La Grande Muraille de Chine… façonnée pour le Web

Un Internet bloqué et limité. Contrairement à ce dont nous avons l’habitude, les internautes chinois ne connaissent pas la liberté de « surfer » librement sur le Net. Approche sur les conditions de cette censure développée en Chine.

Photo : Web

Si dans notre pays (et dans nombre d’autres) Internet est libre, accessible, et utilisé aux fins les plus diverses pouvant exister, ce n’est pas le cas partout. Nous pouvons citer, entre autres parmi ceux connaissant une restriction : l’Iran, la Corée du Nord, la Syrie, la Birmanie,… Mais la censure la plus répressive concernant le Net est sans aucun doute celle exercée en Chine, qui détient la palme du pays le plus exigeant concernant cette censure. Analyse sur les méthodes et les conséquences de cette limitation.

La première question serait de se demander « pourquoi ? ». En effet, utilisateurs plus ou moins actifs du Web et de ses multiples fonctions, cela peut vite nous sembler totalement absurde ou abusif. Comment accepter de naviguer sur Internet les mains liées et les yeux bandés ? C’est pourtant le quotidien des internautes chinois. Mise en place par l’Assemblée Nationale de la République Populaire de Chine, cette censure vise des sujets bien précis, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas là par hasard ou par affirmation du pouvoir. L’État estime nécessaire de protéger le régime et ses valeurs, sans voir circuler fabulations, critiques et menaces pouvant ébranler l’ordre établi. C’est pour cela que bon nombre de sites se retrouvent limités dans leur contenu, ou bien intégralement inaccessibles. De même, les moteurs de recherche (nationaux et même internationaux) peuvent être soumis à certaines limitations en s’appuyant sur les mots clés. De ce fait, certains sont censurés et mènent à une page d’erreur, voire à un blocage de l’adresse IP de l’utilisateur si la recherche se voit répétée. Une surveillance accrue est à la base de cette censure démesurée, destinée pourtant à protéger le peuple chinois et surtout son régime communiste. Protection exercée également manuellement.

Deux millions. C’est le nombre approximatif d’employés se démenant à cette « quête » d’informations et de dérives sur la toile, chiffre dévoilé par Les nouvelles de Pékin (un quotidien officiel) et relayé par Le Monde. Soit près de quatre millions de mains destinées à une surveillance démesurée et jamais relâchée. Malgré les systèmes automatiques d’écrémage, cela reste insuffisant. Une attention toujours plus acharnée est portée sur les réseaux sociaux, considérés comme de véritables bombes à retardement, surtout lorsque l’on en saisi l’ampleur. Et, particulièrement, la vague d’intolérances qu’ils peuvent entraîner. De même pour les blogs, forums, et autres plate-formes où les discussions peuvent s’enchaîner. Les commentaires qui se succèdent les uns aux autres peuvent devenir des missiles visant directement l’État sous forme de critiques enflammées ou encore, de rumeurs capables d’embraser l’équilibre du régime. Pour contrer cela, des « agents de propagande » participent même à laisser commentaires et répliques en faveur de l’État. Les internautes se voient alors constamment entravés dans leurs démarches sur la toile, puisque les publications jugées offensantes deviennent un réel risque pour eux aussi.

En effet, des mesures sévères ont également été prises pour sanctionner les « fauteurs de trouble ». Selon une récente directive, si un blog jugé offensant est vu plus de 5.000 fois ou qu’une diffamation est relayée 500 fois, leurs auteurs sont passibles d’une amende, voire d’un emprisonnement pouvant aller jusqu’à 3 ans. C’est ce dont a failli écoper un adolescent de 16 ans la semaine passée, pour avoir appelé la population à manifester, prenant pour pilier  une affaire ciblant la police de sa ville. Il aura finalement été « sauvé » par une vague de protestations des internautes mobilisés, et qui n’aura finalement pris que 7 jours derrière les barreaux.

Finalement, les avis divergent, et les points de vue sont multiples et contradictoires. Ces mises en œuvre sont là, certes, pour assurer la protection du régime chinois. Les protéger également des commentaires venus de la communauté internationale et pouvant ébranler l’équilibre instauré par l’État. Mais n’est-ce pas également mettre des œillères à la population ?

MaZ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *