Le Centre de santé sexuelle de la Ville de Neuchâtel innove. Depuis le 1er juin, il propose des tests de dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST). Une mesure nécessaire. Chez les jeunes, certaines IST comme les chlamydias sont en forte recrudescence.
Photo : D.Enssle
Il est désormais possible de prendre rendez-vous au Centre de santé sexuelle ? planning familial ? à Neuchâtel pour un dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST) telles que chlamydia, gonorrhée, VIH, hépatites et syphilis. Les consultations sont confidentielles et gratuites. Pour les tests, une prise de sang au bout des doigts ou un prélèvement d’urine suffit. Quant aux prix, ils varient de 15 à 40 francs.
Conseils sur mesure
Quels avantages par rapport à un médecin ? Catherine Stangl, responsable du centre, explique qu’il est parfois délicat de parler de sexe avec son généraliste. D’autant plus que ce dernier n’est pas forcément préparé à répondre aux questions intimes. « Au Centre de santé sexuelle, nous sommes formés pour parler concrètement de sexualité. Lors des entretiens nous procédons à une évaluation individuelle. Par exemple, on demande si la personne a été vaccinée. En fonction de sa prise de risques, on lui recommande plusieurs tests, un seul, voire aucun ». Cette personnalisation du conseil permet un dépistage plus rationnel. Étant donné qu’un check-up complet s’avère rarement nécessaire, l’avantage est également économique.
Les IST encore d’actualité ?
Bien connue du grand public, le Sida n’est pas la maladie sexuellement transmissible la plus répandue, du moins en Suisse. Les chiffres sont en baisse depuis plusieurs années. Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), 519 nouveaux cas de VIH ont été diagnostiqués en 2014, soit 10% de moins qu’en 2013. Les très jeunes sont rarement touchés, le diagnostic est posé en moyenne à 37 ans. Au contraire, les chlamydias sont en pleine expansion. Ces infections bactériennes sont souvent asymptomatiques. Traitées grâce à des antibiotiques, elles peuvent provoquer une stérilité de l’homme ou la femme si elles ne sont pas diagnostiquées. Entre 2000 et 2014, leur nombre a quadruplé pour atteindre les 9681 cas. Et ça concerne qui ? Les femmes, qui représentent 70 % des personnes atteintes. Plus de la moitié d’entre elles contractent une chlamydiose entre 15 et 24 ans. Chez les hommes, le risque est plus élevé entre 25 et 34 ans.
Sensibiliser les jeunes
Au Centre de santé sexuelle, les moins de 20 ans représentent 60% des consultations. En collaborant avec l’éducation sexuelle, le service accueille aussi les élèves neuchâtelois en fin de scolarité obligatoire. Pour Catherine Stangl, ces visites de classes sont l’opportunité d’informer systématiquement les jeunes. « Cela permet aussi de montrer nos locaux. En passant le seuil une fois, c’est déjà plus familier », ajoute-t-elle. Moins âgés, donc moins informés ? Non, répond la cheffe du centre. « Qu’on soit plus ou moins jeune, les IST restent un sujet rébarbatif. Mais les élèves s’y intéressent facilement, surtout lorsqu’ils ont abordé le thème en cours de biologie ».
Ici, on peut en parler !
Interrogée sur les raisons de l’augmentation des IST chez les jeunes, Catherine Stangl répond : « Plus de relations sexuelles avec plus de partenaires, ça augmente les risques. Mais aussi chez les adultes ». La solution serait-elle de faire vœu de chasteté ? De manière plus réaliste, le Centre de santé sexuelle préfère informer et conseiller. « Il est important de rappeler qu’on ne guérit pas du VIH. Et qu’on peut éviter la transmission grâce au préservatif ». Selon la responsable, les tests doivent faire partie d’un travail plus global de sensibilisation. Violences sexuelles, contraception, grossesses sont d’autres thèmes abordés pas les quatre conseillères en poste. En plus du dépistage des IST, la pilule du lendemain et le test de grossesse sont proposés par ce service.
D.E.
Pour en savoir plus : Centre de Santé Sexuelle, Rue Saint-Maurice 4, 2000 Neuchâtel. Tarifs des tests IST et Contacts et horaires