aurions pas été surprises de croiser un quelconque personnage du Seigneur des Anneaux ou de Games of Throne, pour les connaisseurs !photo 6 photo 7

Mais le voyage n’est pas terminé. Après avoir découvert les beautés physiques de ce pays dont nous n’avons encore visité qu’un coin de la carte, nous allons, sans vraiment le savoir, découvrir que sa richesse ne se révèle pas seulement par ses paysages certes grandioses. Mais aussi par celle de la mentalité des gens, de ces Irlandais dont on nous parle tant. Prochaines destinations : Kilkenny pour finir par Dublin. Alors que nous quittons Sneem sous la pluie pour faire un arrêt à Cork pour une nuit, nous avons retenu une citation écrite sur la vitrine d’un restaurant, résumant parfaitement la suite : « If the sun shines in your soul, what does it matter that it rains outside ».

MaZ

Photos de Manon Zazzali

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