Les superstitions sont des croyances que certains phénomènes, actes ou objets ont des conséquences négative ou positive. Elles sont irrationnelles et inexplicables pour le superstitieux. Aussi multiples soient-elles, celles-ci peuvent prendre la forme de pathologies mentales, ou rester dans un ordre culturel très diversifié.
Les superstitions existent depuis toujours, depuis que l’homme peut penser, inventer, imaginer. Les rites, les croyances, les craintes ou attentes du bonheur sans fondement sont des formes de superstitions. Au XIVème siècle, ce concept illustrait une « religion des idolâtres, un culte des faux dieux ». La superstition s’est opposée à la raison à partir du XVIIIème siècle où elle désignait la religion et les préjugés inexplicables, sans fondement. Le terme de superstition a généralement une connotation péjorative, car il est lié aux croyances ou pratiques irrationnelles et donc considérées sans valeur.
Les superstitions désignent la croyance que certains actes, ou phénomènes jugés étranges, ont une conséquence positive ou négative. On parle alors d’animaux, de personnes, d’objet qui, dans leur enchaînement ou disposition, portent « bonheur » ou « malheur ». On associe aux phénomènes des présages suspicieux, sans toutefois pouvoir expliquer pourquoi. Il n’y a pas d’explication scientifique, c’est notamment la raison pour laquelle l’astrologie, les horoscopes ou autres formes de pseudo-psychologies ne sont pas reconnues comme exactes.
Souvent d’ordre culturel, les superstitions varient selon les milieux sociaux. Il existe aussi des superstitions qui sont uniquement individuelles. En effet, elles prennent alors la forme de limites ou de croyances personnelles que l’on se donne. On espère ainsi que notre avenir soit meilleur, ou l’on craint au contraire qu’il soit mauvais, « maudit ». On se rassure, on se réconforte en essayant ainsi d’échapper à l’inconnu.
Une autre facette de la superstition est celle de la psychopathologie. Lorsqu’un individu tombe dans un état de superstition exagérée, qui dépasse largement la superstition commune à sa culture, on peut alors parler de pathologie mentale. Cette maladie fait perdre toute objectivité, elle entraîne chez l’individu une certitude que les évènements, les faits ou les objets sont animés par une force cachée, surnaturelle et supérieure. Bien que les objets soient inoffensifs et les connotations magiques insignifiantes, la superstition ressemble alors à une sorte de paranoïa, de psychose. Ce type de troubles obsessionnels compulsifs rend l’existence du malade invivable car il se sent en défi perpétuel avec le monde qui l’entoure, il ne cesse de « vérifier », de se créer des frayeurs ou angoisses. Par exemple, il va parier avec lui-même que la prochaine voiture passante sera rouge, et si tel n’est pas le cas, il va y associer un mauvais augure.
Sur un autre plan, la religion peut être considérée comme une superstition pour les athées. En effet, la superstition comme la religion supposent des croyances liées aux phénomènes surnaturels, sans lien avec les théories scientifiques. Les doctrines religieuses se fondent sur une idéologie et des pratiques se rapprochant de la superstition. Les symboles, les accessoires symboliques présents dans tous type de religion peuvent avoir une connotation superstitieuse. Celle-ci se matérialise au travers de talismans, grigris, trèfles à quatre feuilles… Les coccinelles ne sont-elles pas appelée « bêtes à bon Dieu » ?
Les superstitions communes sont très diversifiées suivant les cultures ; Le nombre 13 est censé porter malheur (aux USA, certains hôtels n’ont pas de 13e étage), alors qu’en Italie c’est plutôt le nombre 17, tandis que le 4 est jugé maudit en Asie de l’Est. Inversement, le nombre 8 est un signe de chance en Chine. Le fait de croiser un chat noir porte malheur dans certaines cultures, alors que cela porte bonheur au Royaume-Uni.
Il y a aussi différentes suspicions suivant les métiers : en couture, il ne faut pas se piquer le doigt avec une aiguille, et faire tomber un ciseau car cela prévoit une coupure. En aviation, les pilotes s’interdisent de prononcer les mots « accident, chute, crash ou tomber ». Les femmes portent malheur sur les navires.
Voici quelques porte-bonheur connus : les pattes de lapin, les trèfles à 4 feuilles, les fers à cheval, jeter une pièce dans une fontaine, voir une étoile filante, toucher de bois, croiser les doigts… Ce sont des actes ou objets suspicieux que les gens font en riant, en faisant un voeux, parfois sans y croire vraiment. Ils y approprient cependant un avenir positif, mais ils savent qu’il ne sera pas réellement influencé.
Il y a aussi un certain nombre de porte-malheur connus : voir un chat noir, des corbeaux, passer sous une échelle, casser un miroir est supposé apporter 7 ans de malheur. Les superstitions n’ouvriraient pas un parapluie à l’intérieur, ils évitent de perdre leur alliance, de poser les couteaux croisés, de se lever du pied gauche.
Ainsi, les superstitions sont partout dans notre vie quotidienne, mais personnalisées suivant les personnes, les cultures ou les lieux. Elles peuvent faire rire, on y associe un bon augure, mais elles peuvent aussi provoquer la crainte ou l’angoisse de l’avenir. La bonne méthode est de ne pas leur approprier tout ce qui nous arrive, car les superstitions peuvent empêcher de vivre sereinement comme nous l’avons vu pour les pathologies mentales. Une superstition exagérée ne va-t-elle pas à l’encontre de l’affirmation populaire selon laquelle pour vivre bien, il faut vivre l’instant présent ?
M.R.