Actualité

Une histoire de chiens

Ces derniers jours, le petit village de Reconvilier (JB) a fait couler beaucoup d’encre. Une loi cantonale permettant d’abattre un chien, dans le cas où le propriétaire ne s’acquitterait pas d’une taxe annuelle, a provoqué des réactions. Non seulement des réactions dans le village ou en Suisse, mais également dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Ras-le-bol, chocs et menaces forment l’actualité du village. Retour sur cette affaire.

La commune de Reconvilier, dans le Jura bernois, est un petit village de campagne. Connue pour la Foire de Chaindon, elle l’est aussi pour ses frasques en tout genre. Les dernières en date, l’usine Swissmetal Boillat et cette fameuse loi concernant les chiens. De quoi s’agit-il au juste ? C’est une loi cantonale vieille d’un siècle, datant de 1904, plus précisément. Celle-ci mentionne que les propriétaires de canidés doivent s’acquitter d’une taxe annuelle. Si la commune ne perçoit pas l’entrée de cet argent, elle a le droit d’abattre l’animal.
Vieillotte et peu adaptée à la société actuelle, la loi a suscité de vives réactions. Dans un journal régional, on y consacre la première page. S’ensuit un intérêt de la part de la TSR et de plusieurs presses de boulevard suisses, dénonçant la cruauté de la loi. L’agence de presse américaine Associated Press (AP) reprend l’affaire et la fait connaître au reste du monde. Scandalisé, un Américain n’hésite pas à envoyer des menaces de mort au maire de Reconvilier. Naturellement, la Protection suisse des animaux (PSA) crie, elle aussi, au scandale.
Pour sa part, Pierre-Alain Némitz, secrétaire municipal de Reconvilier, se défend en précisant que cette loi est «un coup de gueule contre les mauvais payeurs» et ajoute que «l’abattage d’un chien est un ultime recours dont aucun membre du conseil ni de la municipalité ne souhaite faire usage».
Mais que pensent les habitants du village, soumis aux rebondissements de « l’affaire des chiens » ? Les avis semblent mitigés. Certains clament clairement leur mécontentement sur cette affaire, jugeant que la commune n’aurait pas dû parler de l’abattage des quadrupèdes. D’autres, trouvant cette histoire absurde, insistent sur les problèmes bien plus graves qui se passent de par le monde : « Si tous ceux qui crèvent de faim et de froid dans le monde étaient informés de ce qui se passe à Re Cons Vilier, ils seraient morts de rire, malheureusement ils n’ont pas eu le temps d’en rire, ils sont morts avant », commentaire d’un lecteur sur le site du journal Le Quotidien Jurassien, signalant l’absurdité de cette histoire.
Suite à la séance du conseil municipal le 17 janvier 2011, un communiqué à été publié concernant exclusivement « l’affaire des chiens ». Le Conseil municipal rapporte clairement que « l’autorité communale va toutefois examiner l’opportunité de poursuivre ceux qui ont dépassé et de loin le tolérable dans l’expression de leur mécontentement ». De toute évidence, cette loi a bien fait parlée d’elle et a pris une ampleur incroyable. Au jour d’aujourd’hui, des menaces ont été proliférées de toute part, s’adressant à des êtres différents, anonymes, agitateurs,…
Les réactions suite à la décision communale de décembre ont instaurées un climat nerveux, méfiant, parfois même absurde.
Quoi qu’il en soit, la loi de 1904 aura eu une part de mérite. En effet, suite à cette affaire, plus de la moitié des taxes non payées l’année passée, ont été réglées en janvier, selon le communiqué du Conseil municipal. Reste à espérer que le problème soit rapidement réglé.
Finalement, dans cette histoire, les seuls à ne pas s’être préoccupés sont les chiens, pourtant entièrement touchés par le sujet. Le dénouement final de cette affaire reste encore à rédiger. Un happy end ? On l’espère.
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Portrait

La voix de l’expérience

En ce début d’année 2011, nous vous présentons Mario Sessa. L’ancien rédacteur en chef de L’Impartial et de L’Express nous parle des moments clés de sa carrière et de sa vision du journalisme. Il conclut avec quelques conseils pour les futurs journalistes.
Préparé à l’enseignement, rien ne laissait croire qu’il explorerait le journalisme. Néanmoins, le jeune diplômé fit quelques remplacements de journalistes à l’Impartial. C’est à ce moment-là que le rédacteur en chef de l’époque le remarqua et lui proposa de postuler à l’une des deux places de stagiaires du journal. C’est ainsi que le jeune Mario Sessa se lança dans une aventure journalistique de 28 ans.
Le journaliste débute à l’Impartial de La Chaux-de-Fonds. Mario Sessa évolue ensuite dans la profession et devient notamment le rédacteur en chef de L’Express et de L’Impartial durant plusieurs années. Le journaliste va finalement finir sa carrière journalistique à L’Hebdo en tant que rédacteur en chef-adjoint.
Lors de notre rencontre, le rédacteur nous explique qu’ayant fait le tour de la profession il préféra arrêter. Dorénavant, l’homme de lettre ne se consacre plus qu’à l’enseignement pour passer le flambeau aux générations suivantes.
Ses meilleurs moments
« Dans les années 80, tout était permis. Les délais étaient considérables : les heures des remises des articles étaient très tard. De plus, l’économie était moins lourde à porter. Quelques années plus tard, cela a changé. », nous informe-t-il.
Mario Sessa nous parle aussi de la période où il était rédacteur en chef : « On se retrouve dans une tour d’ivoire entre l’éditeur qui veut se faire de l’argent et la rédaction que l’on doit défendre. Un rédacteur-en-chef n’écrit plus rien et se retrouve au front lors des troubles, dans une ambivalence entre les deux partis qu’il représente. C’est pour cela que l’on a tout intérêt à bien s’entourer. »
Il revient aussi sur des moments moins joyeux durant les crises économiques de ces dernières années : « Devoir se séparer de quelqu’un pour des raisons économiques est très dur parce que la personne que vous licenciez n’a absolument rien fait. Après cela, on se demande si on a vraiment tout essayé pour garder cette personne. »
Comment voyez-vous le monde du journalisme actuellement ?
M.S.:  Il vient de sortir d’une des plus grandes crises. A mon avis, le papier restera encore. Il faudrait passer de la lecture facile aux lectures sérieuses. Quant aux presses régionales, elles ont plusieurs options possibles soit être la meilleure dans son territoire soit garder des sections généralistes.
Est-ce que les journalistes sont bien acceptés dans le domaine public ?
M.S.: Puisque les journalistes ne dérangent, ils sont bien acceptés. Mais, du fait qu’ils ne dérangent pas, on ne trouve aucune différence dans les journaux ce qui est un mal pour les rédactions qui devraient essayer de se démarquer en osant déranger. La raison de ce mal est le manque de courage des éditeurs parce qu’ils veulent gagner de l’argent et faire dans la différence, oser dire ce qui pourrait déranger crée le risque de ne pas toujours gagner sa vie. Aujourd’hui, les journaux d’envergure renforcent leurs contenus pour se démarquer.
Comment expliqueriez-vous le métier de journaliste ?
« C’est un métier complexe dans lequel on a le droit de tout dire mais, surtout il faut savoir le dire.  C’est un travail où on mélange la technique et l’éthique. Il s’agit aussi de vérifier l’information, de temporiser et de regarder les dépêches d’agence en les vérifiant quand même. Ce n’est pas un métier de paresseux. On se déconnecte très peu du monde du travail et même durant les vacances on reste attentif à l’actualité. »
Est-ce que vous auriez des conseils pour les futurs journalistes ?
« Il faut se former dans tout, avoir une très grande curiosité et douter de tout. C’est justement la curiosité qui va vous obliger à vérifier si ce que vous lisez est vrai. »
Pour l’anecdote, est-ce que vous vous souvenez d’un des premiers articles que vous avez écrit ?
« Oui, lorsque Suchard a délocalisé la fabrique de Sugus et que l’on a découvert qu’elle allait au Portugal. Alors, j’ai écrit un article avec comme titre « Une vérité qui colle aux dents ». »