Eclairage

Internet, une forme d’individualisme collectivisé

On prétend pouvoir défier tout obstacle à la communication grâce à Internet. Pourtant, il apparaît que chacun se complait à exposer sa seule individualité.

Jürgen Habermas, philosophe allemand du 20ème siècle, considérait que, pour laisser une trace dans l’histoire, pour élever l’humanité, l’homme devait s’investir dans ce qu’il nomme l’«Offentlichkeit», traduit en français par «espace public». Ce terme comprend l’idée d’une sphère publique de communication et de délibération en vue d’arriver à des consensus par des arguments raisonnés.
Pour Habermas, ce lieu était avant tout une sphère politique où l’homme devait dépasser son individualité pour le bien commun par l’usage de sa raison.
A la sortie de son livre («L’espace public») en 1962, il présentait toutefois un constat pessimiste sur son époque. Il affirmait que : l’espace public était en train de se dégrader fortement avec le triomphe du marché capitaliste et l’avènement d’une culture destinée à être consommée plutôt que raisonnée. Il dénonçait une marchandisation de l’information, par les médias notamment.

Il semblerait bien que les craintes d’Habermas se vérifient aujourd’hui. Si l’on considère l’évolution que suit Internet à l’heure actuelle, on remarque que de plus en plus d’individus sont en mesure de produire leur propre contenu et de le soumettre à la communauté des internautes. On aurait pu imaginer le développement d’une «sphère publique virtuelle» où chacun apporte une contribution raisonnée ou participe à des débats sur divers thèmes publics, par exemple. Force est de constater que l’on se trouve bien loin d’un tel idéal. En effet, Internet se révèle être une plate-forme où chacun crie son individualisme.

Cette tendance s’illustre avant tout par les nombreux « blogs » chaque jour mis en ligne. Les utilisateurs recourent à ce type de service pour exposer leur personne, leur expérience individuelle, qui finalement ne touchent qu’un public restreint, et tendent plutôt à alimenter un voyeurisme malsain. Cette surexposition de la vie privée des individus comporte aussi une part importante de mensonge. La majorité des internautes tend à enjoliver son statut lorsqu’il s’agit de se présenter sur Internet (concernant le poids, l’âge, la profession, etc.). On se trouve donc face à des contributions centrée sur l’individualité et en partie illusoires, qui s’illustrent par la pauvreté de leur contenu, la plupart du temps.

A cela s’ajoute le caractère éphémère de ce genre de plates-formes, qui, une fois ouvertes, sont rarement exploitées à long terme. Rien ne se construit véritablement de manière durable. En conclusion, on pourrait se poser la question suivante: quelles traces l’humanité laisse-t-elle d’elle-même par ce genre d’activité ?
Sonia Bernauer
Sources : cours de L. Sgier, « Sociologie politique comparée de l’espace public ».

Édito

Achats par internet : Vivre dans la passé ou dans le futur ?

par Mélanie Kornmayer
Si vous n’avez pas le temps de courir à la Poste pour payer, ou si vous êtes cloué(e)s au lit à cause d’une bonne grippe, pourquoi ne pas faire vos commissions ou payer vos factures depuis votre ordinateur ?

Si vous n’avez pas le temps de courir à la Poste pour payer, ou si vous êtes cloué(e)s au lit à cause d’une bonne grippe, pourquoi ne pas faire vos commissions ou payer vos factures depuis votre ordinateur ?

Internet est à la portée de tous, ou presque. Et, au-delà des milliards d’informations disponibles sur le web, chaque citoyen muni d’un ordinateur et d’une connexion internet peut se décider à ne plus sortir de chez lui et de vivre grâce à ce lien cyber-économique. Car c’est là que le progrès devient intéressant. Les achats sur internet sont-ils économiquement plus avantageux que dans les magasins regorgeant de vendeurs et vendeuses en chair et en os ? Ricardo, E-Bay sont des sites d’enchères en ligne, qui comptent des milliers d’utilisateurs dans notre pays. Dans ce cas, l’avantage économique est certain et se recoupe avec la facilité qu’ont les internautes à acquérir leurs biens.Vous aurez quelques éléments de compréhension, si ce n’est de réponse, dans les lignes de ce journal.

Ce n’est un secret pour personne. Payer ses factures, acheter du riz, se procurer le dernier Tarantino, tout ceci par le biais d’internet, permet un gain de temps et de déplacement. C’est d’ailleurs ce qui motive les quelques milliers, voire millions de personnes qui achètent en ligne. Non seulement pour pourrez rester au chaud dans votre canapé, mais vous y gagnerez à la fin du mois.

Cependant, on peut se poser la question de la contrainte de ce choix de vie sur la vie sociale de ces utilisateurs. Ne risquons-nous pas de tomber dans l’extrême et de finir notre vie en ermite ? Pouvons-nous envisager, toujours dans un cas extrême, la quasi disparition des vendeurs et vendeuses dans les magasins d’alimentation et autres commerces de détails ? Bien sûr, je caricature quelque peu. Mais nous voilà face à un cas de responsabilité sociale.

On pourrait craindre que certains secteurs de l’emploi puissent être gravement touchés par ce phénomène Mais il est trop tôt pour parler de catastrophe. Les gens suivront-ils le mouvement jusqu’à ces limites, ou sommes-nous face à un simple phénomène éphémère ? Il faudra surveiller l’évolution cette nouveauté produite par le net. Et gageons que d’autres dans le futur remettront en cause une fois de plus le monde comme nous le connaissons aujourd’hui.