Le Printemps littéraire a fait son retour en vieille ville de Bienne du 16 au 28 mai. Un atelier d’écriture ambulant a notamment été proposé lors de cette troisième édition. Les participants, guidés par le Détachement International du Muerto Coco, un duo marseillais d’auteurs-performeurs, ont ainsi crée le poème sonore « Ici, Bienne ».
Photo : Web
Théâtre de Poche, dimanche 22 mai, 18 heures. Une douzaine de spectateurs sont au rendez-vous pour assister aux Lectures [z]électroniques du Détachement International du Muerto Coco. La performance sera précédée de la diffusion du poème sonore « Ici, Bienne ». Retour sur sa création.
La veille, quinze participants ont exploré Bienne à l’affût des sons, des événements ordinaires, des détails imperceptibles. L’unique consigne de cet atelier d’écriture : les phrases doivent commencer par « Ici,… ». Toutes les vingt minutes, les apprentis-poètes se sont regroupés pour lire à voix haute leurs observations. De la vieille ville à la gare, jusqu’aux rives du lac, tout a été enregistré. En fin de parcours, la matière sonore brute a été retravaillée pour créer « Ici, Bienne ».
A la tête de ce projet on retrouve le Détachement International du Muerto Coco. Ce collectif marseillais a été créé en 2012 par Raphaëlle Bouvier, auteure et comédienne, et Maxime Potard, comédien et performeur. Pourquoi ces balades-ateliers ? Principalement l’envie de créer de la poésie qui sort de l’ordinaire. Des rencontres aussi. Ils ont déjà trois étapes similaires au compteur : Marseille, Vitrolles et Viry-Chatillon. La Suisse, c’est une première. « On est arrivés hier soir. Pour le moment, j’observe de manière très basique et éphémère », confie Maxime Potard.
Le résultat final est à l’image de Bienne : « Ici, on parle français. Ici, on parle suisse-allemand. Ici, on parle d’autres langues encore ». On entend une cloche, un piano, un téléphone. Une participante explique à Raphaëlle qu’ici, c’est une ville ouvrière. Pas de financiers, pas de gens stressés. On passe par la Coupole, haut lieu de la culture alternative : « un espace de liberté, de partage, de solidarité, depuis toujours et pour toujours ». Sur la place Guisan, un évangéliste italophone côtoie une militante pour le RBI. Raphaëlle découvre qu’ici, on peut acheter des seringues pour un franc. On évoque des sujets plus légers, comme ces deux tournesols plantés au milieu d’une place pavée.
Dans la cave voûtée du théâtre de Poche, le public voyage les oreilles grandes ouvertes. Ces onze minutes de bande-son invitent à (re)découvrir Bienne. Certains la connaissent déjà bien, comme cette dame au quatrième rang : « on reconnaît même certaines personnes qui parlent ». Ce poème sonore permet aussi de poser un regard extérieur sur la ville, celui de deux artistes français. Il est bienveillant, drôle, parfois critique. Le duo de comédiens a été particulièrement marqué par le mélange de langues et les ambiances hétéroclites des différents quartiers. Maxime termine le poème par « tant de charme », quelques mots qui capturent l’essence de Bienne.
Pour en savoir plus sur le Détachement International du Muerto Coco.
D.E.