Le festival international du film fantastique de Neuchâtel permet aux cinéphiles de la région de découvrir un bon nombre de véritables pépites. Et ce n’est pas la projection de « Le Garçon et le Monde » qui prouvera le contraire. Photo : Massimo Greco
Lorsque les spectateurs entrent dans la salle, deux animateurs leur font face sur la scène. Il s’agit de des représentants de la lanterne magique, le célèbre club de cinéma pour enfant. Leur rôle ? Préparer les jeunes spectateurs aux flashbacks et autres subtilités narratives présentes dans l’œuvre qu’ils découvriront sous peu. Et peu importe si les grands n’en veulent pas : cet après-midi au temple du bas, les enfants sont en supériorité numérique. Mais une fois la projection débutée, un doute surgit dans le public, la toile affichant « Um filme de Alê Abreu : O Minino e o Mundo ». Pas de sous-titres. On retient son souffle, à la recherche de la première phrase pour savoir si oui ou non le film est en VO et si les sous-titres seront au moins présent pour aider les non lusophones. Mais cette première parole, le spectateur l’attendra jusqu’à la fin du film, car le Garçon et le Monde est un film n’ayant aucun (ou presque) dialogue parlé.
Ce dessin animé crée par Abreu de A à Z, est inspiré un peu de sa vie et un peu de celle de la plupart des Sud-Américains. Il raconte l’histoire d’un garçon heureux de vivre à la campagne. Seulement, son père doit partir pour la ville à bord d’un mystérieux train-chenille, afin de trouver du travail. Bouleversé par ce départ, le petit garçon ne cessera d’espérer le retour de son père. Arrivé à l’âge adulte le temps de quitter sa mère et de lui aussi partir pour la ville s’impose. Sans jamais quitter le bonnet que cette dernière lui offre, le jeune garçon va affronter les difficultés du monde : emplois pris par des robots, logement précaire, manifestants massacrés par l’armée. Tout au long du film d’animation, le parcours de l’industrie du coton est décrit, non sans critiques. Ainsi, après avoir suivi le malheureux parcours du jeune garçon dans les usines de coton, on retrouve le garçon désormais vieux, à la base de l’industrie. Devenu ramasseur de coton, il finit là aussi par être licencié, à cause de sa santé. Il ne reste alors au vieux garçon plus qu’à retourner chez lui, dans la maison où il a grandi. L’occasion de retrouver la boîte renfermant les plus beaux souvenir de sa tendre jeunesse.
Mêlant couleurs et sonorités d’une manière inédite, « Le Garçon et le Monde » est un film qui ne laisse pas indifférent. Grâce à son style enfantin et minimaliste (la finition des dessins n’est pas nette, l’arrière-plan se trouve être parfois un fond blanc), sa critique de la société se trouve être renforcée. Une société d’apparence qui abandonne la nature et même les hommes. Il suffit alors à Abreu de jeter à la figure du spectateur quelques plans réels de déforestation pour finir de dénoncer ce système qui appauvrit la plupart et n’enrichit que quelques privilégiés.
MaG