La Suisse dans l’initiative d’Ecopop : colonialiste ou colonisée ?

Migr’action s’oppose à l’initiative « Halte à la surpopulation – oui à la préservation durable des ressources naturelles », lui octroyant une vision paternaliste et néo-coloniale sur la question de la planification familiale volontaire. Réactions de Dominique Baettig, ancien conseiller national UDC favorable à l’initiative.

Photo : web

L’heure du jugement dernier approche à grands pas, et avec lui, le moment pour le peuple suisse de décider s’il survivra ou non au cataclysme de l’immigration. Il reste moins d’une semaine pour trancher sur l’initiative d’Ecopop. Pour les retardataires, voici un échantillon de débat qui vous fera peut-être hésiter une demie seconde de plus (qui sait ?) avant de cocher la case chère à votre cœur et de, plus tard, ne pas oublier d’envoyer l’enveloppe.

Migr’action, une association d’étudiants de l’Université de Neuchâtel qui crée des projets autour des questions liées à la migration, a rédigé un argumentaire dans lequel elle invite à voter « non » à l’initiative. Larticle.ch a rencontré ses membres. Du côté des partisans, Dominique Baettig, ancien conseiller national jurassien UDC et psychiatre, soutient fermement la démarche d’Ecopop, malgré l’opposition de son parti au niveau fédéral. « J’ai une sensibilité plus populiste, je refuse d’adhérer aux théories abstraites des Lois du Marché », se défend-il, en référence aux arguments des opposants UDC, principalement économiques. Larticle.ch l’a contacté pour entendre ses réactions, notamment au sujet de la planification familiale volontaire.

Pour rappel, l’un des objets de l’initiative d’Ecopop est l’augmentation de 10 % du budget suisse pour l’aide au développement au domaine de la planification familiale volontaire. Ce domaine comprend l’ensemble des moyens qui permettent de contrôler les naissances et de donner le choix d’avoir un enfant, comme la sensibilisation ou la prescription de moyens contraceptifs. Ces pratiques chez nous usuelles ne sont pas répandues partout dans le monde. Outre la question démographique, les arguments du comité d’initiants s’appuient sur l’intuition morale que de nombreuses femmes dans les pays du Sud [ndlr : anciens pays colonisés et à faible PIB] devraient pouvoir également choisir d’avoir un enfant, au nom des droits fondamentaux et de la liberté de la femme.

Arguments de Migr’action

Pour l’association, cette « générosité » relève d’une vision paternaliste, néo-coloniale, car, sous couvert de protection désintéressée, elle impose une domination. Elle est fondée sur la conviction que « les pays du Nord doivent aider les pays du Sud dans leur “avancement vers le progrès” en leur apprenant “comment il faut faire les choses” », écrivent les étudiants dans leur argumentaire.

Or, les usages occidentaux ne sont pas forcément adaptés ailleurs. « On pense ici que la pilule est une bonne chose, mais ce n’est pas le cas dans toutes les cultures », souligne Tosca, étudiante en migration. Selon elle, l’initiative néglige les réalités de vie des personnes dans les pays du Sud. « Les études effectuées sur les mesures de planification familiale prouvent que l’efficacité de celles-ci repose sur de nombreux facteurs dépendant du contexte social, politique, économique et culturel qui demanderaient d’être étudiés au préalable », poursuivent les membres de l’association. Une camarade de cours de Tosca, Aline, s’hérisse : « On ne sait pas concrètement comment ils vont faire pour que les femmes prennent ce « truc chimique » ! Ailleurs, les contraintes pratiques sont différentes : l’eau potable, la conservation, la notion du temps, tout change ».

Réactions de Dominique Baettig

Adepte du modèle malthusien, l’ancien conseiller national soutient face à ces arguments que la planification familiale volontaire a fait ses preuves en Europe, en Asie (notamment en Chine) et, par conséquent, qu’elle est un outil adéquat pour contrôler les naissances dans les pays du Sud. « C’est quelque chose qui se fait déjà dans le cadre de l’aide au développement, il n’y a rien de choquant », rassure-t-il. Quant au terme « néo-colonial », il le récuse absolument : « Il s’agit de la phraséologie classique de la gauche bien-pensante qui empêche le peuple de donner son avis à travers la culpabilisation ». Et le psychiatre de continuer : « Ecopop prévoit d’organiser des campagnes de sensibilisation, non pas de forcer les gens ».

Au contraire, pour Dominique Baettig on peut, avec l’immigration massive d’aujourd’hui, parler de la « colonisation » de certains pays d’Europe. « Les « colons » sont ceux qui quittent leur terre pour s’installer ailleurs », définit-il posément. Un terme « totalement illégitime » pour Aline qui réagit à son tour. Selon elle, la « colonisation » définit un système où un peuple, qui s’approprie les terres, les ressources d’un autre peuple, contrôle les échanges et la vie de la population colonisée selon ses propres règles et modes de fonctionnement. « Il n’y a dans aucun cas cette volonté dans la venue de personnes immigrantes en Europe », déclare-t-elle, se référant aux personnes concernées par l’asile, le regroupement familial et la migration de travail « dans des pays où l’offre de travail est grande. »

L.C.

Une réponse à « La Suisse dans l’initiative d’Ecopop : colonialiste ou colonisée ? »

  1. Je propose de renvoyer en dehors du pays tous les racistes, ça freinera l’augmentation de la population comme ça. Je vote non à ecopoq.

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