Alors que nous commençons à peine à l’envisager en Suisse, le paiement par mobile est déjà une réalité effective dans de nombreux pays : en 2009, nous comptions plus de 70,4 millions d’utilisateurs de par le monde, et ce chiffre devrait plus que tripler d’ici 2012. Solutions, potentialités, avantages ? C’est ce que nous voulons découvrir par un petit tour d’horizon de ce marché en pleine expansion.
Le m-paiement, comment ça marche ?
Les solutions classiques, telles que les SMS surtaxés ou les achats répercutés sur sa facture
de téléphone, sont reléguées au second rang par les nouveaux dispositifs qui inondent aujourd’hui le marché. Le m-paiement à distance, par exemple, est très prometteur : il permet, grâce à une puce implantée dans son mobile, d’effectuer des transactions entre deux appareils dans un champ de 10cm. Au Japon, la puce Felica compte déjà 45 millions d’utilisateurs, tandis que le standard NFC (Near Field Communication) européen est en test en ce moment même en France.
Google, Amazon et Paypal ont eux opté pour un portefeuille virtuel. Facilement accessible par internet, sa simplicité est pourtant quelque peu compromise lorsqu’on tente d’y accéder par mobile. Enfin, certaines entreprises telles que Square proposent des dispositifs transformant les Smartphones en terminaux de paiement ou en lecteurs de cartes. Très utiles pour les petits
commerçants, ces derniers sont moins adaptés aux utilisateurs lambda.
A l’heure actuelle, le nombre élevé de ces dispositifs est un désavantage pour le consommateur. En effet, ce dernier se voit contraint de souscrire à plusieurs services s’il veut utiliser le m-paiement de façon régulière et ce à plusieurs endroits. De plus, ces derniers ne sont pas gratuits : certains opérateurs n’hésitent pas à prélever jusqu’à 30% de la transaction finale et ces
commissions risquent de s’additionner si la situation n’évolue pas. Ainsi, seule une coordination et une concertation entre acteurs garantira à long terme l’essor de cette nouvelle technologie.
Le m-paiement, quel avenir ?
Paiement du parking à distance, ticket dématérialisé, recouvrement de dettes entre particulier en un clic, location de vélo sans portefeuille encombrant… les potentialités du m-paiement sont infinies et de nombreux exemples sont déjà disponibles. Nous pourrions citer le service postal danois qui proposera, dès le 1er avril, le remplacement des timbres par des codes envoyés et facturés par sms. Ainsi, plus la peine de se déplacer, il suffit de retranscrire le code sur l’enveloppe pour prouver que son envoi est dûment affranchi. Au Japon, où le système est très
développé, la puce de m-paiement combine à la fois les fonctions de carte de crédit, de titre de transport et de carte de fidélité. De même, en Turquie, le m-paiement est déjà disponible aux péages des autoroutes et des ponts. Bref, qu’on le veuille ou non, le m-paiement risque de devenir une réalité incontournable.
Le m-paiement, quels avantages ?
Dans les pays développés, le m-paiement est un relai de croissance important. Pour les opérateurs, cela permet de renforcer l’utilité du téléphone portable, de fidéliser la clientèle et de stimuler les ventes. Pour les banques, le m-paiement est à la fois un faire-valoir et un moyen de diversifier leur offre. En outre, ce jeune marché attire de nouveaux acteurs et favorise les petits
commerçants qui seront capable d’offrir les mêmes services de paiements que les grands groupes de distribution.Cependant, le véritable intérêt de ce dispositif se trouve dans les pays en développement. En effet, dans de nombreux pays d’Afrique, les individus n’ont que peu d’accès aux services bancaires, en raison du peu d’actifs qu’ils possèdent et de la pauvreté du réseau bancaire. Le m-paiement est alors une véritable opportunité. D’abord, les risques liés au
transport de valeurs physiques sont amoindris. Ensuite, les commerçants peuvent avoir accès directement à leurs comptes, facilitant leur comptabilité et la fluidité du commerce. Enfin, le m-paiement simplifie grandement le rapatriement des salaires des travailleurs immigrés ainsi que les échanges entre ville et campagne, qui se font aujourd’hui par simple SMS. Ce dernier usage s’avère d’ailleurs le plus prometteur.
En conclusion, bien que le m-paiement puisse être perçu comme un nouveau caprice des pays industrialisés, il se veut un instrument inestimable pour les pays en développement, permettant de sécuriser les transferts de valeurs, de favoriser l’essor des commerces locaux et d’adoucir la vie de millions de personnes. Cependant, l’avenir de ce commerce dépend de nombreuses variables et se voit compromis par la compétition entre acteurs pour l’heure réticents aux
compromis.
L.L.