Le Caprices s’est terminé hier après quatre jours de festival dans la station de Crans-Montana. Cette 12e édition concrétise le tournant électronique voulu par ses organisateurs. Avec 28 000 visiteurs, le millésime 2015 semble confirmer que le Caprices a trouvé son public.
Photo: Vincent Jacquat
Résolument électro et urbain, la programme de cette année faisait la part belle aux grands noms de la musique minimaliste internationale. Perché à 2200 mètres d’altitude, la bulle de plexiglas du Modernity accueillait le chilien Ricardo Villalobos (le « premier vrai génie techno du XXIe siècle »), DJ Tennis ou encore Sven Väth et sa tech house underground. Quelques centaines de mètres plus bas, le Moon avait tout autant de quoi faire s’envoler les fans de house. Deep Dish, Chris Liebing ou encore Solomun se sont succédés dans les nouveaux locaux « en dur » du festival qui ouvrait pour le premier soir avec des artistes plus mainstream : Ayo, C2C, Doo Good. Concession ou prise de risque modérée ? Les organisateurs parlent plutôt d’un « brassage musical fédérateur » et tirent un bilan positif de cette édition 2015 qui aura drainé 28 000 festivaliers en station. Une belle performance en soi.
Rien n’était gagné pourtant. L’édition 2013 du festival avait voulu attirer un public plus large en tablant sur des têtes d’affiches prestigieuses et une durée allongée à 9 jours. Un échec accablant pour un festival qui perd de l’argent comme le rappelle Daniel Salzmann, président de la Fondation Caprices qui finance l’évènement. Douche froide pour le Caprices qui rêvait déjà de trois semaines de concerts et de 70 000 visiteurs. La meilleure défense n’est pas toujours l’attaque et la stratégie d’enneigement artificiel massif qui semble réussir à Salzmann sur les pistes (il possède en partie les remontées mécaniques de Cran-Montana) ne se sera pas bien transposée au monde du spectacle.
Cette année décevante est un tournant. Le Festival se réinvente en 2014 et amorce son tournant électro, en parfaite opposition avec le Zermatt Unplugged. L’autre grand festival valaisan a justement grandit ces dernières années en proposant une offre tout public et en pariant sur l’augmentation du nombre de spectateurs. Volonté également de renouer avec le côté festif en développant son offre gratuite. Le festival envahit les rues de la station et intègre des fanfares locales. Soulagement, le Caprices reçoit le prix Swiss Nightlife Award du meilleur festival 2014.
Ce succès semble se confirmer cette année. Maxime Léonard, directeur du Festival est satisfait. Alors qu’aucune des soirées du Moon n’affichait complet, l’affluence aux caisses a été bonne et le premier bilan serait « très positif », même si les organisateurs restent pour l’instant discrets sur les retombées économiques de l’aventure. Le Caprices a-t-il trouvé son credo ? Les premiers signes sont encourageants. Si le succès au Moon reste incertain, le Modernity s’affirme comme une référence pour les amateurs de vibrations en haute altitude. On ne peut que se réjouir de ce parti pris pour la qualité et ce recentrage bienvenu qui nous confirme que le Caprices Festival est bien un évènement culturel de premier plan, et pas uniquement un moyen d’allonger une saison touristique qui se rétrécit au rythme des glaciers valaisans.VJ