En véritable entité suprême, la télévision s’est tout naturellement imposée auprès de chacun. Elle rythme le quotidien redondant du bon citoyen, qui aspire « légitimement » à s’affaler sur son canapé après une dure journée de labeur. Le problème fondamental réside dans l’hypocrisie, la manipulation (trop souvent inconsciente) qu’a le petit écran sur le téléspectateur.
La télévision a pour conséquence néfaste de proscrire la réflexion. L’œil hagard, l’homme intègre toutes les « informations » diffusées. Point crucial, il les absorbe sans émettre la moindre réserve quant à la véracité de celles-ci. La confiance est telle que chaque information émise, se transforme en dogme. Et si la télévision dictait la manière d’être du citoyen ? Que faut-il manger, porter, tolérer, condamner ? Elle a le pouvoir, à travers le filtrage de l’information, de manipuler à sa guise le téléspectateur en lui imposant une vision, préalablement sélectionnée, du monde. L’idée de se créer sa propre opinion est illusoire, elle est basée sur des données incomplètes, autrement dit, c’est une opinion jugée acceptable par la télévision.
Un triste mais illustre exemple de cette confiance inébranlable est celui du « jeu de la mort ». Un divertissement télévisé basé sur le principe de l’expérience de Milgram. Pour rappel, l’expérience de Milgram démontrait la soumission de l’homme par rapport à l’autorité. Des participants, qui avaient un rôle de questionneurs, devaient envoyer des décharges électriques à un autre participant (qui en l’occurrence était un acteur) dès le moment où il répondait de manière inexacte. Malgré la souffrance simulée des interrogés, le pourcentage des apprentis tortionnaires qui avaient le « courage » de mener l’expérience jusqu’à son terme s’élevait à 65 %. « Le jeux de la mort » est une fausse émission avec de réels candidats. Cette adaptation télévisuelle vérifie l’expérience de Milgram, 50 ans plus tard. Fondamentalement la seule différence réside dans le fait que l’autorité est personnifiée par la présentatrice du jeu qui représente l’institution médiatique. Ce qui est affligeant c’est de constater que, non seulement l’expérience se vérifie, mais qu’elle déjoue tout pronostic en affichant un résultat de 81% de bourreaux potentiels.
La télévision, indéniablement, est détentrice d’un réel pouvoir sur le téléspectateur. À l’instar de celui-ci, elle reste lucide. Cette conscientisation ne peut que venir du consommateur néanmoins, en ne se sentant pas victime de la moindre manipulation, comment peut-il être amené à une réflexion ? Là réside la perfidie et l’hypocrisie de l’innocent « meuble de salon ». Si réfléchir et s’insurger contre un modèle de pensée préconçu représente deux des devoirs fondamentaux de l’homme, il est temps de se questionner sur l’apport véritable de la télévision dans un quotidien qui déjà, peine à nous appartenir.
DiMa