Les souvenirs selon Montreux

La réputation du Montreux Jazz n’est plus à faire ; cette année, en plus d’accueillir les grands noms de la musique, il rendit hommage à une des plus grandes figures du flamenco qui aie existé : Paco de Lucia. Son fidèle groupe tenta d’aller « Beyond the Memories », de continuer à jouer même après sa mort survenue l’année dernière. Bref survol sur sa vie, ses influences et les traces laissées par ce concert.

Photo: Web.

Ce guitariste hors-pair né à Algésiras en 1947 dans une famille pauvre qui doit le retirer de l’école à neuf ans ; excellente nouvelle pour sa carrière car il aura désormais plus de temps à consacrer à la guitare. Ses journées passées à jouer dans les rues lui apprennent beaucoup selon lui, si bien qu’il sort son premier disque à l’âge de quatorze-ans en duo avec son frère, au chant. Sa famille est derriere lui car ils sont tous musiciens. Il avait donc tout pour devenir un grand guitariste, et il l’est devenu. La preuve ? En 2012, la délégation espagnole offre même à Michael Jackson une de ses guitares !

Toute sa carrière ne fut que musique. Cameron de la Isla, symbole du chant flamenco, joue avec lui pendant de nombreuses années, duo faisant autorité encore aujourd’hui dans la communauté. Plus tard, ne tenant pas en place dans ce genre du flamenco classique, Paco l’élargit, l’étend, et ce jusqu’à créer une nouvelle ère à ce style de moins en moins andalou. Du jazz il ramène l’art de l’improvisation ; il rencontre Chick Corea, Larry Coryell et forme un trio avec John McLaughlin et Al Di Meola, tous de (très) grands jazzmen. Puis, les rythmes particuliers du flamenco se teintent de percussions africaines tels les congos par exemple, totalement inconnus en Espagne à l’époque, tout comme le cajón… Et oui, cet instrument désormais incontournable dans le flamenco a été rapporté du Pérou par un des musiciens de Paco, Rubem Dantas.

« Jamais deux sans trois »

Le Montreux Jazz avait déjà fait venir Paco de Lucia à deux reprises. Son groupe se chargea donc la troisième et de lui rendre hommage une dernière fois ce samedi 18 juillet dans le légendaire auditorium Stravinski.

Le danseur du groupe, Joaquin Grilo, ouvre le bal avec ses chaussures aux talons si musicaux. La musique qui l’accompagne est celle de Paco de Lucia, mais c’est un enregistrement… Début de concert original mais la question est là : Comment surprendre le publique et faire revivre la passion que mettait dans nos cœurs ce maître de la guitare, mais sans celui-ci ? Ses musiciens ont beau eu tapé du pied, des mains, joué de toute leur ardeur mais qui, qui pouvait combler le vide laissé par Paco?

Dès les premières notes du groupe, le virtuose manquait bien à l’appel, comme prévu dirons-nous. Ce n’était pas la guitare du timide José Maria Bandera ou du jeune Antonio Palomo qui pouvait oser jouer du Paco, cet inimitable guitariste. Le voulaient-ils d’ailleurs? L’ensemble des dix musiciens semblait plutôt offrir et montrer un esprit soudé, une émotion touchante. Ils connaissaient quasiment tous Paco depuis longtemps, et la bonne ambiance qui régnait dans leur demi-cercle donnait l’envie de les rejoindre sur la scène. Le public frappait des mains comme il pouvait, au grand dam parfois des rythmes complexes du flamenco.

Tout de même, entre ce concert-hommage et les Wailers jouant sans Bob Marley, le niveau de jeu des membres du groupe exacerbé par les nombreux « solos » donnaient à voyager ; la flûte traversière de Jorge Pardo laissait entrevoir les villages paisibles d’Espagne, le cajón de Rubem Bantas rappelait parfois un djembe enflammé. En bref, la technique musicale était bien présente au rendez-vous, et l’émotion surtout. Cette dernière s’était faite critiquée lors du dernier passage en 2012 de Paco. Peut-être est-ce cela, au mieux, ce que peut apporter un hommage à un artiste.

Germain Kuszli, Neuchâtel, L’Article.ch

Pour voir la vidéo de Michael Jackson recevant la guitare : [youtube]https://www.youtube.com/watch?v=_oXpVM-Fpcs[/youtube]

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