Analyse

Assistance au suicide : entre légalité et éthique sociale.

Pour Mourir Dignement : Exit ou Dignitas. Quand la mort devient marchandable, revendicable et imposable dans la société au nom justement de la liberté individuelle !

Les récentes conférences qui se multiplient de façon exponentielle sur le suicide, le suicide assisté ou l’assistance au suicide (la terminologie prospère en la matière), ont aiguisé notre appétit et alimenté notre curiosité de chercher à savoir un peu plus sur ce phénomène de société. Phénomène qui, sous d’autres cieux, n’aurait pas eu lieu d’être pour la simple raison qu’ailleurs (nous pensons certainement à certains pays pauvres d’Afrique ou d’Amérique latine) l’on meurt bien de quelque chose Malaria/Sida/Famine, mais il est tout à fait inconcevable, du point de vue constitutionnel et divin, de SE DONNER LA MORT !
Nous sommes dans un pays industrialisé, l’un des plus riches de la planète mais qui enregistre le plus fort taux de cas de suicide ou de tentatives de suicide : c’est la Suisse. La question qui nous intéresse ici est celle de savoir quels sont les aspects juridiques qui ressortent dans l’assistance au suicide ?
A l’échelle internationale, la Cour européenne des droits de l’homme dans son arrêt Pretty c. Royaume-Uni du 29 avril 2002, a déclaré à l’unanimité que le suicide n’entrait dans le champ d’aucun droit de l’homme, ni de l’article 2 de la Convention protégeant le droit à la vie :En conséquence, la Cour estime qu’il n’est pas possible de déduire de l’article 2 de la Convention un droit à mourir, que ce soit de la main d’un tiers ou avec l’assistance d’une autorité publique. ». Toutefois, toute personne qui veut une mort volontaire peut invoquer l’article 8.1 de la convention européenne des droits de l’homme, dont il découle que chacun a le droit de décider de la date et de la méthode  de sa propre mort ! On remarque une belle contradiction déjà en interprétant ces deux articles au niveau européen.
Le suicide est autorisé dans des pays comme les Pays-Bas, la Belgique, l’Oregon (aux États-Unis). La législation du droit interne suisse stipule ainsi sur l’incitation et assistance au suicide: «Celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le suicide a été consommé ou tenté, puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire », (www.admin.ch).
Deux associations suisses, Exit et Dignitas ont été créées dans le but justement d’aider des malades en phase terminale à mettre fin à leurs jours. Cette décision implique  indubitablement deux choses :
La première chose : il est tout à fait légal de mettre fin à ses jours et la deuxième, on peut être assisté pour exécuter ses dernières volonté par une tierce personne dans le cas ou le courage ou la force physique ferait défaut, mais ceci à la seule condition que le mobile de celui/celle qui vous assiste ne soit pas motivé d’égoïsme. En d’autres termes, cette personne physique/morale n’ait un quelconque intérêt à tirer profit de votre mort.
Or, à tout bien considérer le problème, l’association Dignitas (Ndlr : association suisse crée en 1998 et présidé par LUDWIG A. MINELLI a pour but d’accompagner les personnes désirant mettre à leurs jours de le faire en toute dignité- Mourir dignement tel semble être leur créneau), facture à 6.152€ soit 10.000CHF le service proposé au suicidant. Cette surfacturation impliquerait que soit elle est élevée dans le dessein honorable de décourager les potentiels candidats au suicide, soit il s’agit tout simplement de l’un des plus gros business rentables du siècle, loin derrière les soins palliatifs et thérapeutiques. Exit, pour sa part, exige, en vue de bénéficier de ses services dans un futur proche ou lointain, d’abord que vous soyez membre, ensuite vous payez régulièrement la cotisation annuelle de 35f/40f et enfin que vous soyez domicilié en Suisse. L’une ou l’autre association a pour dessein d’accompagner les personnes atteintes d’une maladie incurable d’annihiler leurs souffrances. Contrôlée et maitrisée par des termes juridiques parfaitement clarifiés, cette vision pourrait être honorable. Parce que le problème réside dans la dérive et l’extrapolation de ces normes pour servir ses intérêts personnels et égoïstes comme nous le remarquons avec Dignitas. L’éthique sociale devrait servir de frontières en régulant justement le permis et le permissif dans cette société moderne.
L’autre problème aujourd’hui ne réside point dans l’interdiction ou l’autorisation du suicide par quiconque n’ayant plus le gout de vivre, mais plutôt chercher à comprendre ce qui incite les gens bien portants à vouloir abroger leur vie ; serait-ce une forme de jeu implicite de ce siècle c’est à dire un bras de fer avec la mort d’être plutôt l’agent de sa propre mort que d’en être le patient ! Choisirait-on sa date de mort comme on choisit et planifie un voyage dans les Caraïbes aves toutes les commodités auxquelles la vie occidentale nous aurait habituée.
Il existe une éthique sociale qui sourdement mais efficacement impose des directives, même dans notre liberté individuelle et individualiste. Cette éthique devrait transcender les normes juridiques. Elle pose comme vœu ultime que la vie soit, contrairement aux autres biens matériels qui peuvent être hypothéqués, vendus, marchandables, la seule valeur humaine hors de prix. Les suisses seront prochainement appelés à se prononcer sur cette loi par votation. En se souvenant de la surprise générale lors de la votation sur l’interdiction des minarets, Il faut demeurer sur ses gardes : une loi peut se révéler contre-éthique mais être acceptée. Est ce pour autant qu’elle doit être retenue par l’Assemblée ? Si oui, alors nous courons tout droit au suicide collectif.
ADI.

Industrie

BaselWorld ou le monde du m’as-tu-vu.

Chaque année à Bâle se tient la foire internationale de la montre, c’est l’occasion pour les firmes les plus réputées de se mettre en vitrine et de négocier avec de nouveaux clients. Immersion dans un univers où l’apparence joue un rôle des plus important.
À Bâle : Jérôme Cochand et Lucien Christen

Du 18 au 25 mars, Bâle s’est muée en capitale internationale du luxe horloger. Comme chaque année, les grands noms de la branche ont fait le déplacement. Les six halles d’exposition, représentant une superficie totale de 160’000 mètres carrés ont été envahies par 1915 exposants et plusieurs milliers de visiteurs et d’acheteurs potentiels. Tant les exposants que les visiteurs s’étaient mis sur leur 31, rivalisant d’esthétisme et d’originalité. De Breitling à Longines en passant par Rolex et autres, aussi insolite que cela puisse paraître, Paris Hilton, tous ont investi des sommes astronomiques dans la construction de leurs stands. Justement, parlons-en de ces stands qui mêlent design et volupté. Si les coûts de ces infrastructures sont passés sous silence, il n’en reste pas moins que les firmes ont dû mettre la main au porte-monnaie plutôt deux fois qu’une. Avares d’informations à ce propos, les responsables que nous avons rencontrés n’ont pas voulu nous donner une estimation des investissements engendrés par de tels temples du luxe. Cela dit, leurs propos nous ont laissé entendre que lesdits investissements étaient plus que rentables en regard des contrats signés durant la foire. Il se murmure néanmoins dans les couloirs de BaselWorld que Patek Phillippe aurait investi entre 12 et 15 millions de francs pour l’élaboration de son stand. Rien que ça.

La presse courtisée :
Même si les badauds peuvent se promener librement dans les travées de l’exposition, il demeure nécessaire, pour approcher les différents responsables, d’avoir planifié ses rendez-vous plusieurs mois à l’avance. Réglés comme du papier à musique, les plannings des différentes marques ne laissent pas de place à l’imprévu. Voyant défiler près de 80 journalistes par jour, les chargés de communication louent les vertus de leurs dernières nouveautés (souvent en première mondiale) comme un acteur récite son texte.

Un enjeu capital :
C’est donc à BaselWorld que va se décider la réussite ou non d’une année pour les marques horlogères. Difficile dans ces circonstances d’approcher le nid des négociations. Plusieurs gorilles sont postés devant les différents stands et opèrent un tri sélectif forçant chacun à montrer patte blanche. Toutefois, nous avons pu nous glisser chez Breitling. Dans cet énorme stand de bois, surmonté d’un aussi imposant aquarium, se succèdent 4000 bijoutiers durant la semaine. Ces derniers négocient des contrats juteux en sirotant du « Moët et Chandon » à l’abri des regards indiscrets. Dans son antre, la marque emploie plus de 100 personnes. Le montage du luxueux complexe nécessite deux mois de travail, mais la question de la rentabilité a fait sourire notre interlocuteur. Une goutte d’eau dans cette mer regorgeant, semble-t-il, de nombreux autres millions.
Cette immersion dans la culture de la surenchère est une expérience particulière. Ici, tout est plus cher, plus beau, plus grand. Mais pour M. et Mme. Tout le monde, il demeure savoureux, il faut tout de même l’avouer, d’entrer dans cet univers de velours et de splendeur. Maigre consolation pour qui n’a pas les moyens de s’offrir un de ces joyaux de l’horlogerie : tout ce luxe n’est qu’éphémère.JCO-LCH