Le premier Mai 2015, à Paris, des journalistes du Petit Journal ont été agressés par des militants du Front National. Retour sur cette scène qui a fait grand bruit médiatique.
Paris. Premier Mai. Défilé du Front National à l’occasion de la manifestation “Jour de Colère” organisée traditionnellement ce Dimanche. Des journalistes du Petit Journal pour la chaîne française Canal+ sont présents, ainsi que d’autres médias. La présence de la presse est tolérée, mais nullement appreciée. Rapidement, c’est l’altercation, le député Bruno Gollnisch s’en prend à la caméra d’un journaliste et la détruit, tout en le traitant d’espion. Celui-ci est alors exfiltré du défilé par la sécurité. Par la suite, d’autres journalistes sont pris à partie, parfois même frappés par des manifestants. Immédiatement l’affaire devient virale : les images tournent sur la toile, les réactions se multiplient et l’épisode fait le buzz. Sur Internet le lien est fait avec la prétendue “haine” des militants du Front National envers les journalistes du Petit Journal. Une explication qui ne plaît pas à tout le monde. Et les critiques de pleuvoir sur l’évènement.
Au final, plus de peur que de mal, des tweets et des brèves le constatent. Mais la rancune est bien là, et surtout, l’incompréhension. Des internautes font appel à la liberté de la presse et dénoncent le parti du Front National. D’autres se positionnent à l’inverse et sanctionnent le manque d’ontologie et du respect de la vie privée de la part des journalistes. Bruno Gollnisch, quant à lui, assume son acte par ce tweet : “Les provocateurs de Canal+ pratiquent le micro-perche espion. Après 30 mn., j’ai détruit l’espion. Petite leçon gratuite de déontologie…”, posté juste après l’altercation. La viralité d’Internet fait encore une fois effet, l’information se divulgue à grande vitesse, et Yann Barthès (présentateur de l’émission) revient sur l’affaire le soir même lors de l’édition du Petit Journal. Néanmoins, aucune plainte n’est à ce jour déposée. Il en va de même pour des journalistes de la chaîne France5, de l’émission C à vous, également agressés..
L’actualité n’est pas sans rappeler les évènements de la campagne présidentielle française de 2012, durant laquelle plusieurs agressions contre des journalistes par des membres du parti de l’UMP ont été relevées. Nicolas Sarkozy, candidat du parti, avait dénoncé ces actes tout en mesurant ses propos : “je souhaite que chacun comprenne l’attitude des gens qui sont exaspérés par une forme d’intolérance et de parti pris de la part des journalistes”.
La politique a toujours été un terrain de travail extrêmement riche pour les médias, par ailleurs elle a également une certaine image à tenir et non pas à ternir, d’où des rapports problématiques avec certains journaux politiquement dirigés. Néanmoins il y a dénonciations d’une part, et agressions d’autre part. Une présence journalistique, pourtant indispensable à la circulation de l’information, doit-elle entraîner un lynchage public ainsi que des insultes délibérément lancées ?
Un climat tendu qui n’aide pas à la modération des propos et des préjugés liés à un parti ou une profession. En effet, les agressions (en tout cas physiques) restent rares. Et ne font l’actualité que quelques jours. Il est toutefois certain que le climat politique est sondé à la loupe, les élections futures se feront sous le joug des journalistes, comme elles le sont toujours. Mais agrémentées d’une part de peur cette fois ? Et quels aspects resteront cachées à l’information et au grand public ? Réponse en 2017.
NoAn.