Personne n’a échappé à la terrible nouvelle de la fusillade meurtrière de Winnenden en Allemagne. Quelque soir le support médiatique ; télévision, radio, presse écrite ou internet, le drame engendré par l’adolescent Tim Kretschner a fait la Une et a relancé un grand nombre de polémiques et de débats sur la fragilité de la jeunesse. En effet, le jeune homme de 17 ans s’est procuré une des armes collectionnées par son père et décida le 11 mars dernier de tuer 11 de ses anciens camarades puis de se donner la mort.
Ce genre de tragédie est fortement médiatisé dans la société actuelle : Tout le monde se souvient en 1999, du massacre de Columbine organisé par Eric Harris et Dylan Klebold qui compta pas moins de 12 morts et de 24 blessés. L’événement avait alors enflammé les médias et suscité un intérêt international si bien que chaque citoyen connaissait les détails les plus sordides du déroulement des faits. Quelques années plus tard, vouant un véritable culte aux deux adolescents de Columbine, Cho Seung-Hui hotta la vie à 33 personnes (dont lui-même) à Virginia Tech. Ce nouveau drame faisant les gros titres des quotidiens à travers le monde est désigné comme l’attaque la plus criminelle avec une arme à feu. Par conséquent, sur tous les réseaux d’information possibles, on découvre des reportages, des interviews et des commentaires tentant d’expliquer les causes probables de chacune de ses tueries.
La question aujourd’hui se pose : est-ce que la médiatisation excessive de telles histoires amène-elle des effets positifs sur la société, comme la prévention d’actes à venir ? Ou à l’inverse, porte-t-elle plutôt préjudice en devenant une source d’inspiration pour certains étudiants désemparés ?
Selon Jens Hoffman, dirigeant de l’institut de psychologie et de sécurité de Francfort, il paraît possible de découvrir des signaux précurseurs 1 chez les adolescents capables de commettre de telles violences. Par exemple, dans la plupart des cas, ils planifient en détails leurs futures actions sur des sites internet avec d’autres utilisateurs. Sachant cela par le biais d’émissions télévisés ou autre, les proches auraient la possibilité de pouvoir empêcher que le désastre se produise. Donc suivant cette théorie, les médias, en révélant certains aspects précis des comportements à risque, sensibiliseraient les citoyens à être plus attentifs à leur entourage.
Cependant, les statistiques démontrent qu’il y a de plus en plus de fusillades scolaires : on décompte 278 enfants et 267 adultes tués dans une soixantaine d’attaques depuis 12 ans. Le professeure Camélia Dumitriu du département de stratégie et de responsabilité sociale de l’Université du Québec à Montréal ajoute qu’ « il s’agit d’un phénomène récent qui affecte surtout l’Occident 2 ». Pourquoi? La censure dans les chaînes de télévisions s’affaiblit, permettant plus facilement de diffuser des images choquantes, allant même jusqu’à poster des vidéos sur internet montrant les derniers instants du tueur de Winnenden. Ce jeune inconnu se transforme subitement en une célébrité et sa « vendetta » contre le reste de la population devient de notoriété publique. L’adolescent qui grave son nom dans l’histoire des crimes s’offre la possibilité d’être reconnu et immortel. Par le biais d’internet, les internautes peuvent récolter les informations les plus précises sur les massacres allant même jusqu’au dernières pensées morbides de Eric Harris l’étudiant de Columbine 3 . Comment ne pas se demander si le fait de mettre au premier plan ce genre de tragédies dans les médias n’inciteraient-elles pas d’autres adolescents fragiles à prendre exemple sur ces tueurs et à commettre l’irréparable ? Ce fut bien le cas pour Cho Seung-Hui, admirateur des meurtriers de Columbine, qui s’inspira de leur tuerie scolaire mais dans le but de faire mieux, ce qui signifie, d’abattre un plus grand nombre d’innocents.
Jade Albasini
1 Source : http://www.lematin.ch/flash-info/monde/debat-usa-europe-prevention-massacres
2 Source : http://www.uqam.ca/entrevues/entrevue.php?id=388
3 Blog : http://magna55.skyrock.com/1215329056-Les-Pensees-de-Eric-Harris.html