Chaque année, les buzz internet semblent se suivre les uns après autres; et en avril, ceux-ci sont d’autant plus propices! Si la plupart ne se ressemblent pas, ils nous démontrent bien l’ampleur et la puissance de l’interconnectivité et du bouche à oreille à l’ère du web. Brève analyse d’un tel phénomène.
Photo : The Official Home of Planking.
Qui n’a jamais rêvé de devenir célèbre en un clic? Avec la technologie d’aujourd’hui, on le sait tous, c’est aujourd’hui possible. Sur Youtube, près de 48 heures de vidéos sont téléchargées chaque minute. Parmi les utilisateurs de la plateforme, on se demande, qui détiendra la prochaine perle d’or? En 2011, on a vu apparaître la mode du « planking » ; une activité qui consiste à adopter la position la plus raide possible dans des endroits publics, avant de se prendre en photo. En 2012, c’est la vidéo du Gangnam Style, encore considérée comme la vidéo la plus regardée et imitée du net, qui a fait fureur, suivi de près par le buzz du Harlem Shake, cette danse loufoque qui a fait tournée mondiale. Récemment, ce sont les vidéos du « whaling », reprenant l’idée du « planking » citée plus haut, qui déferlent sur la plateforme et les réseaux sociaux: celles-ci consistent à se filmer en imitant le saut d’une baleine. On en vient donc à se demander: un buzz internet, comment et pourquoi ça marche?
Pourquoi ça marche?
Jerôme Bruner, célèbre psychologue, a réalisé une grande partie de ses travaux sur la « capacité de récit » propre à l’humain; cette capacité que nous avons à raconter notre vie et à nous raconter des histoires. Le buzz illustre bel et bien ce concept. Alors qu’auparavant, nous étions passifs spectateurs, nous pouvons désormais, à l’ère d’internet, nous joindre au mouvement, devenir nous-mêmes narrateurs. Permettant ainsi aux individus de prendre part à ces histoires insolites, le buzz inspire et se transmet ainsi, le long de la trame du web, répété, copié, téléchargé, parmi les différentes communautés et plateformes virtuelles, qui participent à ce mouvement unique de créativité. La clé? L’instantané pour un coût et un effort moindre.
Comment ça marche? – Trois concepts-clés
Comme une majorité des médias, le buzz se base sur un appât émotionnel. La règle d’or? Primer sur les émotions, plutôt que sur le message, qui s’efface peu à peu derrière le sentiment et la surprise que la vidéo génère chez son spectateur. L’unicité, l’imprévisibilité, et la contenance émotionnelle incorporée à une vidéo seraient les trois éléments magiques qui permettraient à certaines d’entre elles de créer « le buzz ». Viser ce qui génère de la colère, du dégoût, du rire ou de l’attendrissement chez l’individu serait donc ticket gagnant. Dans différents articles, les auteurs évoquent l’importance du titre, de la longueur, du style de la vidéo, ainsi que l’évaluation du public cible et les possibles méthodes de diffusion. Mais pour les débutants, les trois mots-clés cités plus haut seraient donc ceux à retenir. Certaines études l’ont d’ailleurs confirmé: les vidéos générant un fort et positif éveil émotionnel chez leur audience ont été partagées un nombre plus élevé de fois que les autres. Ainsi, il faudrait ainsi se focaliser plutôt sur l’aspect émotionnel que créatif, lorsque l’on cherche à créer un buzz. Enfin, on cite comme ingrédient final, les « créateurs de tendance », ces célébrités qui, grâce aux réseaux sociaux, partagent leurs trouvailles sur le net. En un clic – ou tweet – ils peuvent engendrer une extrême propagation d’un buzz. En présentant leurs nouvelles découvertes, ils offrent donc à ces « narrateurs newbies » un élargissement de leurs audiences, parfois retentissant.
Le buzz: un business
Vous l’aurez donc compris, bon nombre de choses se cachent derrière les buzz du net. Comme il avait été révélé l’an passé, le buzz du Gangnam Style n’était en réalité, pour son auteur, loin d’être une surprise, subtilement élaboré par une fine combinaison de recherches et de stratégie marketing. Nombreux sont d’ailleurs les articles florissant sur le net, expliquant la minutie qui se cache derrière ces « buzz magiques »: avec ces règles d’or, rien ne semble en fait avoir été laissé à la chance. Le buzz semble même devenir un business. Analysé par des professionnels du marketing, ce phénomène est repris, déconstruit et adapté, alimenté par diverses études en psychologie et sciences humaines. Il a notamment donné naissance au « marketing viral », un procédé qui consiste à donner aux consommateurs les moyens de parler d’un produit, via les réseaux sociaux notamment, et d’instaurer une conversation. Ainsi, les utilisateurs pourraient partager leurs expériences et véhiculer un message positif pour la marque choisie.
Le divertissement du futur
Malgré l’avancée fulgurante de la technologie qui souvent effraie les plus vieilles générations, les gens répondent aux réseaux sociaux et à internet de la même manière qu’ils l’ont fait avec la radio, la télévision et tout autre forme d’avancée technologique. Ces buzz vidéos constituent désormais une nouvelle sorte de média et de culture: aujourd’hui, tout le monde détient l’accès à cette culture et a la possibilité de définir les normes de popularité. A cette nouvelle ère, la propriété de la créativité et des idées, le sort d’un artiste ou la notion de divertissement ne tient donc plus dans les mains des grandes industries, mais bien dans celles de l’individu! Par son adhérence à un mouvement de participation et de créativité collective, le buzz internet a ainsi dépassé le caractère individuel des technologies du 20e siècle. Mais maintenant, à quel prix?
cGa