La danse est une forme de langage associé à une culture spécifique dans une époque déterminée. Cette expression des peuples dépasse les frontières et aide à comprendre des sentiments d’ailleurs. Depuis 15 ans, de l’Asie à l’Europe, des jeunes aux plus âgées, une grande partie de gens se mettent au Tango.
À la fin du 19e siècle, de nombreux immigrants débarquèrent en Argentine principalement en provenance d’Italie et d’Espagne et se mêlèrent à la population autochtone. Ainsi, divers styles de musiques et leurs danses associées se sont mélangées pour donner le tango Argentin : habanera cubaine, contradanza espagnole, candombé africaine, mais surtout la milonga argentine.
Le tango (dit « musette ») que l’on danse à Paris dans les années 1920-30 n’est plus caractérisé par l’omniprésence un peu macho de la domination du danseur et ne ressemble donc que peu au tango original d’Argentine. Alors que le tango argentin n’est essentiellement composé que de figures, le tango musette se danse autour de la piste avec très peu de figures. On retrouve bien souvent une différence également dans la musique qui, dans le tango argentin, est plutôt mélancolique, alors qu’en musette, elle revêt des aspects plus sautillants.
Aux origines du Tango, il y d’abord une danse liturgique venue d’Afrique noire appelée Xango comme la Calenda, le Candomblé, la Chicha, la Bamboula ou la Samba. Cette danse dérive du dieu du fer et de la guerre dans la mythologie yoruba (peuple d’Afrique occidentale établi aujourd’hui au sud-ouest du Nigeria, au Bénin et au Togo).
Déportés en masse dans le sillage de la colonisation fondée sur le système esclavagiste, avant d’être exterminés en Argentine, les noirs imposèrent vers 1870 leurs rythmes musicaux à ce qui allait aussi devenir le Tango. Dans la structure du Tango, il y a aussi un rythme d’Afrique du Nord sur lequel les Maures interprétaient une danse particulièrement sensuelle. Transportée en Espagne par les conquérants arabes, cette danse était jugée indécente et fut interdite dans les états catholiques. A partir du 15’ième siècle, ce style musical fut perpétué par les bohémiens avant d’accompagner les immigrants espagnols en Amérique.
On convient que le Tango est né en 1898 à Buenos Aires et de Montevideo.
A la fin du siècle dernier, l’Argentine, n’était peuplée que d’un million six cent mille habitants et avait de ce fait grand besoin de monde. Le gouvernement promettait aux immigrants du travail et même de la terre. Autant de rêve et d’espoir pour ces milliers d’Européens qui tentèrent l’aventure dans ce nouvel eldorado. Les gens qui arrivaient avaient tous le même rêve : un morceau de terre, bien à eux. Mais il fallut déchanter, une centaine de familles argentines s’étaient déjà partagées toute la terre. A part des travaux de saisonniers à la récolte ou de manutention sur les docks du port de Buenos Aires, ils ne trouvèrent pas grand chose. C’est là, dans les bas fonds de Buenos Aires, que le Tango naquit, en 1898, issu d’un métissage de rythmes africains et latins. A travers la danse, il permettait aux personnes des milieux populaires d’extérioriser et d’oublier les réalités quotidiennes très dures à cette époque.
A ses débuts, le Tango était surtout joué dans les bouges du port de Buenos Aires. Ce furent les marins qui ramenèrent le Tango en Europe, et qui le propagèrent de port en port. Découvert en 1910 à Paris, il fit fureur dans les salons à la mode, mais jugé indécent. En Europe, le Tango s’est très vite différencié de l’interprétation argentine qui reste marquée par la tristesse et la sensualité latine. Synthèse entre danse, musique et poésie dans un contexte social particulier, le tango argentin est une invention complexe, produit d’un métissage, surgi dans un contexte de brassage humain, ethnique et culturel. Le tango est né de la rencontre de créoles argentins ou uruguayens et d’immigrés, imprégnés d’une culture de bal populaire au milieu du 19e siècle. C’est en effet le métissage de trois danses, le Candombé dansé par les esclaves noirs, la Habanera d’origine cubaine et la Milonga venue de la Pampa argentine, qui a donné naissance au tango.
D’abord cantonnée a la rue et aux maisons closes, cette danse, jugée trop inconvenante, n’a été acceptée par la bonne société argentine qu’une fois adoptée par Paris en 1913. Cette branche européenne du tango aura sa propre évolution vers la danse de salon et de compétition tandis qu’un tango laissant plus de place à l’improvisation et a la sensualité continuera de se développera Buenos Aires en liaison avec une évolution musicale. D’une musique de danse et de fête en 1915, à l’apparition du tango chanté et du bandonéon en passant par les premiers orchestres, le tango s’est tourné depuis les années 1960 vers une musique de concert « Tango Nuevo », sous impulsion d’Astor Piazzola, qui ne dédaignent pas de flirter avec le jazz. Aujourd’hui, le tango dansé est l’objet d’un véritable engouement, grâce à l’enseignement de professeurs venus de Buenos Aires.
Buenos Aires, Capitale de l’Argentine, se caractérise par son gigantisme : l’agglomération compte quelques 12 millions d’habitants, soit le tiers de la population globale du pays. Cette congestion urbaine s’est opérée de façon tellement rapide et désordonnée que la ville est aujourd’hui littéralement saturée. Il faut dire que Buenos Aires, située sur les rives du Rio de la Plata est un port extrêmement important et concentre à l’échelle nationale l’essentiel des activités productives, commerciales et culturelles.
Avant le tango il y avait la milonga
Les Noirs sont entrés en Argentine à l’époque coloniale comme domestiques des Espagnols. Ils chantaient à capella ou en s’accompagnant d’un tambourin fabriqué avec le cuir de la vache une forme de chanson nommée candombé. Le candombé rappelle la fameuse work song des esclaves noirs de l’Amérique du Nord, mais dans une forme plus vive, moins triste.
Le candombé, avec un rythme parfois très rapide, véhiculait quand même beaucoup de nostalgie et, en se promenant à travers la pampa, finit par constituer peu à peu la payada, sorte de ballade très sobre que les payadores seront parmi les premiers à utiliser pour leurs improvisations. La payada, en atteignant les faubourgs, s’est transformée en milonga.
Il est intéressant aussi de noter que le mot milonga veut dire en langage créole de l’époque palabras, c’est-à-dire paroles. Le tango aura donc été, dans ses plus profondes origines, une façon de prendre la parole. Le vocable milonga pris le sens de réunion et même de réunion dansante. En fait preuve un extrait du célèbre Martin Fierro de José Hernandez, écrit en 1872.
» La milonga en tant que danse a été inventée par les compadritos dans le but de se moquer des bals que donnaient les Noirs dans leurs « sociétés ».
Au début, on la dansait en couples séparés, comme le candombé; plus tard et jusqu’à ce qu’elle fasse son entrée dans les maisons closes, on la dansa de préférence entre hommes. » N’exagérons rien cependant: on acceptait aussi que la milonga soit dansée en couples mixtes. Après avoir danser, on se mettait à chanter ou, disait-on et dit-on encore, on « milonguait ». On appela alors la fête milonga et dire « allons milonguer ».
Malgré quelques divergences sur le lieu et le moment exact de la naissance du tango, tous les historiens s’entendent pour dire que cela est advenu entre 1860 et 1880, période pendant laquelle il se dégage lentement de la milonga et de diverses autres influences. Ce dont on peut être sûr aussi, c’est qu’il est un phénomène essentiellement urbain et qu’il s’est d’abord manifesté dans les faubourgs et dans les bas-fonds, parmi les déclassés et les truands, dans l’ébullition d’une ville en pleine expansion.
Le tango, cette « pensée triste qui se danse » représente une véritable chronique de Buenos Aires. Musique, mais aussi danse et poésie des déracinés, de tous ces immigrants. Le tango est né dans les quartiers pauvres de la ville, les bars louches et les lupanars crasseux. Nourri d’aventures cruelles et de souvenirs douloureux, il est parvenu à conquérir les salons chics et évolue aujourd’hui vers une musique aux multiples facettes.
V.vA