Monsieur Werner habille les femmes

De la haute couture dans la capitale seelandaise

Zurich-Paris-Bienne. La maison de haute couture Werner Weber habille les amoureux de l’élégance classique depuis 27 ans. A chaque Printemps/été, automne/hiver, le styliste biennois présente ses collections au musée Neuhaus. Rencontre avec un passionné de tissus.

Viviana Von Allmen

Le plus frappant chez Werner Weber c’est son rire. Un rire qui peut exprimer un oui, un non, mais toujours complice. Notre homme porte, aujourd’hui, un pantalon en cuir noir, une chemise à fines rayures et une cravate nouée à « la mode Werner « . Une coquetterie qui distingue le couturier biennois. Situé au n° 20 de la rue Charles Neuhaus à Bienne, son atelier est décoré sobrement. Werner Weber n’aime pas les portes. Elles ont été remplacées par des rideaux, permettant ainsi à ce dynamique créatif de se déplacer sans entrave.

Petit, le styliste jouait avec les poupées de sa soeur, pour lesquelles il s’était mis à confectionner des habits.  » Mon attirance pour le métier est venue plus tard « , précise Werner Weber. Ce natif de Lyss, que l’on pourrait prendre pour un avant-gardiste, mais qui se définit comme un classique élégant, a été élevé dans la plus stricte culture d’une famille de commerçants.  » Très jeune, j’observais ma mère portant ses toilettes, puis rapidement je me suis mis à la conseiller avec beaucoup de plaisir « . Son
attrait pour les tissus et les formes l’a marqué à jamais. Sa voie était toute trouvée !

Après un apprentissage à Zurich, il s’envole pour Paris ou il travaille chez Christian Dior pendant trois ans. L’ambiance chez ce « Dieu » de la couture lui donne envie de voler de ses propres ailes. De retour en Suisse, il cherche un atelier. Sans succès. Il trouve un emploi chez Parpan à Berne. Trois ans plus tard, l’atelier ferme ses portes. Le moment est donc venu. « Je ne pouvais pas laisser cette passion !  » se répétait sans cesse Werner Weber. Poussé par de nombreux clients, il s’établit à Bienne en 1977. Sa clientèle issue des milieux aisés de Bienne et de Zurich le sollicite souvent pour la confection de robes pour des événements importants comme des mariages. On lui demande même de fournir la pochette et les souliers assortis.

Les dames de bonne société le recommandent à leurs filles. Quelques hommes font partis de ses clients. Mais Werner Weber préfère de loin habiller les femmes parce qu’elles lui laissent plus de liberté pour ses créations.

Pour trouver son inspiration, le couturier aime retourner à Paris. Dans les rues de la Ville Lumière, des idées de robes surgissent dans l’esprit du créateur. Mais au moment de la création des dessins, Werner Weber écoute des opérettes italiennes ; ses véritables Muses d¹inspiration. D’ailleurs il
confesse que les femmes italiennes, depuis toujours, savent porter la mode et la mettre en valeur. Pour éviter de mauvais passage dans sa vie professionnelle, le styliste doit suivre, frénétiquement, les changements de la nouvelle industrie du textile.  » Je fais de nombreux voyages à Côme en Italie, le centre par excellence du tissu », rajoute Werner Weber. Les étoffes lui transmettent des vagues d’émotions. Fugace, il se lève, va chercher une des dernières nouveautés en matière laine, caoutchouc.  » Touchez, le tissu est tellement fin  » dit Werner avec ferveur. Et il ajoute: « Je me rappelle que Napoléon avait des appréhensions par rapport au cachemire. Les artisans de l’époque devaient le mélanger avec de la soie ». Aujourd’hui, la technologie permet de combiner presque tous les matériaux pour donner une structure inimaginable aux tissus.

Avez-vous une idole ?
Mark Bohan, ex-créateur chez Christian Dior. Il avait l’art d’habiller les rondeurs naturelles des femmes. Il aimait la gente féminine et mettait ses valeurs au service de l’élégance. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La plupart des couturiers essaient de se faire un nom avec des vêtements
extravagants, souvent difficile à porter en public.

Quels sont les moments que vous appréhendez le plus, avant, pendant ou après un défilé?
Je n’ai pas de préoccupations particulières pour les préparatifs ou le déroulement de mes défilés. J’ai une confiance extrême en mes collaborateurs et personnellement je suis l’événement du début à la fin. Je garde, tout de même, très jalousement les critiques de mes clients, mais surtout je savoure les commentaires qui durent des semaines et des semaines dans l’atelier après chaque défilé.

Quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune artiste qui se lance dans la mode ?
Tout d’abord, je pense que tous les jeunes doivent faire preuve de patience ! C’est ce que je répète sans cesse à mes apprentis. Comme notre métier est encore plus exigeant que les autres professions, ils doivent faire preuve,au début, de beaucoup de fantaisie et d’enthousiasme. Mis à part le domaine
technique ou la pratique, les deux qualités essentielles sont l’endurance et la ténacité. Le monde de la mode est un monde sans pitié.
V.vA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *