Je trie mes photos en me forçant, spécialement pour vous, de choisir les plus jolies – et celles notamment qui ne présentent aucune partie indécente du corps humain. Et je me demande soudain : « Pourquoi suis-je en train de faire ça ? » Non que je veuille paraître égoïste, mais d’où vient cette manie de l’être humain a toujours vouloir montrer ce que LUI a fait sans, connaître l’avis des autres. Je préférerais écouter d’abord vos expériences avant d’exhiber les miennes sans gênes. D’expériences.
Photo : Web
Je vais donc faire un effort et vous demande pour l’occasion de prendre cinq minutes, pas plus, afin de m’écouter effleurer le voyage de mon été. Il faudrait bien le temps d’une soirée pour que la narration de l’exploit prenne à peine la moitié de son sens, comme toute expérience personnelle qui soit.
Je remarque par contre que, comparé aux précédents récits de voyage publiés, mes captures ne valent pas un clou. M’enfin, on fera avec…
Les photos que vous voyez là donc, aussi sympas soient-elle, ne servent selon moi que de fil conducteur. Une aide à la construction mentale de mon périple. Devrais-je dire notre périple, à mon ami et à moi.
Car quand on décide de partir en stop pour l’Europe de l’est à deux, on ne prévoit pas. On appréhende, premièrement, avant de se jeter dans le courant de l’imprévu. Notre but : Istanbul. C’est par l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie et ses 3’300 km que notre tracé s’est dessiné, pour finalement aboutir en Turquie et la Grèce en tant que dernière étape. Mais au fait… que dire ? Les chemins et églises que nous avons croisés ? Les détails des gens qui ont accepté de nous prendre ? Non. En voyagent d’une telle manière, on se lève le matin sans savoir où l’on va dormir, et on peut passer des heures à attendre une foutue voiture au contournement d’une capitale, sentant la peur occidentale des gens envers cette méthode de déplacement « désuète ».
Mais tout ceci voyez-vous est récompensé par les surprises et les rencontres qui tissent gentiment l’aventure.
Que de sourires et d’accolades, de visites improvisées et de soirées chez l’habitant qui ne valent pas un gramme de ce que peut offrir un car de touristes ou une activité au Club Med (du moins selon notre humble avis. D’autres trouveront leur bonheur d’une autre manière). La joie de voir l’étonnement et l’encouragement des gens lorsqu’ils apprennent notre destination, d’autres voyageurs ou rencontres qui se joignent à nous pour une brève partie du périple, la quiétude de la campagne roumaine, les frissons d’une course à 210 km/h sur l’autoroute bondée, la vue d’un goéland sur le Bosphore, qui nous suit inlassablement entre le fond d’une mosquée et d’un coucher de soleil.
C’est ce sentiment de partage qui ne peut être ressenti à la simple vue de photos, et qui se doit d’être vécu d’une façon ou d’une autre. L’auto stop nous l’a offert.
J’espère que vous ne m’en voulez pas de ne pas vous montrer les personnes rencontrées sur notre route. On touche là, à des choses très personnelles. Mais je suis sûr que vous me comprenez, car je ne suis en tout cas pas le seul à avoir ça dans mon cœur et à vouloir les garder simplement pour mes proches et moi.
Nous avons à peine frôlé le continent asiatique dans une ville encore très européenne, et je ne parle que d’un mois de voyage. Que dire de mes connaissances qui ont vécu une année de bourlingage au-delà des frontières culturelles que nous connaissons tous. Je voue un grand respect à ces personnes qui ont encore plus de mal à exprimer leurs mots, à mettre une légende sous les ressentis et les souvenirs d’une fraction de seconde de leur vie. On se contente alors de lire dans leurs yeux, cette bribe unique qui prend vie seulement par notre souhait d’amour et de découverte.
MZ