Eclairage

La mesure FRANCIN: Le français de l’intégration?

Le nombre d’élèves étrangers dans les écoles en Suisse à fortement augmenté ces dernières années, notamment au cycle initial (école enfantine). Les élèves étrangers, qui arrivent d’autres pays, ou alors qui sont nés en Suisse mais qui n’ont jamais parlé le français à la maison, sont confrontés à quelque chose de nouveaux avec l’entrée à l’école. En effet, non seulement la langue parlée ne leur est pas familière, mais aussi le cadre scolaire (consignes, travail, cohabitation…) est une nouveauté. 
C’est pour ces différentes raisons que la mesure FRANCIN (français au cycle initial = école enfantine) à été mise en place dans trois établissements lausannois (Entre-Bois ; Floréal ; Prelaz).

La mesure FRANCIN  à un objectif simple; que les enfants étrangers maîtrisent le français avant d’entrer dans l’écrit (qui à lieu normalement en première année primaire).
Ce projet se différencie des autres cours appelés CIF (cour intensif de français (pour les étrangers)) de plusieurs manières.
Premièrement, cette structure offre un nombre d’heure conséquent, à raison de six périodes (une période = 45 min) par semaine, divisées sur trois matinées. Avant cette mesure qui à été mise en place en août 2009, les élèves ne bénéficiaient que de deux périodes par semaine.
Deuxièmement, ces six périodes sont intégrées à l’enseignement du titulaire. Cela signifie qu’une enseignante spécialisée vient en classe dans une optique de co-enseignement. Ainsi, même si elle se concentre principalement sur les élèves allophones (qui ne parlent pas le français), tous se côtoient.
Cette cohabitation est-elle la clé d’une meilleure intégration? Elle permet dans tout les cas de pouvoir intégrer des élèves francophones dans les groupes de travail allophones, ce qui offre la possibilité non seulement d’avoir quelqu’un qui tire la classe au niveau du français, mais qui, du point de vue de l’intégration, est réellement bénéfique.
La mesure FRANCIN permet donc aux jeunes enfants Suisses et immigrés de se côtoyer, d’échanger, et de mieux se comprendre comme le fait remarquer « l’enseignante FRANCIN »  Mme Rupp Felinho do Nascimento: « il n’y a pas de dénigrement de la part des autres enfants, du style, hein tu sais pas le français! Les enfants jouent tous ensemble à la récréation. Quand un enfant à son anniversaire ils sont tout content de chanter dans toutes les langues qu’ils connaissent ». De plus, il permet aux jeunes allophones d’acquérir le français et ainsi d’entamer la scolarité obligatoire sur les mêmes bases que les francophones.
Pour « l’enseignante FRANCIN », il est cependant  important,  pour que les élèves allophones développent de bonnes bases en français, qu’ils continuent à parler leur langue d’origine. En effet, tant du point de vue de l’acquisition de la langue que de l’intégration, il est primordial que les immigrés gardent leur langue, afin que celle-ci ne soit pas dévalorisée, mais au contraire mise en valeur afin de permettre un apport culturel enrichissant à l’ensemble de la classe.
La « génération FRANCIN » est-elle à la base d’une nouvelle dynamique d’enseignement, et d’une meilleure intégration?
Nous ne pouvons pas encore répondre totalement à cette question, car cette mesure n’en est qu’à sa première année, et nous ne bénéficions  donc pas de suffisamment de recul pour voir si elle  est efficace, mais ce que Mme Rupp Felinho do Nascimento à pu constater dans sa classe, c’est que les progrès en français sont là, et que la cohabitation entre les élèves semblent se passer à merveille.
Cette mesure semble donc permettre l’intégration des étrangers non seulement, en leur offrant les mêmes chances qu’aux francophones de réussir leur scolarité et ce, en leur permettant d’avoir  des bases en français, mais aussi en proposant un échange culturel basé sur une cohabitation constructive entre les élèves.
Espérons  que le projet HarmoS (Accord Intercantonal sur l’Harmonisation de la Scolarité obligatoire) tienne compte de la particularité de cette mesure, et qu’il sache l’appliquer.
Dino De Francesco

Reportage

Tous d’accord pour la fête du travail

Le 1er Mai, les travailleurs, les salariés se retrouvent ; ils font généralement le point sur leur situation, sur leurs conditions de travail, sur leurs salaires. Ils discutent  et font le point sur ce qu’ils ont réussi à arracher aux patrons et à leurs alliés et complices. Quand ils font des défilés, c’est pour eux une façon de marquer leur opinion et de poser leurs demandes sur tous ces points. Donc, ce jour est pour les travailleurs, pour les salariés, une journée commémorative, une journée de luttes. Des luttes parfois dures, quelquefois moins dures, selon le bilan que les organisations des travailleurs (syndicats et associations diverses y compris des partis politiques) font de la situation.
Malgré une météo maussade, le traditionnel cortège du 1er mai 2010 a motivé les suisses. Ce jour, les gens sont descendus dans la rue pour « fêter » leur qualité de vie. Celle-ci est en péril. Les attaques contre l’AI, l’AVS et l’assurance chômage affaiblies la confiance des travailleurs. Les divers groupes politiques ou citoyens ont battu le rappel.
Derrière cette procession pour garder leurs acquis et pour sanctionner la politique actuelle, s’anime aussi la volonté d’en finir avec ce système “libéral” où les entreprises font la loi au mépris de la planète et de tout les être vivants. De plus en plus de suisses ont compris que le système libéral actuel n’est pas dans leur intérêt, ni dans celui d’aucun peuple.
Aussi, quelques personnalités politiques de la gauche plurielle (Vert, PS, Solidarité, A gauche toute…) beaucoup de syndicalistes, de nombreux travailleurs, des militants et des associations de la société civile ont pris part à ces défilés pour dénoncer les gros salaires.
À Bienne, le conseiller national Carlos Sommaruga a dénoncé les 91 millions de bonus reçus par le directeur du Crédit Suisse Brady Dougan.
À Zürich, la conseillère nationale écologiste Katharina Prelicz-Huber a aussi dénoncé des abus et la cupidité des managers de certaines banques et assurances.
À Coire, le président du PS Christian Levrat a critiqué la réforme de l’assurance chômage.
Cette année on a constaté une mobilisation importante en cette fête du travail. Par ce pluvieux samedi de printemps de millier de manifestantes étaient dans la rue. Pour la première fois, les revendications étaient unanimes. La question que l’on se pose quid du rassemblement en 2011 ?
V.vA.