Laurent Nicolet est revenu sur scène pour présenter son nouveau spectacle au théâtre du Passage du 18 au 23 Mars. Coup d’oeil sur ses nombreux amis virtuels et son humour bien trempé.
Photo: Reto Jungkind
Écrit en 2012 en collaboration avec Jean-Alexandre Blanchet (metteur en scène), Laurent Nicolet revient sur les planches avec “J’ai trop d’amis”. One-man show enjoué qui dresse le portrait de quelques dizaines de personnages… Réels ou imaginaires.
Après “Le silence des Helvètes” ou encore “Confédération Hermétique”, le voilà de retour pour faire rire la Suisse romande.
Le comédien genevois s’est fait connaître par le grand public avec son personnage Hans-Peter Zweifel, fonctionnaire tiré à quatre épingles qu’il incarnait dans l’émission “ça cartonne” à la Télévision suisse romande. D’autres expériences humoristiques lui ont valu un certain succès régional, notamment sa participation aux matinales de OneFm et, de 2002 à 2011, sa participation dominicale à l’émission “La Soupe” de la Radio suisse romande.
Depuis près de 15 ans il amuse et s’amuse des suisses. Légèrement moqueur, un peu satirique mais surtout avec un énorme sens de la dérision.
De noir vêtu, Laurent Nicolet s’empare seul de la scène avec son Mac aux couleurs de… la Suisse (vous l’auriez deviné). Blanc sur rouge, les premiers rires fusent rapidement, après la première d’une longue série de notifications Facebook qui résonne dans la salle. Le public fait alors connaissance avec ses innombrables amis virtuels, au cœur de l’ère numérique, reflet de la course à la “célébrité” et aux “j’aime”, en blanc sur bleu cette fois.
Il faut dire que le comédien en a des amis, à la pelle et en pagaille. Et la pioche est bonne, le public rencontre à tour de rôle un ado’ désabusé, un UDC gay, un retraité des CFF, un assureur prêt à tout assurer, un pur-suisse en visite professionnelle parisienne. Autant de personnages au caractère bien trempé qui viennent appuyer les piques et les vannes de Laurent Nicolet tout au long de ces quatre-vingt minutes déjantées.
Mini-sketchs appuyés par des “célébrités” locales telles que Lolita Morena (bimbo d’un autre siècle), Darius Rochebin ou Oskar Freisinger qui pimentent le ton piquant de Nicolet. Mais aussi par des personnalités plus universelles. C’est ainsi que Dieu, Lady Gaga, Obama et Michael Jackson se retrouvent dans le carnet d’amis du Genevois. Et oui, Dieu tchate bien sur Facebook !
Le comédien vient chatouiller là où ça fait rire, pointant du doigt les caractéristiques et stéréotypes propres à la Suisse: neutralité, pointillisme, ponctualité, divergences cantonales et accents. Mais il touche aussi à des sujets plus épineux avec tout autant d’humour… La politique, les lois de votation, l’assurance maladie, l’homosexualité, le secret bancaire ou encore les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes âgées.
Parfois, dans la salle, on rit jaune face aux problématiques qui sont des réalités malgré l’humour (et oui, même en Suisse).
Laurent Nicolet l’a bien compris et joue sans cesse aux limites du “politiquement correct”, avec habilité et savoir-faire.
En somme, un spectacle bien mené, qui fait du bien aux zygomatiques malgré quelques rares longueurs.
Ce ballet hétérogène d’amis virtuels en masse plaît au public, tout autant hétéroclite.
“J’ai trop d’amis” est à l’image de l’humour suisse: décalé, décadent et moqueur; doublé d’un fond de vérité qui fait réfléchir.
Laurent Nicolet achève son show par un “Gen’vois staïle” (qu’on ne présente plus) divertissant mais pas indispensable.
C’est son neveu virtuel qui aura le dernier mot à propos du drapeau suisse: un pansement selon lui, parce que “depuis longtemps la Suisse s’est coupée du reste du Monde”.
NoAn