Le pinceau n’a que peu d’intérêt pour l’artiste londonienne Millie Brown. La peinture, elle veut la « jeter » à la face du monde. C’est elle qui a fait de Lady Gaga une oeuvre d’art vivante dans la vidéo “ARTPOP“. Elle créé ses œuvres et réalise ses performances live en régurgitant sur la toile du lait de soya mélangé à des colorants alimentaires. Âmes nauséeuses s’abstenir.
Photo : Web
Qui l’eût cru. Il est déjà arrivé que des artistes «pleurent» du lait ; Millie Brown y a d’ailleurs trouvé une source d’inspiration. Probablement aussi dans l’environnement des squats dans lesquels elle a vécu toute son enfance, en Espagne et dans le sud de la France notamment. Membre du « !WOWOW ! art collective », la jeune femme de 27 ans voit en l’autre une inspiration et devient sa muse par la même occasion. En 2006, lors d’une exposition/performance du !WOWOW! à Berlin, elle a, et sans aucun doute, dépassé les limites de quelconque nature soient-elles. Elle désirait créer de l’art coloré du plus profond d’elle-même, c’est chose faite.
Son matériel
Cette jeune artiste anglaise peut ingurgiter une pinte à quatre litres de lait de soya, tout dépend si elle est sur le point d’ajouter une nouvelle pièce à sa collection ou de réaliser une performance en direct. Elle mélange à ce liquide des colorants alimentaires qu’elle fabrique elle-même. C’est ensuite une couleur après l’autre qu’elle boit lentement et régurgite sans aucun bruit sur la toile ou le support destiné à sa création. Deux jours de jeûne précèdent ses performances afin que la peinture soit pure et claire. Un mois de pause suit la création, permettant à son corps de récupérer après ce qui peut tout de même être qualifié d’effort physique intense, et non des plus agréables. Même si, selon elle, cette pratique représente une purge du corps et de l’esprit.
Son art a suivi une évolution : elle l’exerçait au départ sur elle-même, comme on peut le découvrir dans la vidéo pour la collection Printemps-Eté 2011 de Martina Spetlova. Elle a ressenti par la suite le besoin d’une longévité pour son œuvre, d’où le choix de la toile. Et dernièrement, au festival SXSW, c’est sur la chanteuse Lady Gaga, au rythme de la chanson “Swine“, qu’elle a pu exercé son art.
Son message
Comme le “performance art“ auquel elle est rattachée le laisse entendre, Millie Brown insiste plus sur le processus que sur le résultat artistique. Il est certain qu’elle n’a laissé personne indifférent : des menaces de mort aux larmes d’émotion, elle a su toucher un grand nombre. Accusée, entre autres, de normaliser la boulimie et d’autres troubles alimentaires, elle se défend en prétendant pratiquer cette forme d’art dans le but de bousculer la perception universelle de la beauté ainsi que de soulever une réflexion au sujet de la liberté d’expression.
Son corps étant son outil de travail, elle trouve intéressante la perte de maîtrise qu’engendre le geste de régurgitation. L’artiste a en effet une idée plus ou moins dessinée de ce qu’elle désire créer mais sait laisser une place à l’incontrôlable. Aussi peu ragoûtant que cet art puisse paraître, on décèle cependant une profondeur (et c’est le cas de le dire) dans l’interprétation du “performance art“ de Millie Brown. La “vomit-artist“ essaie-t-elle peut-être de s’appuyer sur la perte de maîtrise pour mieux s’opposer à la société actuelle qui contrôle tout. Ce serait ainsi une suite logique dans l’évolution de l’art, toujours influencé par son époque. En 2014, on vomit de jolis arcs-en-ciel et la société, le peu d’humanité qui lui reste.
C.
Pour les plus téméraires…
Blog officiel de Millie Brown : http://milliebrownofficial.tumblr.com/#11
SHOWstudio – Nexus Vomitus (live) : http://www.youtube.com/watch?v=1dZ5BtZkIR4
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