Durant une semaine, Le Temps a puisé dans le journal Le Monde 6 articles qui relatent de sombres épisodes historiques ayant marqué les différentes religions.
Tout au long de la première semaine d’août, le journal genevois Le Temps a consacré sa « Série d’été » à différents épisodes de l’histoire durant lesquels de nombreuses violences ont été menées au nom de la religion. Ces six articles tirés du journal « le Monde » et intitulés « La guerre des dieux » présentent sous un jour tout à fait différent et intéressant ce que l’homme a pu accomplir en justifiant ces actes par la religion.
Le premier épisode est consacré à la bataille de Karbala qui se déroula le 10 octobre 680 et qui provoqua parmi les musulmans la séparation entre sunnites et chiites, dont les répercussions sont visibles aujourd’hui encore. A l’origine de ce schisme se trouve le double assassinat d’Ali, cousin et gendre du prophète Mahomet, et du fils de ce premier, Hussein. La descendance mâle du prophète est en effet persécutée par la dynastie régnante à Damas, celle des Omeyyades. Après un combat inégal, Hussein et ses proches sont tués. De cet événement va naître la pitié et la fascination chiite pour le martyre. Celle-ci trouve déjà ses racines dans les années de califats d’Ali, de 656 à 661, qui finit par perdre le soutien d’une partie de l’armée avant d’être assassiné en 661. La vision chiite diffère de celle des sunnites du fait que ces premiers considèrent Ali comme le successeur désigné de Mahomet, ce que contestent les sunnites. C’est la raison pour laquelle les chiites considèrent Ali comme l’Imam le plus vénéré. Les avis diffèrent quant au moment où sa lignée se termine mais les chiites continuent de traiter avec le plus grand respect leurs Imams au point de leur dédier un véritable culte et de reposer sur eux toute leur croyance et leur espérance, alors que les sunnites ne portent leur vénération qu’à Allah lui-même.
Les deux articles suivants se penchent quant à eux sur la question des croisades. Ils rappellent avec quelle violence les croisés ont pillé Jérusalem lors de la prise de la ville, le 15 juillet 1099. Dans le but d’éliminer toute présence païenne des terres sacrées, les croisés perpètrent de nombreux crimes, massacrant des musulmans jusque dans les mosquées, s’emparant des trésors de Jérusalem et profanant des sanctuaires. L’horreur qui s’accable sur la ville est en grande partie la cause de la séparation encore bien actuelle entre l’Occident et l’islam. La barbarie des croisés face à une religion qu’il ne connaisse pas et pour laquelle ils n’ont aucune considération va engendrer un fort sentiment de mépris du côté musulman, point de vue que l’Occident tend à ignorer.
Le 13 avril 1204, lors de la quatrième croisade, les armées s’attaquent à Constantinople, resplendissante cité grecque. Une fois la ville sous leur emprise, les soldats reçoivent la permission de piller la ville trois jours durant. Face à l’opulence de la ville, la sauvagerie des vainqueurs est d’autant plus grande. Chaque bâtiment est dépouillé de ses trésors, de nombreux manuscrits sont détruits, des églises sont mises à sac et de nombreux chrétiens d’Orient sont tués. Plusieurs années de déchirement au sein du pouvoir suivront la prise de Constantinople avant que les Grecs ne reprennent la ville 60 ans plus tard, leur mémoire encore emplie des horreurs commises par les croisés.
Un autre épisode sanglant de l’histoire chrétienne est l’expulsion des juifs d’Espagne en 1942. L’Espagne jubile. Elle a reconquis les territoires occupés par les Maures, elle découvre l’Amérique et s’enorgueillit de purifier sa population en expulsant et en tuant des milliers de Juifs, accusés de souiller la société espagnole. Seuls ceux qui acceptent d’être baptisés ont la permission de rester. Cependant, ceux-là même n’ont pas fini d’être inquiétés puisque commence la chasse aux faux convertis qui aboutira à l’obligation de prouver la pureté de son sang pour chaque citoyen. A une autre échelle mais de manière tout aussi sanglante, le massacre de la Saint-Barthélemy représente une fois encore l’obsession de la souillure. Durant trois jours, les huguenots, calvinistes français, furent massacrés, accusés d’avoir mis au point un soi-disant complot contre le roi en abusant de la naïveté des fidèles.
La partition de l’Inde et du Pakistan en 1947 constitue le sujet du dernier article de la série. La séparation politique en deux pays pousse deux religions, l’hindouisme et l’islam, deux populations habituées à se côtoyer, mais pas pour autant à se mélanger, au massacre réciproque. Des millions de musulmans quittent l’Inde pour le Pakistan et réciproquement les hindous rejoignent l’Inde. Les minorités sont massacrées pour leur seule différence religieuse.
Ces faits historiques sont autant d’exemples qui suscitent une réflexion quant à l’écart qui ne semble jamais se réduire entre les valeurs religieuses de chaque communauté et l’utilisation qu’en a fait l’homme au cours des siècles.
S.B.