Londres, une ville qui transpire le football

Londres c’est le Big Ben, Tower Bridge, le Buckingham Palace et autres monuments rivalisant d’originalité architecturale. Mais Londres c’est aussi sa culture du foot, ses stades hors du commun et sa ferveur populaire pour le ballon rond. On en discute partout : dans les cafés, au boulot, dans le métro. Qu’importe le moment ou l’endroit, on est toujours ravi d’échanger quelques mots sur les derniers potins de son équipe préférée ou de chambrer celle de son interlocuteur. Car tout bon Londonien a « son équipe » qu’il supporte inconditionnellement comme un politicien défend becs et ongles son parti. En Angleterre, le football prend effectivement une toute autre signification que dans notre pays. La non-qualification de la sélection nationale pour l’Euro 2008 a été vécue comme un drame national de l’autre côté de la Manche. Londres incarne parfaitement cette effervescence typiquement « british » pour le sport planétaire le plus populaire.
Tout d’abord, il faut savoir que le FC London n’existe pas. Ou plutôt si, mais décliné en quatorze « produits dérivés ». La capitale anglaise compte, en effet, pas moins de quatorze clubs de football professionnels. Un record qui lui confère naturellement le titre honorifique de capitale européenne du football. Parmi ces quatorze formations, cinq ont évolué en Première League1 la saison passée. Chacune de ces équipes a une histoire particulière et des origines sociales distinctes.
Ainsi Arsenal, le plus titré des club londoniens (13 championnats, 10 coupes), fut fondé par des ouvriers d’une manufacture d’arme du Nord de la ville. L’équipe entraînée par le Français Arsène Wenger est réputée pour être un club cosmopolite. La saison passée, le contingent des Gunners ne comptait que trois joueurs anglais sur vingt-huit !
Chelsea, deuxième membre du « Big Four »2, renvoie l’image d’un club huppé et fortuné. Son rachat en 2003 par le milliardaire russe Roman Abramovitch n’a fait que renforcer l’image d’une équipe construite à coup de millions.
A défaut d’un riche mécène, Tottenham Hotspur a pu compter sur l’apport financier de la communauté israélite de Grande-Bretagne pour gagner les sommets. A Londres, on disait d’ailleurs que c’était «  le club des juifs ».
Fulham, le plus ancien club londonien, est également une des premières équipes à être passée sous le joug d’un investisseur étranger, l’homme d’affaire égyptien Mohamed Al-Fayed.
Reste enfin West Ham, le mauvais élève qui s’est fait reléguer au terme de la saison écoulée. Reconnu pour révéler de nombreux talents, les Hammers étaient en proie à des difficultés financières. Le club de l’East London est remplacé dans l’élite par Queen Park Rangers : un club… londonien.
Les derbys londonien qui font rage tout au long de la saison témoignent de la farouche rivalité entre ces clubs. Le North London Derby met au prise Arsenal et Tottenham Hotspur, les deux équipes du nord de la ville. La rivalité est née à cause de la proximité géographique de leur stade respectif. On retrouve la même situation à l’ouest de Londres où les deux quartiers de Chelsea et Fulham sont voisins. Il s’agit, vous l’aurez deviné, du West London Derby. Quant au duel opposant West Ham à Chelsea, il symbolise la lutte des classes entre les « Cockneys » de l’East London, représentants emblématiques de la classe ouvrière, et le quartier bourgeois de l’ouest.
En Angleterre, les rivalités dépassent malheureusement le simple cadre sportif. Même si le phénomène est en net recul depuis le drame du Heysel3, le hooliganisme sévit encore dans la perfide Albion. La rivalité ancestrale qui oppose West Ham à Milwall (D2) en fait un des derbys les plus sanglants d’Europe. La relégation des Hammers en deuxième division, posera un casse-tête (insoluble ?) à la police anglaise pour tenter de contenir la haine que se vouent deux des plus grandes firmes de hooligans.
Au-delà de cet aspect noircissant l’image de ce sport fabuleux, le football reste profondément ancré dans la culture britannique. C’est pourquoi, si votre chemin vous mène un jour ou l’autre du côté de Londres, n’hésitez pas à visiter un des nombreux stades qui fleurissent aux abords du centre ville et captez l’atmosphère toute « british » qui s’en dégage. Du charmant Craven Cottage bordant la Tamise à l’Emirates Stadium dernier cri, en passant par l’avant-gardiste Stamford Bridge et le chef d’œuvre architecturale qu’est Wembley, ce tour des stades vous permettra de découvrir une autre facette de Londres, bien loin des « ultra-touristiques » Big Ben, Tower Bridge et autres Buckingham Palace.
R.C.
1 La plus haute ligue d’Angleterre. L’équivalent de notre Super League.
2 Appellation anglaise désignant les quatre clubs les plus prestigieux du championnat (Manchester United, Arsenal, Chelsea et Liverpool).
3 Effondrement d’une partie du stade à Bruxelle durant la finale de Coupe d’Europe des clubs champions en 1985. Ce drame, qui fit 39 morts et plus de 600 blessés, fut imputé au hooliganisme.

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