Quand l’être humain joue à se faire peur

Pour partir à la découverte de son univers, le petit enfant commence par escalader son lit à barreaux. La peur, il la rencontre vite, soldée par un genou couronné ou une bosse au front. Mais rien n’arrête son besoin d’acquérir des connaissances, de surmonter ses craintes et d’accroître ainsi sa confiance en lui.  Autrement dit, à travers la quête des limites, l’individu cherche ses
marques, teste ce qu’il est, apprend à se connaître, à se différencier des autres, à redonner une valeur à son existence.

Dans la vie de tous les jours, lorsque nous prenons des risques, notre cerveau évalue les possibilités de gains et de pertes. En réalité, dès que notre cerveau estime qu’il y a incertitude, nous estimons qu’il y a prise de risque. Le « risque » est donc omniprésent, en effet ce matin vous êtes peut-être parti de chez vous sans votre parapluie, alors que de gros nuages pointaient leur nez ou alors grillé le feu rouge parce que vous n’aviez pas envie d’attendre ?

Tous les jours, nous prenons des risques et parfois même sans en avoir pleinement conscience. Toutefois, face au «pile ou face» du danger, nous ne sommes pas tous égaux, puisque certains prennent sciemment des risques importants. Bruno Sicard, spécialiste des environnements extrêmes explique qu’ « il existe probablement une sorte d’homéostasie du risque, que nous devons maintenir à un certain niveau. Selon les individus, le curseur est placé à un niveau différent?: certains vont prendre beaucoup de risques dans leur vie, d’autres beaucoup moins ».

Les avides de sensations fortes, côtoient la ligne de l’incertitude, de la vie ou de la mort de manière extrême et en tirent du plaisir. En effet, chez ces dernières, la prise de risque semble être un besoin vital, biologique comme celui de boire, manger ou dormir. Plus loin encore, les plus rebelles peuvent faire violence à ces instincts primitifs. Leur soif de risque est liée de manière perverse au danger et ne peut être étanché qu’une fois ce dernier surmonté. Autre explication, un ego surdimensionné qui incite sans cesse à confirmer leurs capacités. Au niveau cérébral, ce besoin d’entreprendre de telles actions semble relever les mêmes mécanismes que la quête du plaisir : la dopamine, la petite molécule du plaisir et de la récompense, est activée dans ces deux situations. Au passage, remarquons que cette molécule est créée par la testostérone, c’est d’ailleurs ce qui expliquerait pourquoi l’on retrouve aux premières loges du risque les jeunes de sexe masculin. 
Par ailleurs, les zones cérébrales de la récompense semblent intervenir très en amont de la prise de risque elle-même, au moment où nous décidons si oui ou non nous allons
prendre un risque. Plus étonnant, avant une prise de risque considérable (pour un individu avide de risque) la personne semble prête à tout et sent un effet euphorisant occasionné par la production d’endorphines libérées. Mais tout de suite après avoir effectué un acte particulièrement danger et risqué, l’état d’esprit chante considérablement, puisque le niveau de prise de risque revient à celui d’un individu normal. Comme s’ils en étaient rassasiés. Peut-ont alors dire que les accros du risque dénotent un déséquilibre du comportement ? Bien sûr que non. En effet si nous sommes globalement effrayés par un risque excessif, il y a toujours des exceptions. Selon certains chercheurs, il s’agirait surtout d’une question de sensibilité cérébrale.  Plus notre cerveau
est sensible aux gains et aux pertes, plus nous sommes réticents à l’idée de prendre des risques. Ainsi, chez les plus craintifs l’étiquette « récompense » est activée lors d’un possible gain et s’éteint lorsque les pertes possibles prennent le dessus. À l’inverse, chez un audacieux ces questions sont beaucoup moins fermes. 
Tout serait donc question d’équilibre et conduit une réponse différente à la question : mon risque est-il légitime ? Et vous, plutôt du genre à tenter le diable ou rester assis devant un film d’horreur ?
A.B.L

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