Analyse

A quand une taxe pour les chats !

Pendant que certains propriétaires d’animaux domestiques montent au créneau en étalant leur sentiment d’exaspération face aux choses qu’ils trouvent d’une banalité  sans précédent, d’autres s’impatientent en se demandant : mais enfin à quand une taxe pour leur Minou.

Les hommes ont toujours eu besoin d’un animal de compagnie (chien, chat, cheval, âne, bœuf). Les hommes modernes, eux, ont réellement besoin d’animaux qui leur tiennent compagnie. Plongé dans la course effrénée d’un bien être social qui se matérialise par le désir de possession, chacun, petit ou grand, tente d’acheter un animal domestique afin de tuer la solitude. Pour certaines personnes cette appropriation se réalise sans grande passion. On a un animal à la maison que l’on doit nourrir, nettoyer de temps à autre, et faire les visites obligatoires chez le vétérinaire. On peut qualifier ces gens de propriétaires ordinaires, classiques.
À l’opposé, nous retrouvons une bande de personnes qui accordent une sensiblerie excessive à leurs bêtes au point que, lorsque Minou est malade, c’est à peine si le proprio ne devient pas colérique face à tout. Ainsi, avec impatience, il se demande à quand une taxe sur les chats et les chiens , un peu comme la carte grise, taxe qui serait utilisée pour nettoyer les trottoirs, taxe pour l’euthanasie des animaux errants, taxe qui serait utilisée pour les chiens d’aveugles, taxe qui serait utilisée pour faire des toilettes pour chiens/chats, taxe qui serait utilisée pour payer des contrôleurs d’animaux, (verbalisation des mauvais maitres), taxe pour éviter au sdf d’avoir un chien/chat, taxe pour responsabiliser les propriétaires et puis, avec les cartes grises pour chiens/chats, les mauvais maitres pourraient être interdits de nouvelles cartes, ainsi, cela permettrait de castrer les animaux et donc d’avoir un suivi de reproduction par des professionnels à travers la perception de la tva, etc.
Avec ces arguments nous retenons deux choses : d’abord la panoplie de taxes qui existerait : taxe pour ceci, taxe pour cela. Ensuite, au lieu d’être un plaisir et un bonheur de posséder un animal chez soi, la domestication deviendrait un calvaire pour les maitres puisque surveillés de part et d’autre par les instances pour la protection des animaux tels que l’OVF (l’office vétérinaire fédéral) ayant le droit de leur retirer leurs animaux en cas de mauvais suivis.
Les propriétaires ordinaires estiment que cela suscite un sentiment d’exagération rien que d’en parler. Hormis la taxe obligatoire, toutes les autres charges sont nulles et non avenues. Pendant que dans certaines parties du globe, des êtres humains sont en train de crever de famines et de catastrophes naturelles, il est tout à fait révoltant d’accorder tant de valeurs à un animal, fut il de compagnie. Pour l’heure, après vérification auprès d’une pension pour animaux domestiques, la dite taxe n’est pas encore à l’ordre du jour, elle le pourrait si d’aventure les propriétaires zélés arrivent à récolter un maximum de signatures en vue d’une pétition sur la taxe pour chat.
Par ailleurs, la question reste brulante de savoir à quelle fin propose t-on une taxe sur le chat. A cela, certains propriétaires répondent à l’unisson, elle vise à dissuader les nouveaux venus d’acquérir aussi facilement une bête de compagnie. A l’instar justement de ce qui se passe en Allemagne avec les chiens, les autorités n’hésitent pas à hausser les prix en vue de la nécessité du maintien de l’hygiène et de la propreté de la cité.
Toutefois, on est également en droit de se demander, si d’aventure cette mesure entrait en vigueur, jusqu’où délimiterait-on le domaine notionnel de domestication, d’animal de compagnie, car celui qui aurait un aquarium, celui qui posséderait un lapin, une poule, un rongeur se verra taxé de la même manière qu’un propriétaire de chien ?
Pour l’heure, et dans le canton de Neuchâtel, la loi sur la taxe entrée en vigueur en 1996 décrète en son Article premier que « Pour chaque chien détenu sur leur territoire, les communes perçoivent auprès du détenteur de l’animal une taxe annuelle dont le montant ne peut excéder 120 francs, y compris la part de la taxe due à l’Etat ainsi que les frais d’enregistrement et de marque au collier. ». 
Aux impatients, nous suggérons la patience, car même si la nature est patiente, elle sait cacher ses caprices et lorsqu’elle dévoile sa face cachée, inévitablement, les humains sanglotent
par Apsa.

Cinéma

« The Wire »

S’il est un genre cinématographique qui a su acquérir ses lettres de noblesses ces dernières années, c’est bien celui des séries. Leur audience croissante, leurs thèmes variés n’ont cessés de trouver un écho grandissant dans l’imaginaire collectif. Pourtant, le pire côtoie le meilleur, car meilleur il y a ! Présentation de la monumentale œuvre de HBO, « The Wire ».

Bien loin des habituelles et canoniques (et ennuyeuses) séries de flics, « The Wire » a pour sujet la criminalité à Baltimore, une ville à proximité de Washington. L’ambiance est résolument noire, dressant un panorama sans fard ni fond de teint d’une ville en proie aux trafics de drogues, aux rivalités de gangs et leur lot de cadavres. Là où « The Wire » (« Sur écoute » dans la langue de Molière) se distingue ambitieusement des autres séries du genre, c’est bien dans le traitement rigoureux de son sujet. Oubliez « Les experts », N.C.I.S. et consorts, l’approche est aux antipodes des gentils flics allant résoudre le crime de l’épisode pour venir en aide à la veuve et l’orphelin.
Clairement anti manichéenne, « The Wire » procède par thématique. Alors que la première saison permettra au spectateur de se mettre dans le bain de la vie à Baltimore, que ce soit au niveau du fonctionnement des gangs, des rouages parfois obscures de la hiérarchie policière et des intérêts souvent plus politiques qui interfère avec le courant de l’enquête, la deuxième saison fera un tour d’horizon de l’acheminement de la drogue à Baltimore. Comptons encore des volets plus spécifiquement orientés sur la politique de Baltimore ou du système d’éducation dans les saisons suivantes. Ainsi, la série finit par fournir, grâce à son aspect proche du documentaire, un panorama d’une rare exhaustivité de la situation d’une ville américaine à travers les yeux de ceux qui la vivent quotidiennement.                                                                                                                                                                              
Plus convaincant encore, la gestion des personnages rompt clairement avec les codes établis des « shows » US. On s’éloigne enfin des stéréotypes classiques, tout en gardant cette nuance prototypique qui donne une profondeur inégalée aux divers protagonistes. Par ailleurs, impossible de juger tel ou tel personnage comme résolument bon ou mauvais. Chaque individu, plongé dans le système vampirique de la ville de Baltimore, semble passer par des états différents selon les situations. Le même flic pourra tantôt aller tabasser un jeune des « corners » (points de vente de drogue) et plus tard se donner une mission de prévention vers les plus jeunes de ces quartiers défavorisés pour qu’ils évitent de finir embrigadés par une bande criminelle.
La première saison parue en 2002 et la série se terminant en 2005, au bout de cinq saisons, on peut dire que David Simon et Ed Burns ont produit une œuvre rare et riche. Ils ont su s’affranchir des diktats en produisant une série ne s’abandonnant pas à un rythme de suspens, avec un format adapté (58 minutes l’épisode) pour un traitement en profondeur. Amis lecteurs, n’attendez pas une enquête palpitante où chaque épisode révélera une information cruciale. Au contraire, on sent le processus douloureusement long et difficile d’une enquête policière qui avance petit à petit, parfois à l’aveugle, mais surtout avec résignation.
Vous l’aurez compris, je ne saurais que trop vous recommander cette série, à visionner évidemment en version originale (sous-titrée) pour les perles de l’argot des afro-américains ou le langage fleuri des agents de la criminelle. Bien que le succès commercial fût mitigé, peut-être de par sa forme qui ne privilégie pas une accessibilité où le spectateur peut raccrocher le train de l’histoire en cours de route, la critique fut unanime. Je vous épargnerai toutefois une liste, certes prestigieuse et fournie, de nominations et récompenses reçues par « The Wire » et ses acteurs et producteurs. Finalement, la meilleure façon de récompenser ce travail fabuleux restera de tenter cette plongée dans la noirceur de l’âme humaine et des confrontations entre l’individu et son cadre social.
MAG