Instagram : Comment l’image peut-elle pousser au péché ?

Instafacebook2Avarice, orgueil, luxure, gourmandise, envie, colère, paresse… l’être humain peut mieux faire. Il est bien plus inventif que cela. Pourquoi ne pas dépasser les limites des 7 péchés capitaux ? L’univers du vice est tellement plus vaste… et parfois bien plus subtil qu’il n’y paraît.

Photo : web – Montage photo : Cindy Fournier

Public et privé : du pareil au même

L’ère des technologies bat son plein et l’image tient le beau rôle dans cette mise en scène quotidienne de la vie privée. C’est un peu comme posséder le monde dans son Smartphone. Comment l’image peut-elle pousser au péché ?  

Instagram est une application gratuite pour Smartphone, rachetée officiellement le 6 septembre 2012 pour un milliard de dollars (1’000’000’000’000 $) par Facebook. Le principe : une série de filtres photographiques d’apparence vintage, offrant un certain cachet aux prises originales. Impossible cependant de conserver ces petits chefs d’œuvre sans presser la touche « publier ». Amis ou communauté pseudo-intime de 30 millions d’utilisateurs, le compte peut être configuré privé ou public.

« Douce tentation, toi qui connaît si bien l’être humain, résistera-t-il à tes avances ? »

Photo : web
Photo : web

Aucun nuage à l’horizon jusqu’au 17 décembre dernier. Trois mois après son acquisition par Facebook, Instagram modifie ses conditions générales d’utilisation. La start-up affirme pouvoir vendre les photos de ses utilisateurs à des fins publicitaires sans les avertir ni les payer. La polémique peut commencer. Le 16 janvier 2013 passé : inutile de supprimer son compte Instagram, tout contenu appartient désormais à Facebook.

« Tentation, pseudo-gourmandise ou simple curiosité, tu l’as bien eu. »

Bien noble est l’être humain. Le lendemain, Instagram présente des excuses à tous ses utilisateurs. Un langage prêtant à confusion est à l’origine de la polémique selon le chef exécutif Kevin Systrom : aucun contenu ne sera donc utilisé ni vendu. Personne ou presque ne s’intéresse aux conditions générales d’utilisation lors de l’acquisition d’une application pour Smartphone. L’impatience de la découverte est trop grande.

« Mark*, et dire que ça aurait pu passer inaperçu… ».

Instagram, Instagram, dis-moi qui est la plus belle ?

Choisir le bon filtre, celui qui met le plus en valeur. Cadre ou pas cadre. Améliorer la qualité de l’image. Rotation ou pas. Flouter cette partie. Voilà, c’est parfait. Publier !

La perfection est une qualité et un vice en même temps. Montesquieu disait : « Nous louons les gens à proportion de l’estime qu’ils ont pour nous ». Même l’estime aujourd’hui est numérique. Un « j’aime » pour une photo sur Instagram et l’ego monte en puissance. Si à cela s’ajoute un commentaire, c’est l’apogée. Comme quoi, il en faut peu aujourd’hui pour satisfaire les besoins égocentriques de l’être humain, en attente quotidienne de reconnaissance.

L’autre… c’est lui qui possède l’image de tout un chacun. Sur internet encore plus. La reconnaissance est devenue elle aussi numérique, bien plus importante que la vraie (vous savez la réalité, ça existe encore oui). C’est au travers d’autrui que se reflète le visage de chacun. Il faut donc lui plaire, le satisfaire, quitte à briser les limites de la sphère privée et tout mélanger : tout devient public. Tout devient éternel aussi. Infos, photos, textos, la toile les rend indélébiles. Chaque donnée se retrouve prisonnière des méandres du Web. D’après un article de Rue89 de Marc Thiriez, blogueur et ingénieur, toute donnée mise en ligne n’appartient plus, légalement parlant, à l’utilisateur du Web concerné.

Conclusion avec cette piquante métaphore de Reginald Braithwaite, auteur et développeur de logiciels, concernant la communauté des internautes : « Vous n’êtes pas un simple consommateur, vous êtes le bétail que nous menons sur le marché et vendons au plus offrant. Profitez de votre fourrage et continuez à produire du bon lait** ».

La réflexion ne semble donc pas si inutile avant de se lancer dans le partage de photos à l’échelle mondiale. Il existe sûrement bien d’autres manières de rebooster son ego ; le miroir de la salle de bain fera l’affaire. Au fond : « L’enfer, c’est les autres ».   

C.

*Mark Zuckerberg

** Citation originale traduite : « You are not our customers, you are the cattle we drive to market and auction off to the highest bidder. Enjoy your feed and keep producing the milk ».

Petit test pour connaître les risques que vous prenez sur la toile : 

Quel sociogeek êtes- vous ? : http://sociogeek.admin-mag.com

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