Beaucoup d’étudiants ont un travail à temps partiel après, avant ou entre les cours dans le but de gagner de l’argent. En ont-ils vraiment besoin ou est-ce juste un caprice provoqué par la société de consommation ? Ces heures de travail peuvent atteindre les études ou l’équilibre des jeunes de façon négative, mais vont parfois se montrer nécessaires. Faisons le point sur les activités, les besoins et les revenus des acteurs précoces du monde professionnel.
De plus en plus de jeunes étudiants affirment avoir un « job », soit un travail à côté des études. Ils donnent des cours, surveillent les plus jeunes, distribuent des publicités, et cherchent des emplois à temps partiel dans l’univers du commerce notamment. Mais cet argent, ont en-t-ils besoin ou est-ce juste un caprice provoqué par la société de consommation qui les berce ?
Ces heures de travail sont comptées sur leur temps libre et elles leur rapportent parfois un salaire misérable par rapport à celui des employés fixes qui effectuent pourtant le même travail. L’important pour ces jeunes n’est plus forcément d’apprécier ce qu’ils font ou d’œuvrer guidé par la passion d’apprendre, il s’agit maintenant de gagner, de rentabiliser les moments libres de leurs emplois du temps et d’apporter une rémunération régulière à leurs comptes bancaires.
Actuellement, nous constatons que les acteurs du monde professionnel sont de plus en plus stressés ; il faut agir vite, pour faire gagner plus. Cette poursuite du temps et de l’argent peut être perçue comme une source d’angoisse, et la mélanger avec la scolarité peut conduire à un cocktail de stress particulièrement agressif.
La société nous pousse en effet à être les meilleurs sous peine d’être éliminés du jeu. Lorsque les jeunes goûtent à cet alliage, ils se risquent à se sentir forts, efficaces car gagner de l’argent tout en étudiant leur donne un sentiment de liberté. Prenons l’exemple d’un jeune homme travaillant au MacDonald, fast-food implanté dans chaque ville et donc facile d’accès. Il y travaille quelques soirs, ainsi que les week-ends. Il gagne un peu d’argent, peut grader au bout de quelques mois et gagner alors plus. Mais le stress le gagne, la fatigue le rattrape, et il ne réussit plus à gérer l’alliage travail-étude. En effet, les heures de travail sont prises sur ses moments de congés, durant lesquels il profitait non seulement d’étudier, mais aussi de prendre du temps pour lui et pour faire le vide.
Certes, le repos est actuellement vu comme une perte de temps et l’on entend souvent qu’il vaut mieux travailler que rêvasser. Mais ces « jobs » d’étudiants se font aussi au profit de leurs hobbies, de leur sport.
Les jeunes sacrifient alors le temps qu’ils passaient à se défouler, à se libérer dans l’activité pour laquelle ils se passionnent, quitte à êtres étouffés par le travail et les études.
Les étudiants postulent avec un CV quasiment vierge pour certains, ils cherchent un emploi dans l’internationale restauration rapide MacDonald, des places pour les nettoyages du soir dans les entreprises telles que Nestlé, ou encore un poste de travail à la chaîne dans les entreprises d’emballage particulièrement convoitées en ces temps de fêtes. Ces travaux n’emploient-ils pas des citoyens de plus en plus jeunes ?
Nous pouvons nous demander si cette décroissance d’âge dans le monde professionnel devient nécessaire en raison des avancées de la société de consommation actuelle. En effet, le coût de la vie ne cesse d’augmenter et parfois le revenu des parents ne suffit pas à payer des études avancées à certains membres de la famille. Nombreuses, celles-ci se font parfois aider financièrement par les plus jeunes qui se mettent à travailler. De plus, les universités ne sont pas toujours situées près du domicile de l’étudiant, celui-ci doit alors se nourrir régulièrement hors de chez lui, prendre un appartement mieux situé ou alors payer des transports en commun. Ajoutons aussi que les études modernes utilisent la technologie et nécessitent souvent un ordinateur.
La vie en société est chère, tout se paie. Nous avons envie de sortir ? Il faut payer l’entrée dans le bar ou le cinéma, la consommation et le transport. Nous optons plutôt pour une soirée tranquille à la maison ? Nous louons alors des films et achetons de la nourriture à grignoter. Beaucoup de familles doivent faire une croix sur leurs loisirs pour se permettre des études. Ainsi, cela peut pousser les jeunes à vouloir travailler après les cours, ou pendant les vacances.
La publicité omniprésente montre aux jeunes qu’il faut posséder pour être aimé, qu’ils ne seront heureux qu’en achetant ces produits. Mais aussi que la vie sera plus facile avec les articles que les marques ne cessent de promouvoir. Ainsi, nous pouvons nous demander si c’est la société de consommation qui nous pousse à travailler en dehors des études, pour répondre à nos envies et non à nos besoins.
L’argent de poche n’est donc plus à la mode ? Ces petits sous que nous donnent nos parents de façon régulière ne sont plus considérés comme des solutions en raison de l’augmentation des prix ou est-ce les loisirs des jeunes qui se paient plus cher ? Les parents ont souvent fait recours au devoir de répondre aux besoins des enfants pour justifier l’argent qu’ils leur donnent, mais actuellement, nous pouvons remarquer que la limite de ces besoins s’éloigne, que les désirs deviennent des besoins et que les jeunes souhaitent toujours plus d’argent de poche. Certains parents essaient alors de voir la barrière qui sépare les envies des nécessités et tentent de ne pas céder à la société de consommation. Les jeunes se mettent alors à travailler par eux-mêmes.
Certains pensent qu’il vaut mieux se lancer rapidement dans le monde professionnel, que travailler pour gagner son argent est l’un des meilleurs apprentissages de la vie. Les jeunes se débrouillent seuls, et apprennent à se mettre en valeur par des CV ou des lettres de motivations dès l’âge légal. D’autres ont plutôt tendance à promouvoir l’attente d’avoir fini les études et le fait de faire chaque chose en son temps. Il y a pour eux un moment pour étudier, un moment pour travailler, et l’argent de poche est alors leur seule récompense matérielle.
Comme nous pouvons le voir, la relation entre les désirs, les besoins et la société de consommation est ambiguë. L’argent est un moyen essentiel pour répondre aux besoins de base tels que se nourrir, se protéger, mais il est aussi le moteur qui permet la satisfaction de beaucoup des désirs des jeunes d’aujourd’hui. Ces besoins et désirs, qu’ils soient réels ou factices, sont chers, et l’on tente d’y répondre au mieux. Malheureusement, un revenu faible ou moyen dans une famille ne permet pas à tous ses membres de satisfaire ses caprices de mode, ses sorties entre amis ou autre loisir qui passe après les besoins vitaux. Beaucoup de jeunes veulent alors travailler, et tentent d’allier « petit boulot » et études dans leur programme, sacrifiant parfois l’un au profit de l’autre. Le proverbe qui ose affirmer que « l’argent ne fait pas le bonheur » serait-il alors remis en cause ?
M.R