Pour que le casino reste un plaisir

Depuis le 13 décembre 2013 se tient au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel (MAHN) l’exposition « Argent – Jeux – Enjeux ». Réalisée notamment en partenariat avec le Casino de Neuchâtel, cette exposition a pour but de sensibiliser les visiteurs aux risques liés aux jeux d’argent. Dans ce cadre, Nathalie Magnier, responsable Concept social du casino de Neuchâtel, a animé un débat sur la lutte menée contre l’addiction à l’intérieur des casinos. C’était le 22 avril dernier au MAHN.

Photo : Web

Pour beaucoup, les jeux d’argent évoquent l’évasion, la détente, le jackpot, la luxure. On imagine aisément un féru de casino se poster devant une machine à sous avec un verre ou un cigare à la main et y miser des sommes plus ou moins importantes en espérant gagner le gros lot. «Gagner», c’est bien évidemment la raison qui motive la plupart de ces visites au casino. Cet idéal n’étant que très rarement atteint, le besoin de s’évader peu très rapidement se transformer en un besoin obsessionnel de dépenser. C’est ce qu’on appelle la pathologie du jeu.

Depuis l’an 2000 et l’entrée en vigueur de la loi sur le casino, la législation impose à tous les casinos de Suisse de disposer d’un organe dit de «Concept social» qui se doit d’effectuer des contrôles réguliers dans l’établissement dont il dépend. Ce système permet ainsi d’identifier puis de prendre en charge toute personne présentant un risque d’addiction. «Tous les employés de notre casino sont formés à la détection des joueurs problématiques, du croupier au barman» explique Nathalie Magnier, responsable Concept social pour le casino de Neuchâtel. Plus concrètement, les employés disposent d’une fiche d’annonce sur laquelle ils notent – en toute confidentialité – ce qu’ils observent au sujet d’un visiteur un peu trop régulier de leur établissement. «En fonction de ce qui ressort de la fiche d’annonce, nous pouvons prendre la décision d’approfondir notre intervention sur le joueur en danger».

S’ensuit alors une phase d’intervention précoce sur la personne en question. Durant huit semaines, les responsables du casino relèvent ses visites dans l’établissement, son temps de jeu et même les mises jouées. Cette phase de suivi permanent s’accompagne de plusieurs entretiens avec le joueur. «Il faut savoir que le joueur pathologique a perdu tout contrôle sur ce qu’il fait. Les conséquences financières mais aussi sociales de son addiction peuvent le mener à commettre l’irréparable. Il est donc important de lui appliquer un suivi régulier» souligne Nathalie Magnier. La fin de la démarche peut aboutir à l’interdiction pure et simple d’entrer dans un casino suisse. «La plupart du temps, c’est le joueur lui-même qui décide de se faire interdire». Ainsi, sur les 239 décisions d’exclusion proclamées en 2013 à Neuchâtel, 141 étaient volontaires.

 Cet organe de Concept social étant ce qu’il est, on peut se demander si les casinos ne se tirent pas une balle dans le pied en l’appliquant. En effet, pour un établissement de ce type, le conflit d’intérêt entre le fait de devoir faire de l’argent et celui d’interdire de jouer semble légitime. Nathalie Magnier affirme à ce sujet que le casino de Neuchâtel préfère les clients qui viennent une à deux fois par année pendant dix ans que ceux qui viennent chaque semaine et se ruinent jusqu’à endettement. La santé et le bien-être du client relèguent donc au second plan l’objectif purement financier que l’on peut attendre de ce type d’établissement, pour que le casino reste un plaisir.

FloB

Photo : Web : http://www.mahn.ch/general.asp/2-0-21003-5517-1020-0-1

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