Sepp Blatter : Un Valaisan à la tête du football mondial

 

Alors que les scandales et les affaires de corruption ne cessent d’éclabousser la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), un homme concentre toute l’attention du monde du sport ces derniers temps. Malgré la tourmente, il garde sa ligne de conduite qui lui a permis d’atteindre le poste de président de la FIFA qu’il occupe depuis plus de douze ans. Vous l’aurez reconnu, il s’agit de Joseph « Sepp » Blatter, valaisan pure souche ! Mais comment a-t-il donc bien pu passer des bancs d’écoles du collège de Sion au siège de président de l’organe faîtier du football mondial ?

11 juillet 2010, Johannesburg. Sepp Blatter tend le trophée de la Coupe du Monde à Iker Casillas, capitaine de la sélection espagnole. A cet instant, ce ne sont pas moins de 700 millions de téléspectateurs qui ont le regard braqué sur le Valaisan…

Retour 74 ans plus tôt pour comprendre comment tout a commencé. Le 10 mars 1936, un petit « Joseph » voit le jour dans la charmante ville haut-valaisanne de Viège. Rapidement, « petit Joseph » est attiré par le sport. Il entre même dans une société de gymnastique, car le football était interdit à l’école. Les interdits attisent la curiosité, c’est bien connu et ce ne sont pas les punitions qui vont refroidir la passion grandissante du jeune « Sepp » (diminutif de Joseph) pour le ballon rond. Même s’il a joué pendant de nombreuses années au FC Viège, sa carrière footballistique ne sera pourtant pas à la hauteur (et comment !) de celle qui l’attendait. On raconte qu’il dût refuser de signer un contrat pro avec le Lausanne-Sport, car son père estimait qu’on ne pouvait pas gagner sa vie en jouant au foot. Président de la FIFA, ça paye mieux c’est certain ! Sepp Blatter sait désormais qui il doit remercier…
C’est donc vers une carrière plus orientée « marketing » que  Sepp se dirige. Après avoir étudié aux collèges de Sion et St-Maurice, il obtient un diplôme de commerce et d’économie politique à l’HEC de Lausanne. Il garde toutefois une forte attache avec le monde du sport, en intégrant la Ligue suisse de hockey sur glace (1964) et la direction de Neuchâtel Xamax (1970). Ce n’est qu’en 1975 que le Haut-Valaisan entre dans la FIFA, tout d’abord au poste de directeur des programmes de développement. Par la suite, il ne cesse de grimper dans la hiérarchie de la fédération sportive la plus puissante. En 1998, il accède à la présidence de la FIFA, poste qu’il a depuis jalousement conservé. Voilà comment petit Joseph est devenu Mr.Blatter ou l’homme le plus influent du monde sportif.

D’un point de vue externe, Sepp Blatter dégage l’image d’un président sûr de lui, imperméable aux critiques et, somme toute, assez froid. Mais qui se cache réellement derrière ce petit homme d’un mètre soixante-neuf ? Pour nous en parler, nous avons joint par téléphone l’ancien international suisse Jean-Paul Brigger qui connaît « Sepp » mieux que personne. Originaire lui aussi du Valais, il est considéré par beaucoup comme l’homme de confiance du président et travaille également pour la FIFA (responsable du groupe d’étude technique). « Sepp Blatter a deux faces », affirme-t-il. « D’un côté, on a un président très professionnel qui veut faire avancer les choses et d’un autre, on retrouve un homme au grand cœur, très chaleureux et toujours disposé à avoir une sympathique conversation. C’est un homme extraordinaire ! » C’est d’ailleurs Mr.Blatter en personne qui a proposé un poste à la FIFA à Jean-Paul Brigger. « Ça s’est passé lors d’un tournoi à Ulrichen où Sepp Blatter était invité d’honneur », explique l’intéressé 1*. « Il m’a dit en toute simplicité de passer le voir à la FIFA. Je n’ai évidemment pas refusé l’offre et Sepp m’a très gentiment mis dans le bain ».

Gouverner le monde du football s’apparente toutefois plus à un parcours du combattant qu’à une promenade de santé. Sepp Blatter ne cesse d’effectuer des voyages aux quatre coins du globe afin de rencontrer les membres des différentes confédérations. « Malgré son âge avancé (ndlr : 74 ans), il continue de voyager énormément. Heureusement, il a une faculté de récupération hors du commun. Alors que tout le monde est fatigué, lui pense déjà à organiser ses prochains projets ! », explique Jean-Paul Brigger, admiratif. « Mr Blatter est né pour ce poste ! Sa grande force est qu’il aime et qu’il croit en ce qu’il fait. Il n’est pas du genre inactif, il veut vraiment faire bouger les choses. ».
On ne peut en tout cas pas lui reprocher de ne pas s’investir à 100% dans les actions qu’il entreprend. Parmi elles, on relèvera entre autre sa lutte contre l’assistance technologique aux arbitres ou sa détermination à augmenter le nombre de joueurs nationaux dans les clubs (concept du « 6+5 »). Toutefois, le président n’est pas épargné par les critiques, notamment ces derniers temps avec l’avalanche de scandales qui font trembler les murs du siège de la FIFA à Zurich. Dernier exemple en date, c’est de sa bouche que sont sortis le noms des deux pays organisateurs des Coupe du Monde 2018 et 2022 (Russie et Qatar). Résultat ? Une tempête médiatique et un verdict fustigé par la majorité des amateurs du ballon rond. Il faut dire que depuis son élection à la présidence, les propos élogieux à son égard se mêlent aux critiques les plus acerbes. Sepp Blatter ne laisse personne indifférent, c’est certain, mais il continue de répondre avec aplomb aux différentes attaques dont lui et la FIFA sont victimes.

Même si on a pris l’habitude de le voir plus fréquemment en costard lors de cérémonies officielles que dans un stade de football, Sepp Blatter reste un amoureux de la balle et du beau jeu. Sur ce point, la voix de Jean-Paul Brigger se fait brillante à l’autre bout du fil : « Sepp Blatter est un vrai passionné de foot ! Il peut vous sortir à tout moment les résultats d’un match de 5ème ligue ou du championnat équatorien. Il se sert de cette passion pour faire passer ses idées. Pour lui, le foot c’est plus qu’un jeu. Le ballon peut faire changer le monde. » Un de ces objectifs est précisément de développer le football dans tous les pays du monde. On lui accorde notamment un grand rôle dans l’attribution de la dernière Coupe du Monde en Afrique du Sud. Le continent noir n’avait alors jamais eu la chance d’accueillir ce grand évènement. C’est également au nom de la mondialisation du football que Sepp Blatter justifie le choix du Qatar pour le Mondial 2022.

Le dépaysement chronique dont « souffre » le président de la FIFA à cause de ses voyages incessants aurait-il eu raison de son attachement à son Valais natal ? « Absolument pas ! », dément son collègue valaisan à la FIFA. « Sepp n’oublie jamais ses origines. Il lui arrive même d’en parler avec des dirigeants ignorant totalement l’existence du canton (rires) » Les Valaisans sont réputés pour leur attachement au canton, le fait d’être président de la FIFA ne change visiblement pas la donne… Sepp Blatter se plaît d’ailleurs à répéter qu’il a besoin de revenir fréquemment à Viège afin de retrouver sa famille et de se ressourcer. Des ressources, c’est ce dont il aura grandement besoin ces prochains jours afin d’affronter les soupçons de corruption qui planent sur sa fédération, car ces soupçons se font certitudes au fur et à mesure que les différentes enquêtes progressent. Cependant, Sepp en a vu d’autres et tout porte à croire qu’il surmontera cette nouvelle épreuve avec brio pour les uns, filouterie pour les autres…
R.C.
1*Selon une étude réalisée l’année passée par le très sérieux site sportbusiness.com

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