Cinéma

« The Wire »

S’il est un genre cinématographique qui a su acquérir ses lettres de noblesses ces dernières années, c’est bien celui des séries. Leur audience croissante, leurs thèmes variés n’ont cessés de trouver un écho grandissant dans l’imaginaire collectif. Pourtant, le pire côtoie le meilleur, car meilleur il y a ! Présentation de la monumentale œuvre de HBO, « The Wire ».

Bien loin des habituelles et canoniques (et ennuyeuses) séries de flics, « The Wire » a pour sujet la criminalité à Baltimore, une ville à proximité de Washington. L’ambiance est résolument noire, dressant un panorama sans fard ni fond de teint d’une ville en proie aux trafics de drogues, aux rivalités de gangs et leur lot de cadavres. Là où « The Wire » (« Sur écoute » dans la langue de Molière) se distingue ambitieusement des autres séries du genre, c’est bien dans le traitement rigoureux de son sujet. Oubliez « Les experts », N.C.I.S. et consorts, l’approche est aux antipodes des gentils flics allant résoudre le crime de l’épisode pour venir en aide à la veuve et l’orphelin.
Clairement anti manichéenne, « The Wire » procède par thématique. Alors que la première saison permettra au spectateur de se mettre dans le bain de la vie à Baltimore, que ce soit au niveau du fonctionnement des gangs, des rouages parfois obscures de la hiérarchie policière et des intérêts souvent plus politiques qui interfère avec le courant de l’enquête, la deuxième saison fera un tour d’horizon de l’acheminement de la drogue à Baltimore. Comptons encore des volets plus spécifiquement orientés sur la politique de Baltimore ou du système d’éducation dans les saisons suivantes. Ainsi, la série finit par fournir, grâce à son aspect proche du documentaire, un panorama d’une rare exhaustivité de la situation d’une ville américaine à travers les yeux de ceux qui la vivent quotidiennement.                                                                                                                                                                              
Plus convaincant encore, la gestion des personnages rompt clairement avec les codes établis des « shows » US. On s’éloigne enfin des stéréotypes classiques, tout en gardant cette nuance prototypique qui donne une profondeur inégalée aux divers protagonistes. Par ailleurs, impossible de juger tel ou tel personnage comme résolument bon ou mauvais. Chaque individu, plongé dans le système vampirique de la ville de Baltimore, semble passer par des états différents selon les situations. Le même flic pourra tantôt aller tabasser un jeune des « corners » (points de vente de drogue) et plus tard se donner une mission de prévention vers les plus jeunes de ces quartiers défavorisés pour qu’ils évitent de finir embrigadés par une bande criminelle.
La première saison parue en 2002 et la série se terminant en 2005, au bout de cinq saisons, on peut dire que David Simon et Ed Burns ont produit une œuvre rare et riche. Ils ont su s’affranchir des diktats en produisant une série ne s’abandonnant pas à un rythme de suspens, avec un format adapté (58 minutes l’épisode) pour un traitement en profondeur. Amis lecteurs, n’attendez pas une enquête palpitante où chaque épisode révélera une information cruciale. Au contraire, on sent le processus douloureusement long et difficile d’une enquête policière qui avance petit à petit, parfois à l’aveugle, mais surtout avec résignation.
Vous l’aurez compris, je ne saurais que trop vous recommander cette série, à visionner évidemment en version originale (sous-titrée) pour les perles de l’argot des afro-américains ou le langage fleuri des agents de la criminelle. Bien que le succès commercial fût mitigé, peut-être de par sa forme qui ne privilégie pas une accessibilité où le spectateur peut raccrocher le train de l’histoire en cours de route, la critique fut unanime. Je vous épargnerai toutefois une liste, certes prestigieuse et fournie, de nominations et récompenses reçues par « The Wire » et ses acteurs et producteurs. Finalement, la meilleure façon de récompenser ce travail fabuleux restera de tenter cette plongée dans la noirceur de l’âme humaine et des confrontations entre l’individu et son cadre social.
MAG

Evénéments

« Si Jamais », jamais à Neuchâtel :

« Si jamais », est une exposition itinérante qui donne à l’aide sociale une plate forme lui permettant  de présenter son travail. Entre avril et octobre 2010, cette exposition passera dans une quinzaine de villes Suisse allemandes et Suisse romandes. Parmi les villes romandes, Neuchâtel ne figure pas sur la liste. Etonnant lorsque l’on sait que le Canton de Neuchâtel possède un des plus haut taux de chômage de Suisse (7,3% en janvier 2010) et que passablement de personne ont recours à l’aide sociale.

La ville de Neuchâtel pense-elle qu’une exposition comme « si jamais » n’a pas sa place, ou est-ce un moyen de dire que la pauvreté n’existe pas à Neuchâtel ?
Et bien rien de tout cela. Selon Mr Bissat, responsable de l’aide sociale à la ville de Neuchâtel « si jamais » était une exposition pour laquelle il avait beaucoup d’intérêt, mais dont il ne pouvait satisfaire les exigences de mise en place. L’aide sociale de Neuchâtel, qui ne chôme pas, manque, en effet, de moyens en personnel à consacrer à la mise en place de cette exposition.
C’est donc pour une raison purement logistique que la ville de Neuchâtel a refusé de montrer « si jamais » et non pas parce que cette exposition pourrait refléter une vérité fâcheuse mais bien réelle qu’est la pauvreté en Suisse.
Selon Marc, un jeune lycéen de Neuchâtel, « c’est dommage que cette exposition ne passe pas  ici, parce que la pauvreté c’est un sujet important qui ne devrait pas être tabou, et auquel beaucoup trop de gens son confronté. Une exposition qui en parle et montre comment ça se passe vraiment c’est très bien ».
On regrette donc quand même que cette exposition ne passe pas dans notre ville, mais rassurez vous, « si jamais » vous avez envie de la voire, elle passera par Delémont, Lausanne et Morges.
DDF