Stromae donne une leçon : Carmen, édition 2015

Stromae a fait chanter l’oiseau de Twitter dans son dernier clip Carmen pour dénoncer le réseau social et la prise au piège de ses utilisateurs. Le chanteur belge a coréalisé son chef d’œuvre animé aux côtés du dessinateur et scénariste de bande dessinée Sylvain Chomet et du rappeur français Orelsan. Les traits sont agressifs et les paroles d’une simplicité percutante. Assez pour faire le buzz ? Décryptage. Photo : web

Carmen 2015, c’est une mise en garde contre l’addiction aux réseaux sociaux, voire le constat tardif d’un retour en arrière impossible. Auteur du titre mondialement connu Alors on danse (2010), l’auteur-compositeur belge Stromae s’attaque avec ce nouveau morceau tiré de son second album Racine carré (2013) au géant Twitter. Histoire probablement de tirer le bilan d’une société où les followers ont remplacé les potes, et où le plat du jour est devenu symbole du soi.

Belle métaphore d’une société (hyper)consommatrice

Sur l’air reconnaissable entre tous, même remasterisé, de l’opéra-comique Carmen signé Georges Bizet (1875), le petit oiseau bleu ne quitte pas d’une semelle le chanteur et engloutit repas et selfies, son opulence menaçant toutes limites. L’image laisse perplexe : la surconsommation est-elle encore d’actualité ? Le préfixe ne semble en effet plus de taille. Même l’amour et autres sentiments passent au second rang, le volatile aux plumes hérissées omniprésent jusque dans la chambre à coucher. Et la métaphore se file. C’en est presque un rituel sacrificiel des utilisateurs de Twitter – Barack Obama, la reine d’Angleterre et Lady Gaga y compris – tous dévorés et déféqués par le monstre bleu aux crocs acérés. Un smartphone à la main en signe de victoire, le chanteur n’y échappe pas. L’ironie est effrayante.

Excellente leçon de buzz par le maestro belge

A l’ère du post-internet, difficile de boycotter l’utilisation des réseaux sociaux. Après la sortie du clip, Stromae s’est créé un compte Instagram, Sylvain Chomet au crayon. 14 vignettes pour une satyre ingénieuse du culte de la personnalité. Voilà comment il prouve, en grandes pompes qui plus est, que l’arme maîtresse de la provocation aujourd’hui n’est plus la vulgarité. Sa fibre artistique et son bon sens le mènent au sommet, sa vidéo Youtube ayant dépassé les 7 millions de vue 48h seulement après sa publication.

Depuis hier déjà, l’art et la musique véhiculent des messages politiques. Sur une même lancée, Stromae se démarque : il parle simplement, varie les supports visuels et y intègre le sous-titrage anglais. Maîtrisant son insolence, il crache la vérité de notre société à la face du monde. Son coup de génie ? Il sait rester poli.

 C.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=UKftOH54iNU[/youtube]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *