«2064» , le monde de demain ?

La radio suisse romande était résolument tournée vers le futur en ce mois d’août 2014. Durant 4 semaines, du 28 juillet au 22 août, elle a présenté 20 épisodes d’une radio-fiction intitulée « 2064 ». L’occasion de marquer les 50 ans de l’Exposition nationale de 1964 mais surtout d’imaginer à quoi ressemblera le monde en 2064.

Photo : Web

Les auditeurs de La 1ère ont pu vivre des excursions, certes fictionnelles, au cœur d’une Europe bien différente de celle qu’ils connaissent. A travers le traitement de thèmes variés, plusieurs facettes de cette époque imaginée ont été dévoilées. Il en résulte une description dans laquelle les informations oscillent entre emprunts à la réalité et inventions pures. Petit tour d’horizon.

La fièvre de 44

Si l’Europe de 2014 affiche un bilan sanitaire plutôt positif, cela n’est plus le cas en 2064. Vingt ans auparavant, en 2044, une maladie baptisée par la suite « fièvre de 44 », a décimé la population du continent en faisant 532 millions de morts. En Suisse, on dénombre   plus de 200 morts par jour. D’origine inconnue, elle a forcé les Européens à vivre en quarantaine, et de ce fait, à changer de manière assez radicale leurs modes de vie. En 2064, aucun antidote ou vaccin n’a encore été trouvé pour combattre la maladie. L’accent est alors porté sur des mesures menant à un « enfermement » par rapport au monde extérieur. En Suisse, l’Office fédéral de la santé et de l’hygiène (OFSH) a édicté des directives allant dans ce sens : incitation à rester chez soi et obligation de porter des combinaisons lors des sorties à l’extérieur. La vie intime est également touchée : la sexualité se pratique désormais de manière individuelle (endosexualité). Les rapports physiques (exosexualité) sont interdits par les autorités et ils n’entrent plus dans le processus de reproduction, ce dernier étant devenu artificiel.

L’humanité augmentée

Au fil des décennies, les technologies prennent une place prépondérante dans les domaines inhérents à la santé. En 2024, les citoyens suisses adoptent une loi supranationale portant sur l’inoculation de nanoparticules mobiles dans l’organisme. Chargés d’analyser différents paramètres biologiques et d’agir sur d’éventuelles pathologies, ces bio-implants remplacent les capteurs en tous genre qui permettaient l’autodiagnostique (ou quantified self) en 2014. La possibilité de créer des organes de synthèse par un procédé facilité évite d’avoir à réaliser des greffes. Les coûts liés à la santé en sont réduits et les « caisses maladies » ne sont plus que des « antiquités ».

La technologie est également utilisée dans la communication et la réalité augmentée. La machine et l’humain sont de plus en plus proches. La véritable révolution provient de « l’implant cortex » placé dans le cerveau. Il contient les données personnelles de l’individu et lui permet de recevoir des informations de manière plus directe. Mais certains chercheurs vont encore plus loin et proposent la création d’un clone numérique sensé poursuivre sa vie de manière autonome.

La nouvelle citoyenneté

La politique gouvernementale de la Suisse se modifie suite à ces avancées technologiques. La Chancellerie fédérale n’emploie plus seulement des personnes physiques mais également des hologrammes interagissant avec les humains. La démocratie électronique ou continue permet de solliciter directement l’avis des citoyens sur divers sujets tout en accélérant les prises de décision. Cela est d’autant plus nécessaire que les parlements, auparavant présents dans chaque canton, n’existent plus depuis 2030. Etre citoyen en Suisse, c’est également se trouver dans l’obligation d’effectuer plusieurs fois par année des dons du sang au risque d’encourir des sanctions et de ne pas pouvoir voter. Suite aux événements de 2044, le sang est en effet devenu une matière première indispensable pour l’industrie suisse (énergie, recherche, etc.) dont les relations commerciales avec le reste du monde ont été perturbées.

« Le grand enfermement »

En Suisse, la plupart des 10 millions de survivants de la fièvre mortelle vivent reclus dans des habitations conçues dans ce but et munies de tout confort. Ils sortent peu de chez eux et évitent les lieux de fête, prohibés. Les technologies telles que l’imprimante 3D leur permettent de renouveler leur garde-robe. L’industrie alimentaire parvient quant à elle à nourrir l’ensemble de la population grâce à des produits issus de molécules végétales, la viande se faisant plus rare et la pêche ayant été interdite en 2052. En dépit des risques de contamination, une partie de la population réside en autarcie dans des havres religieux de tradition évangélique-catholique. Le christianisme trouve d’ailleurs un regain d’intérêt en Europe. Les croyants européens ne pouvant plus se déplacer physiquement, c’est l’Eglise qui vient à eux grâce à la mise en place de la téléportation de l’hostie lors de la communion catholique célébrée par le Pape depuis l’Afrique. La fermeture des frontières helvétiques rend l’émigration de nombreux Suisses difficile. Certains d’entre eux parviennent toutefois à rejoindre le Nigéria, nouvel eldorado mondial, avant de s’y faire expulser.

Bientôt la vie sur Mars

Le continent européen est le seul à avoir été touché par la fièvre en 2044. C’est pourquoi toutes les manifestations culturelles et sportives importantes n’ont plus lieu en Europe. Le festival de Cannes, qui en est à sa 117e édition, n’est plus que l’ombre de lui-même et se déroule désormais online. Par ailleurs, les conséquences du réchauffement climatique ne permettent plus d’organiser des compétitions de ski alpin à moins de 7900 mètres d’altitude. Les grandes innovations se passent également hors d’Europe. Ainsi, la ville de New York est devenue une cité agricole autosuffisante en produisant ses fruits et ses légumes et en transformant ses longues avenues en culture de plantes servant à produire de l’énergie. En 2064, les ingénieurs préparent leur projet d’installer des êtres humains sur la planète Mars. De même, les moyens de transport évoluent et les dirigeables reviennent à la mode.

Si les événements présentés ici ne sont que fictionnels, ils nous interrogent toutefois sur nos modes de vie actuels, notre rapport à la nature, à nous-même et à autrui. Et nous montrent que l’avenir se construit dès à présent. M.Ch.

Pour en savoir plus : http://www.rts.ch/services/recherche/?q=2064

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